Une semaine après avoir annoncé une nouvelle hausse de ses capacités renouvelables installées dans le monde, le groupe énergétique italien Enel a indiqué, ce 6 février 2023, vouloir multiplier par 15 la capacité de production de son usine de panneaux photovoltaïques à Catane, en Sicile, pour la porter à 3 GW annuels, ce qui en fera la plus grande d’Europe. Le groupe entend ainsi contrer la concurrence de la Chine sur ce marché.

Enel va multiplier par 15 d’ici la mi-2024 la capacité de production de son usine de panneaux photovoltaïques sicilienne

De toutes les majors énergétiques généralistes, le groupe italien Enel est incontestablement celui qui a pris le plus tôt et avec le plus de vigueur le virage des énergies renouvelables. Ce 30 janvier 2023, il indiquait avoir installé 5,2 GW de puissance renouvelable dans le monde en 2022, malgré un contexte peu favorable, avec notamment une explosion du coût des matières premières qui a fragilisé beaucoup d’acteurs du secteur.

Enel dispose désormais de 59 GW de puissance renouvelable installée dans le monde. Sur l’année dernière, les renouvelables ont représenté 48 % de la production électrique d’Enel, contre 40 % d’origine thermique et 12 % d’origine nucléaire.

Ce 6 février 2023, la direction d’Enel a confirmé qu’elle allait multiplier par 15 la capacité de production de son usine de panneaux photovoltaïques 3Sun à Catane, en Sicile, pour la porter, d’ici à mi-2024, à 3 GW annuels, contre 200 MW actuellement, ce qui en fera « la plus grande usine de panneaux solaires d’Europe », selon Enel.

🌞 In 2024, our 3SUN Gigafactory will reach a production capacity of 3GW per year, raising efficiency standards of photovoltaic modules up to +30%.
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— Enel Green Power (@enelgreenpower) February 6, 2023

Elle dépassera à ce moment l’usine du groupe suisse Meyer Burger à Freiberg, dans l’est de l’Allemagne, d’une capacité de 400 MW annuels, qui devrait être porté à 1 GW. La création de cette immense « chaîne de production nationale » constitue « un mouvement stratégique pour l’Italie et l’Europe », a déclaré lundi le PDG d’Enel, Francesco Starace, lors d’une visite du chantier.

Un projet soutenu par l’Union européenne, en attendant une future loi protectionniste à l’image du plan climat US ?

L’investissement pour créer cette giga-factory est estimé à 600 millions d’euros. L’Union européenne, via le Fonds pour l’innovation, et l’Italie, via le plan de relance européen post-Covid, apporteront environ un tiers du total (188 millions d’euros). « Cet investissement a une forte signification politique, qui est celle de libérer notre pays de la dépendance étrangère, surtout de la Chine », a commenté sur place le ministre italien de l’Environnement, Gilberto Pichetto Fratin.

Enel envisage de construire une autre méga-usine de panneaux photovoltaïques aux États-Unis, pour bénéficier notamment des importantes subventions du plan climat voulu par Joe Biden, qui bénéficient notamment aux équipements d’énergie renouvelable produits sur le sol américain.

Il est probable qu’Enel anticipe, au moins en partie, une législation européenne équivalente, cohérente avec la volonté des Vingt-Sept de réindustrialiser le continent et de concurrencer la Chine, premier producteur mondial de panneaux solaires, destinés majoritairement à l’exportation vers l’Union européenne.