Dans une lettre rendue publique ce 6 janvier 2023, la Première ministre Elisabeth Borne fixe au nouveau PDG d’EDF, Luc Rémont, trois objectifs prioritaires : remettre l’appareil nucléaire français en état de marche, mieux maîtriser les projets en cours, et redresser les finances de l’énergéticien. L’actualité récente est chargée pour EDF, entre bonnes nouvelles (un réacteur nucléaire mis à l’arrêt devant une consommation électrique plus faible qu’attendue…) et mauvaises (nouveau retard dans l’EPR de Flamanville…).
Elisabeth Borne fixe trois priorités au nouveau patron d’EDF, Luc Rémont
Envoyer une lettre fixant des objectifs élevés, en la rendant publique : la manoeuvre, venant d’un gouvernement exerçant une tutelle sur une entreprise publique, ressemble bel et bien à une mise sous pression. Ce 6 janvier 2023, les Echos ont en effet publié une lettre envoyée par la Première ministre Elisabeth Borne au nouveau PDG d’EDF, Luc Rémont. Elle lui fixe trois priorités.
Numéro 1 : rétablir la production d’EDF en France « à un niveau cohérent avec les capacités de son outil industriel et les meilleurs comparables internationaux ». Actuellement, 14 réacteurs nucléaires sur 56 sont encore à l’arrêt, la plupart à cause de travaux pour régler le soucis de corrosion sous contrainte, qui affecte notamment les réacteurs les plus récents et les plus puissants du parc.
Numéro 2 : « maîtriser les délais et les budgets des projets nucléaires en cours ». L’allusion à l’EPR de Flamanville, en proie à de nombreux retards et surcoûts, est évidente. Or, quelques jours après la rédaction de cette lettre, EDF a annoncé un nouveau retard de six mois et un surcoût supplémentaire de 500 millions d’euros sur ce chantier, pour une mise en service désormais prévue d’ici à la mi-2024.
Numéro 3 : « redresser la trajectoire financière de l’entreprise », très endettée, mais aussi répondre « aux attentes des consommateurs dans le contexte de hausse des prix de l’énergie ». Une véritable quadrature du cercle, notamment avec le maintien d’un dispositif comme l’Arenh, particulièrement néfaste pour EDF en période de hausse des prix.
Luc Rémont doit proposer, sous six mois, sa feuille de route stratégique pour EDF
Luc Rémont a six mois pour transmettre au gouvernement une feuille de route répondant à tous ces défis. « Les objectifs fixés à l’entreprise par le gouvernement s’inscrivent dans un contexte particulier » car EDF « doit faire face à des difficultés opérationnelles importantes sur le parc nucléaire français et répondre à la volonté du gouvernement de relancer une politique électronucléaire parmi les plus ambitieuses au monde », a expliqué ce 6 janvier 2023 Matignon à l’AFP.
Les températures historiquement douces cet hiver ont permis à EDF de mettre à l’arrêt le réacteur nucléaire de Tricastin 4, pour limiter l’usage de combustible nucléaire, preuve que le risque d’un délestage à court terme est écarté.
Sur le sujet de la corrosion sous contrainte, Ouest France a attiré l’attention, le 5 janvier 2023, sur un courrier très critique, adressé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) à EDF, le 7 novembre 2022, et portant sur l’usine italienne sous-traitant la fabrication des « parties principales sous pression » de remplacement pour ses circuits concernés par la corrosion.
Selon l’ASN, le contrôle qu’EDF exerce sur la qualité de fabrication de ces pièces sensibles présente des lacunes
au point que les inspecteurs se sont interrogés sur la cohérence globale de la stratégie de surveillance, dont le volume n’apparaît pas en lien avec l’importance du programme de fabrication
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