S’il fallait envoyer un signal pour dissuader les automobilistes de passer à la voiture électrique, c’est réussi. Depuis début janvier, les tarifs de plusieurs réseaux ont considérablement augmenté, parfois doublé.
La voiture électrique, toujours économique ? C’est de moins en moins vrai pour ceux qui n’ont pas la chance d’habiter dans une maison ou un pavillon, leur permettant de charger leur voiture à domicile. Ou encore pour ceux qui peuvent accéder à une borne de charge sur leur lieu de travail, bien souvent, gratuite.
Voitures électriques : des tarifs de recharge prohibitifs
Tous les autres, ceux qui doivent se charger sur des bornes publiques, commencent à sérieusement tirer la jambe, en voyant l’augmentation des prix pratiqués par les concessionnaires. C’est le cas par exemple à Paris, ou le réseau Belib’ a vu ses tarifs doubler pour la recharge nocturne. Alors même que pendant la nuit, le MW est parfois vendu à prix négatif sur le marché Spot…
Avec cette augmentation, une citadine électrique revient désormais plus cher à l’usage qu’une thermique identique. Pour une Tesla, c’est pire encore : Le plein d’une batterie de 75 kWh (Tesla Model 3) revient désormais à … 80 €, contre un peu moins d’une quarantaine d’euros en 2022.
Même chose désormais sur autoroute. Si le prix du kWh y a toujours été très élevé, comparé au coût de la recharge à domicile, on atteint désormais des sommets d’absurdité. Si un véhicule connecté à un chargeur rapide peut espérer faire le plein en une grosse demi-heure désormais, c’est forcément au prix fort. Dans ces conditions, 100 km peuvent revenir à 20 euros, soit jusqu’à deux fois plus cher qu’avec une berline diesel consommant 5 litres au 100 !
le kWh 10 fois plus cher sur autoroute !
La mobilité électrique s’enfonce ainsi dans un paradoxe difficile à comprendre pour les électromobilistes. En chargeant de nuit, à domicile, avec un tarif dédié (Electricité Verte Auto d’EDF par exemple, ou Heures Super Creuses chez TotalEnergies), 100 km en voiture électrique, en ville, peuvent coûter moins de 2 euros pour une berline, et même… 1,5 €, pour une petite citadine (Fiat 500, Zoé, Spring).
A l’inverse, les kilowatts nécessaires pour parcourir 100 km d’autoroute, injectés depuis le superchargeur d’une aire de repos, ou d’une grande ville, reviendront jusqu’à dix fois plus cher.
Pour s’adapter à cette situation ubuesque, l’automobiliste a trois solutions :
- Accepter de payer le prix fort lors des longs trajets, en faisant « une moyenne à la baisse », avec ses autres charges, le plus souvent possible à domicile ou au bureau.
- Réinventer ses trajets longue distance, en ne passant plus par les autoroutes, afin d’économiser à la fois sur les péages, sur la consommation (un VE consomme 30 % de moins à 110 comparé à 130), et sur le prix des recharges. Des bornes rapides, installées chez les concessionnaires auto, ou sur les parkings de supermarchés, proposent des tarifs deux fois moins chers, comparés à ceux pratiqués sur les autoroutes.
- Utiliser une voiture électrique au quotidien, pour la ville, et les trajets de moyenne distance. Et garder un véhicule thermique pour les grands trajets et les vacances.
Dans tous les cas de figure, l’électromobilité, qui concerne encore moins d’un million d’automobilistes en France, n’est pas de tout repos. Et les mauvaises surprises sont légion pour qui ne fait pas attention, du moins, à ses débuts…
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