En visite à Madrid ce 2 décembre 2021, le ministre de l’Economie français Bruno Le Maire a réclamé, avec son homologue espagnole Nadia Calvino, une réforme du marché de l’énergie européen, qu’ils estiment trop fortement indexé sur le prix du gaz naturel. Trois autres pays européens (Italie, Grèce, Roumanie) défendent aussi cette position, que neuf autres membres de l’Union Européenne (dont l’Allemagne, le Danemark ou les Pays-Bas) combattent.
C’est une nouvelle ligne de clivage sur la question de l’avenir énergétique de l’Union Européenne. La possible inclusion du nucléaire dans la taxonomie verte oppose déjà les pays favorables à cette inclusion, France et pays de l’Est, à ceux qui y sont opposés, menés par l’Allemagne.
Deux nouvelles coalitions se sont donc constituées sur la question d’une possible réforme du marché de l’énergie européen, en particulier celui de l’électricité. Les prix de l’électricité sur le marché du gros européen sont en effet indexés sur le tarif de la dernière source injectée, qui est (presque toujours) du gaz naturel.
Or, quand les prix du gaz se mettent à flamber, ils entraînent avec eux ceux de l’électricité : c’est ce mécanisme qui a provoqué une explosion des prix de l’électricité dans l’Union Européenne cet automne, et qui continue de maintenir les tarifs à des niveaux élevés.
Face à cette situation, deux positions s’opposent : ceux qui estiment que ce soucis est structurel, provoqué notamment par les efforts de transition énergétique et les taxes carbone, qui pèsent sur le prix et la compétitivité du gaz naturel ; ceux qui estiment que le problème est conjoncturel, lié à la pandémie de Covid-19 et à des défauts mondiaux d’approvisionnement en gaz naturel, que les lois de la concurrence devraient lisser dans les mois qui viennent.
La France et l’Espagne s’étaient déjà fait les hérauts de la première position, ils ont renforcé ce leadership, ce 2 décembre 2021, pendant la visite du ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, à Madrid. Ce dernier et son homologue espagnole, Nadia Calvino, ont ainsi affirmé, durant une conférence de presse, leur volonté de réformer le marché européen de l’énergie, aux cotés de l’Italie, la Grèce et la Roumanie, via une position commune publiée ce même jour.
«Je sais que cela prendra du temps d’obtenir une réforme du marché européen de l’énergie. Mais elle est indispensable pour protéger les consommateurs et pour protéger les entreprises», a ainsi affirmé Bruno Le Maire. Il a précisé sa pensée lors d’une réunion des ministres de l’Energie de l’Union, le même jour à Bruxelles : «Il est aussi indispensable sur le long terme de renforcer l’indépendance énergétique européenne (…). On ne peut pas dépendre à 40% des livraisons de gaz de la Russie, décidées par Vladimir Poutine».
«Aujourd’hui, cinq pays – l’Espagne, la France, l’Italie, la Grèce et la Roumanie -, qui représentent plus de 45% de la population européenne, ont demandé une révision de la régulation européenne pour mieux protéger les consommateurs», a détaillé Nadia Calvino.
Le document publié conjointement par la cinq Etats s’appuie sur trois propositions :
⚡️ÉNERGIE: Hausse des prix de l’énergie, 🇦🇹 , 🇩🇪, 🇩🇰 , 🇪🇪, 🇫🇮 , 🇮🇪 ,🇱🇺 ,🇱🇻 et 🇳🇱 réaffirment leur soutien au fonctionnement actuel, concurrentiel, du marché européen de l’#électricité et du gaz https://t.co/zx8pQwUAgc
— Agence Europe (@AgencEurope) December 2, 2021
Cette position commune est une réponse directe à une autre position, opposée et publiée plus tôt dans la semaine par neuf membres de l’Union, plutôt des pays du Nord (Allemagne, Autriche, Danemark, Estonie, Finlande, Irlande, Lettonie, Luxembourg, Pays-Bas) . Ces Etats refusent de remettre en cause le marché concurrentiel de l’électricité, et défendent des mesures nationales et temporaires pour faire face à la crise actuelle.
COMMENTAIRES
Voila les dirigeants européens à genoux devant les dirigeants russes, qataris et algériens.
Ils ont maintenant le pouvoir de plonger les populations dans le froid et dans le noir quand ils le veulent.
Les européens se sont mis tous seuls dans la mouise en se rendant dépendant d’une matière première qu’aucun pays européen, hormis la Norvège, ne possède.
En allant vers les ENRi qui ne peuvent fonctionner sans les centrales à gaz pour assurer leur back-up d’une part, et en décidant de supprimer les chaudières fioul pour les faire remplacer par des chaudières gaz à condensation d’autre part, les pays européens se sont mis une laisse autour du cou.
Pathétique!