Ce 17 mars 2023 au soir, les salariés de la raffinerie Normandie de TotalEnergies, la plus grande de France, ont commencé à stopper les installations, en protestation contre le projet de réformes des retraites (adopté par le gouvernement ce 16 mars 2023 en recourant à l’article 49.3 de la Constitution). Le même jour, le conseil d’administration de la major pétrolière a proposé une hausse de salaire de 10 % pour son PDG Patrick Pouyanné.
La raffinerie Normandie de TotalEnergies mise à l’arrêt depuis vendredi 17 mars 2023
Vent mauvais sur TotalEnergies. Au cœur d’un conflit social d’ampleur à l’automne 2022, la major pétrolière avait fini par lâcher du lest et accorder des augmentations de salaires à ses employés, après que ces derniers aient provoqué un début de pénurie de carburant en France.
Cette fois, c’est la réforme des retraites voulue par le gouvernement qui pourrait bien provoquer de nouveaux blocages : le samedi 18 mars 2023, Alexis Antonioli, le secrétaire général CGT de la raffinerie Normandie de TotalEnergies, la plus importante de France, a annoncé que l’arrêt des installations « a débuté vendredi soir ».
Il faudra toutefois plusieurs jours pour que l’arrêt soit total, et que ses effets se fassent sentir sur l’approvisionnement en carburant des stations-services française. Les grévistes entendent ainsi protester contre l’adoption de la réforme controversée par le gouvernement, le 16 mars 2023, en recourant à l’article 49.3 de la constitution, évitant ainsi un vote à l’Assemblée qui s’annonçait périlleux.
Selon Alexis Antonioli, la direction de la raffinerie Normandie a refusé, dès jeudi après-midi, d’assurer les relèves, afin de laisser sur place des salariés non-grévistes, et éviter l’arrêt de l’installation. « Après 22 voire 33 heures de présence pour certains salariés, la direction a fini par céder vendredi pour obtenir des équipes fraîches » en donnant les consignes d’arrêt, indique le secrétaire CGT de la raffinerie.
La première d’une série de raffineries à stopper leur production ?
Eric Sellini, coordinateur syndical CGT de TotalEnergies, affirme que cet arrêt pourrait être le premier d’une série : les expéditions de la raffinerie PétroIneos de Lavéra (Bouches-du-Rhône) ont été interrompues vendredi, et elle pourrait être mise à l’arrêt dès ce lundi 20 mars. De son coté, la raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) pourrait être stoppée aujourd’hui ou demain, faute de pétrole brut à raffiner, en raison d’une grève au dépôt pétrolier du Havre.
Le 17 mars 2023, le conseil d’administration de TotalEnergies a par ailleurs annoncé qu’il proposerait lors de l’assemblée générale du 26 mai une hausse de 10% de la rémunération de son PDG Patrick Pouyanné, « équivalente à celle dont ont bénéficié en moyenne les cadres du socle social commun en France », selon le groupe.
Or, les rémunérations de Patrick Pouyanné avaient été durement critiquées durant le mouvement social de l’automne 2022. S’il avait consenti à une baisse de rémunération de 36,4 % en 2020, suite à la crise sanitaire, son salaire avait bondi de 51,7 % en 2021, attisant le mécontentement. Aucune information n’a filtré sur le montant de ses rémunérations en 2022, ni sur le volume de leur hausse.
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