Ce 31 août 2022, en France, l’Uniden (Union des industries utilisatrices d’énergie) a présenté cinq propositions pour la réforme du marché de l’énergie européen, sur laquelle vont plancher les ministres de l’énergie des Vingt-Sept, réunis en urgence ce 9 septembre 2022.
L’Uniden lance cinq propositions pour la réforme du marché de l’énergie européen
La question d’une éventuelle réforme du marché de l’énergie européen agite les Vingt-Sept depuis le début de la crise énergétique, à l’été 2021. Plusieurs pays, la France en tête, plaident notamment pour décorréler les prix de l’électricité de ceux de la dernière source injectée (le plus souvent du gaz), un mécanisme qui a fait récemment exploser les tarifs de l’électricité en les liant à ceux du gaz.
Dans un contexte toujours plus tendu, où l’approvisionnement en gaz russe continue de se réduire, faisant craindre une rupture prochaine, avec des prix du gaz qui frôlent le maximum historique de mars 2022 (342 euros le MWh), et des tarifs de l’électricité surréalistes (1 000 euros le MWh…), l’exception accordée à l’Espagne et au Portugal semble largement insuffisante.
L’Union européenne a décidé de réunir en urgence les ministres de l’Energie des Etats membres, ce 9 septembre 2022, pour réfléchir à une réforme du marché européen de l’énergie.
Cette fois, même l’Allemagne semble prête à faire des concessions au sacro-saint marché et à son ordo-libéralisme. Pour peser sur les négociations, l’Uniden (Union des industries utilisatrices d’énergie) a dévoilé ce mardi 31 août 2022 cinq propositions concrètes de réformes.
Cette association regroupe les industriels français de l’aluminium, de l’acier, des minerais, ciment, matériaux de construction, verre, papier, pétrochimie, chimie, automobile, électronique, transports et agro-alimentaire, soit plus de 70% de la consommation d’énergie de l’industrie en France.
Quand l’Uniden veut réguler les marchés et briser le dogme de leur efficience
Première priorité fixée par l’Uniden : sortir de la règle européenne qui veut que le plafond du prix « spot » de l’électricité soit automatiquement relevé dans l’ensemble des États membres dès lors que ce prix s’en approche « ne serait-ce qu’une seule heure et dans un seul pays ».
« Cette spirale infernale ne pose aucune limite à la spéculation », affirme l’Uniden. Renoncer au « mark to market » pour l’énergie ? Ce serait historique pour une Union européenne construite sur l’idéologie libérale…
Deuxième proposition : instaurer un « plafond européen au prix du gaz, alimenté par une taxe, faible mais générale sur toutes les transactions énergétiques, acquittée par les fournisseurs et tous les intermédiaires de marché, servant, via une caisse de compensation européenne, à compenser l’écart par rapport aux prix internationaux ». Soit, là encore, mettre de la régulation dans la concurrence « libre et non-faussée »…
Troisième idée : autoriser les États membres qui le souhaitent à réguler le marché de gros par l’instauration de « tarifs d’adaptation à la crise (Tarac) », pour protéger les consommateurs contre des prix de marché « décorrélés des coûts de production », générant « des profits indus » d’un côté et de l’autre « une destruction de la demande par l’inflation ». Là encore, un mécanisme pour limiter les effets aberrants de la prétendue « efficience » des marchés.
Quatrième proposition, plus consensuelle a priori : faciliter l’adoption de contrats d’approvisionnement à long terme.
Enfin, l’Uniden plaide pour constituer un nouveau marché « hybride » pour la fourniture en gros de l’électricité en Europe, tenant compte à la fois de la moyenne des investissements et des coûts de production décarbonée (nucléaire, hydraulique, renouvelables) et d’un marché « spot » construit, comme actuellement, sur les coûts de la dernière centrale appelée pour assurer l’équilibre du système électrique.
Une proposition que devraient assurément soutenir les pays utilisant peu de gaz ou de charbon dans leur système électrique (France, Espagne, Portugal, Danemark, Suède…). De quoi l’imposer au niveau européen ? Les négociations promettent d’être serrées.
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