Le gouvernement espagnol a décidé, le 28 avril 2023, l’ouverture d’une enquête sur la possible entrée sur son territoire de produits pétroliers russes (interdite depuis début février 2023), via des pays tiers, en particulier le Maroc. Madrid réclame également une réponse européenne commune pour « renforcer la traçabilité » des importations de carburants. Le même jour, Bloomberg alertait sur les achats européens de produits pétroliers raffinés indiens, probablement réalisés avec du pétrole russe.
L’Espagne va enquêter sur de possibles entrées de produits pétroliers russes via des pays tiers
L’embargo sur les produits pétroliers russes de l’Union européenne, entré en vigueur le 5 février 2023 (après celui sur le pétrole brut, en décembre 2022), est-il déjà en péril ? Des soupçons de contournement sont remontés dans l’actualité, ce 28 avril 2023. Le gouvernent espagnol a ainsi décidé d’ouvrir une enquête pour vérifier que des produits pétroliers russes n’étaient pas arrivé sur son sol via des « pays tiers ».
« Face au moindre soupçon, il est nécessaire de vérifier » si « les produits importés proviennent bien de l’endroit indiqué ou bien d’un autre pays, et s’il y a eu une irrégularité quelconque », a ainsi indiqué la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera.
« Du diesel russe continue de circuler sur le marché européen et espagnol », avait dénoncé le 27 avril le PDG du géant pétrolier espagnol Repsol, Josu Jon Imaz. Le 28 avril toujours, le quotidien espagnol El Mundo accusait le Maroc de revendre à l’Espagne des produits pétroliers russes sans en avouer l’origine.
Des soupçons de ce type pèsent sur les importations marocaines depuis plusieurs semaines. Teresa Ribera n’a pas voulu entrer dans ce jeu : « les premiers éléments » communiqués par les importateurs « montrent que tout est apparemment en ordre et que les produits ne viennent pas de Russie, mais nous sommes vigilants et suivrons de près l’évolution de la situation pour corroborer cela définitivement », note-t-elle.
L’Inde fournit-elle à l’Europe des produits pétroliers raffinés à partir de brut russe ?
La ministre va également demander à Bruxelles la mise en place d’une réponse européenne coordonnée afin de « renforcer la traçabilité » du pétrole importé. L’Espagne plaide pour un certificat obligatoire en sortie des raffineries et des ports, contenant tous les éléments « garantissant que les importations ne font pas l’objet de sanctions ».
Ce même 28 avril, Bloomberg publiait une enquête révélant que les craintes de voir l’embargo pétrolier détourné par les raffineries indiennes étaient plus que fonées. Selon le journal, l’Inde, qui a multiplié en 2022, selon Moscou, ses importations de pétrole russe par 22, utiliserait du brut acheté à bas prix à la Russie pour produire du carburant, revendu ensuite à l’Union européenne.
Depuis début février 2023, les importations de produits pétroliers indiens vers l’Union européenne atteignent ainsi 200 000 barils par jour selon le cabinet Kper. Elles n’étaient que de 154 000 barils par jour avant l’invasion de l’Ukraine. 30% des exportations totales de diesel indien sont aujourd’hui à destination de l’Union européenne, contre un peu plus de 21% auparavant.
Pour autant, faute de certificats, ce « blanchiment » du pétrole russe par les raffineries indiennes est impossible à prouver. Mais il biaise bel et bien la volonté d’assécher l’économie russe par des sanctions.
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