Ce 20 janvier 2023, l’Ouganda a accordé une licence à la coentreprise EACOP (détenue aux deux-tiers par TotalEnergies) pour construire l’oléoduc qui doit traverser le pays et la Tanzanie, malgré les critiques virulentes des défenseurs de l’environnement, qui dénoncent l’impact climatique de l’exploitation du pétrole et le désastre sur les écosystèmes de cette infrastructure.
L’Ouganda accorde à EACOP (TotalEnergies) la licence pour construire l’oléoduc de 1 443 km qui doit acheminer le pétrole du lac Albert à la côte tanzanienne
L’Ouganda tient à exploiter les réserves de pétroles qui dorment dans le lac Albert (frontière naturelle du pays avec la République démocratique du Congo), estimées à 6,5 milliards de barils, dont environ 1,4 milliard récupérables, et à construire pour cela l’oléoduc EACOP de 1 443 km qui doit traverser le pays enclavé, ainsi que la Tanzanie, pour acheminer le brut jusqu’aux ports tanzaniens.
Le président ougandais Yoweri Museveni voit dans ce projet une chance inespéré pour ce pays d’une profonde pauvreté. Il assistera d’ailleurs, ce 24 janvier 2023, au lancement des activités de forage dans les champs pétroliers de Kingfisher, au lac Albert, exploités par le groupe chinois CNOOC.
Ce 22 janvier 2023, c’est son ministre de l’Information, Godfrey Kabbyanga, qui a annoncé que le pays avait délivré au consortium East African Crude Oil Pipeline Company Ltd (EACOP), détenu à 62% par le géant français TotalEnergies, la licence pour la construction de l’oléoduc, après une validation gouvernementale ce 15 janvier 2023.
« L’approbation (de la licence) est un autre signe pour démontrer l’engagement commun des deux pays à développer le projet EACOP de manière harmonisée », a commenté Godfrey Kabbyanga.
Un projet aux coûts humains, climatiques et environnementaux « inacceptables », TotalEnergies assignée en justice
En février 2022, TotalEnergies avait annoncé un accord de financement de 10 milliards de dollars avec l’Ouganda, la Tanzanie et CNOOC pour exploiter et acheminer ce pétrole. Le projet est très fortement critiqué par les groupes de défense de l’environnement, pour son impact carbone et pour les risques qu’il fait peser aux fragiles écosystèmes de la région.
En octobre 2022, deux associations avaient publié un rapport accablant sur les coûts humains, climatiques et environnementaux « inacceptables » du projet, suivi d’une tribune accusatrice d’un collectif de personnalités (responsables politiques, scientifiques, responsables d’associations environnementales).
La contestation s’est même déplacée sur le terrain judiciaire, puisque, à la fin de l’année 2022, six ONG ont assigné TotalEnergies devant le tribunal judiciaire de Paris. Elles exigent que le groupe pétrolier respecte une loi de 2017 qui impose aux multinationales un « devoir de vigilance » sur leurs activités dans le monde. Le délibéré est attendu le 28 février 2023.
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