Le marché de la voiture électrique est en plein boom. Les ventes mondiales en 2021 se sont portées à 5,6 M d’unités, dépassant de plus de 2 M le record de l’année précédente. La question du mode de recharge devient par conséquent de plus en plus centrale. En France les conducteurs recourent aux points de recharge accessibles au public en voirie ou sur les parkings pour recharger leur véhicule. Une belle opportunité s’ouvre pour les entreprises du secteur, qui ont la responsabilité de construire un maillage territorial complet rapidement pour répondre à la demande.
L’AFIREV (Association Française pour l’Itinérance de la Recharge des Véhicules) vient de publier son second rapport sur la qualité de la recharge. En 2021, l’association estime que 86 % des conducteurs de véhicules électriques ont utilisé une borne de recharge accessible au public. L’enquête sur la satisfaction des utilisateurs révèle ainsi que les néo-convertis à l’électrique se disent significativement plus satisfaits (86 %) que les conducteurs plus anciens (71 %). Ils sont en effet moins souvent confrontés à des pannes, qui se réduisent d’année en année. Le nombre de points de recharge indisponibles plus de 7 jours consécutifs a été réduit de 30 % entre 2020 et 2021, d’après la même enquête.
Pour l’AVERE, association encourageant le passage à l’électromobilité, l’accessibilité des points de recharge publics est le nerf de la guerre. L’association veut faire de la simplicité de régénération des batteries un enjeu de la présidentielle. Elle vient de publier une note de propositions à destination des candidats, qui suggère notamment de faire de « l’accès à la recharge publique pour tous » une priorité. L’association entend cette accessibilité de manière très large. Il s’agit d’assurer un maillage du territoire avec le développement des infrastructures de recharge, mais aussi de garantir la qualité du réseau et la maîtrise des coûts pour le consommateur final.
Les efforts dans le sens d’une meilleure accessibilité sont déjà sensibles. L’année 2021 a connu une augmentation de 64 % du nombre de points de recharge sur le territoire. Une dynamique dont se félicite l’AVERE qui veut y voir la conséquence d’une « forte mobilisation de l’ensemble des acteurs de l’écosystème, y compris les pouvoirs publics ».
Tout l’enjeu sera donc de conserver l’allure en 2022. Une augmentation régulière du nombre de points de recharge nécessite de mettre en commun des moyens. IZIVIA, la filiale d’EDF spécialisée dans le domaine, vient d’annoncer un partenariat avec le gestionnaire de parkings Q-Park. Dans le viseur de l’alliance, les objectifs sont ambitieux. Le déploiement de 4000 nouvelles bornes de recharge tout public au cœur de 70 villes françaises devrait permettre de constituer l’un des plus grands réseaux hexagonaux d’ici 2024.
Dans un communiqué de presse du 15 février, la filiale d’EDF s’est félicitée de cet engagement commun pour « la mobilité électrique décarbonée au cœur des villes » qui conforte le rôle leader d’IZIVIA dans l’exploitation des bornes de recharge ouvertes au public. IZIVIA pèse actuellement 26% du marché.
L’explosion de la demande a évidemment attiré les poids lourds du secteur de l’énergie. Aux côtés d’EDF-IVIZA, Engie, Shell, Total Energies, Schneider Electric, SPIE, Bouygues ou Vinci se positionnent. La dynamique entraîne également l’émergence à vive allure de PME comme Freshmile. L’entreprise a en effet décroché un beau contrat au nez des géants du secteur en étant choisie par les édiles strasbourgeois pour l’installation de 1000 bornes dans la capitale alsacienne.
Tout cet écosystème est porté par les perspectives de développement du marché à l’échelle européenne. Estimé à 600 M€ aujourd’hui, celui-ci devrait atteindre les 7 milliards en 2030 d’après le cabinet de conseil EY-Parthenon.
L’offre de bornes électriques va donc exploser dans les prochaines années. L’AFIREV adresse cependant une alerte aux entreprises du secteur. Pour transformer l’essai et convaincre durablement les automobilistes, le prochain enjeu majeur sera celui de la qualité du service rendu par les bornes. En 2021, malgré les efforts, 3 utilisateurs sur 10 ont été confrontés à une borne hors service. C’est certes moins qu’en 2020, mais il reste à charge des opérateurs de poursuivre parallèlement hausse de la quantité et de la qualité des points de recharge.