Une note d’EDF, mise en évidence ce 7 mars 2023, indique la découverte « d’un défaut significatif de corrosion sous contrainte » sur une soudure du réacteur nucléaire Penly 1, en l’occurrence une fissure beaucoup plus importante qu’attendue. Cette découverte pourrait être de nature à avancer les travaux de réparation préventive de six réacteurs de types P’4, et précipiter leur arrêt.
Une note d’EDF révèle un « défaut significatif de corrosion sous contrainte » sur une soudure du réacteur Penly 1
La note d’EDF, en date du 24 février 2023, était passée inaperçue, mais a été mise en lumière, ce 7 mars 2023, par le site Contexte. Elle concerne les conclusions des analyses approfondies d’une soudure du réacteur numéro 1 de la centrale nucléaire de Penly, en Seine-Maritime.
Selon cette note, EDF a décelé un « défaut significatif de corrosion sous contrainte » sur une conduite de secours servant à refroidir le réacteur en cas d’urgence. Il s’agirait d’une fissure sur « une soudure déposée en janvier », détectée après des « expertises métallurgiques ».
Découvert en octobre 2021, le soucis de « corrosion sous contrainte », touchant potentiellement le circuit de refroidissement de secours des réacteurs nucléaires français, a contraint EDF à lancer un vaste plan de contrôle et de réparation, centré sur les réacteurs les plus sensibles à ce soucis, à savoir les 16 réacteurs les plus récents (et les plus puissants) du parc.
Dans le détail, il s’agit des 12 réacteurs de type P’4, la seconde génération de réacteurs de 1 300 MW – les deux des centrales de Belleville (Cher), Golfech (Tarn-et-Garonne), Nogent (Aube) et Penly, les quatre de Cattenom (Moselle) -, et des quatre réacteurs de type N4, d’une puissance de 1 450 MW – les deux de Chooz-B (Ardennes), et les deux de Civaux (Vienne).
Les opérations de contrôle et de réparation préventive sont l’une des principales explications du manque de disponibilité des réacteurs nucléaires français en 2022.
Une fissure de 23 millimètres sur un tuyau de 27 millimètres : de quoi remettre en cause le plan e réparation préventive des derniers réacteurs P’4 à inspecter ?
Mais cette nouvelle fissure pourrait, par son ampleur, changer la donne. Jusqu’ici, les fissures découvertes étaient de l’ordre de quelques millimètres. Celle découverte à Penly 1 atteint, selon plusieurs sources jointes par Contexte, « 23 millimètres sur un tuyau de 27 millimètres ».
La tuyauterie aurait pu être fragilisée par une opération de réparation visant à « réaligner » des circuits, au moment de la construction du réacteur. D’après EDF, « cette soudure avait été doublement réparée lors du premier montage du circuit à la construction ». L’énergéticien admet que cette « double réparation », durant le premier montage des tuyauteries, est probablement à l’origine du « défaut significatif de corrosion sous contrainte ».
Reste à savoir si la taille de cette fissure est spécifique à ce réacteur, ou si un soucis du même type est possible dans les 6 autres réacteurs de type P’4 qui n’ont pas encore été arrêtés pour leur réparation préventive, programmée par EDF en pour courant 2023.
Comme le résume pour l’AFP Yves Marignac, expert en énergie et membre des groupes permanents d’experts de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), « le fait que des fissures plus importantes soient possibles pose la question du maintien en fonctionnement des 6 réacteurs de même type P’4 ». L’ASN a d’ailleurs sommé EDF de « réviser sa stratégie » après cette découverte. Affaire à suivre.
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