Occupée depuis mars 2022 par l’armée russe et située dans la région de Zaporijjia (annexée la semaine dernière par Moscou), la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia a été formellement rattachée à la Russie, via un décret de Vladimir Poutine ce 5 octobre 2022. L’opérateur nucléaire ukrainien, Energoatom, a dénoncé « l’agonie du monde imaginaire fou du pays agresseur ».
La centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, située dans le sud du pays, est occupée depuis mars 2022 par l’armée russe. Elle se trouve à proximité de la ligne de démarcation entre les territoires contrôlés par Kiev et ceux occupés par Moscou.
La présence constante de militaires sur le site, puis une série de bombardements à proximité de la centrale, dont la Russie et l’Ukraine se renvoient mutuellement la responsabilité, font craindre un incident nucléaire grave sur la centrale. La situation inquiète la communauté internationale comme l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), qui a dépêché deux experts permanents sur place.
Le week-end dernier, les forces militaires russes ont capturé et détenu brièvement le directeur ukrainien de la centrale, Igor Mourachov, avant de le libérer. L’opérateur nucléaire ukrainien, Energoatom, a nommé son président, Petro Kotine, a la tête de la centrale, ce 5 octobre 2022.
Ce même jour, le président russe, Vladimir Poutine, a signé un décret, par lequel la Russie s’approprie formellement la propriété et l’exploitation de la centrale nucléaire. Il fait suite à l’annexion par la Russie, la semaine dernière, de quatre régions ukrainiennes occupées (en partie ou en totalité) par l’armée russe : Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia (où se trouve la centrale du même nom).
« Le gouvernement devra veiller à ce que les installations nucléaires de la centrale (…) soient acceptées comme propriété fédérale », précise le décret russe. L’ensemble de la gestion administrative de la centrale, qui était restée sous la responsabilité d’Energoatom depuis le début de son occupation, a été transférée à Moscou.
Cette annonce a provoqué une vive réaction coté ukrainien. Energoatom a dénoncé « la création de pseudo-entreprises avec le noms d’entreprises ukrainiennes », et estime que cette décision prouve « l’agonie du monde imaginaire fou du pays agresseur ».
The worthless decisions of Rosatom regarding the establishment of the Operating company of Zaporizhzhya NPP with its registered office in moscow are the agony of the imaginary crazy world of the aggressor country
⚠️ https://t.co/BeU2Mm0soX#russiaisaterrorisstate #stoprussia pic.twitter.com/YY6R1qPRAs
— Energoatom (@energoatom_ua) October 5, 2022
De son coté, le patron de l’AIEA, Rafael Grossi, qui avait prévu de se rendre à Kiev et Moscou cette semaine, a annoncé, peu après la publication du décret, son départ pour l’Ukraine afin d’y discuter de la mise en place d’une zone de protection autour de la centrale.