Ce 16 août 2022, Pedro Sánchez, le Premier ministre espagnol, s’est fermement positionné en faveur d’un gazoduc reliant la péninsule ibérique à l’Europe centrale, via la France, une idée relancée récemment par le Premier ministre allemand Olaf Scholz, et soutenue par le Portugal. Le gouvernement français est, pour l’heure, moins enthousiaste.
Pedro Sanchez se positionne en faveur de la construction d’un gazoduc entre l’Espagne et l’Europe centrale, via la France
Ce 11 août 2022, le Premier ministre allemand Olaf Scholz a publiquement relancé le débat sur la construction d’un gazoduc reliant la péninsule ibérique à l’Europe centrale, via la France, en indiquant qu’une telle infrastructure manquait aujourd’hui « dramatiquement », dans un contexte de réduction, par la Russie, de ses livraisons de gaz naturel à l’Union européenne, faisant craindre une rupture totale.
« J’ai proposé qu’on s’attaque à un tel projet auprès de mes homologues espagnol et portugais, mais aussi lors de conversations avec le président français et la présidente de la Commission européenne », a-t-il précisé.
Cette déclaration a été immédiatement suivie de messages de soutien venu d’Espagne et du Portugal, par la voix de la ministre espagnole de l’Ecologie Teresa Ribera et du Premier ministre portugais Antonio Costa. Ce 16 août 2022, c’est le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, qui ajoute sa voix à ce concert de soutiens, en indiquant qu’un tel gazoduc était réclamé à l’Europe par l’Espagne « depuis déjà longtemps ».
Il a ainsi rappelé que « l’Espagne a beaucoup à apporter à l’Europe pour réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie grâce à notre immense capacité de regazéification », soulignant qu’ »un tiers de la capacité totale de regazéification de l’Europe se trouve en Espagne ».
En effet, l’Espagne possède six terminaux de regazéification du GNL qui en fait un point d’entrée privilégié pour les pays souhaitant exporter du gaz vers l’Europe par méthaniers. Mais les possibilités de transfert de ce gaz dans le reste de l’Europe sont limitées, car il n’existe que deux interconnexions avec le réseau gazier français (et donc européen), de faibles capacités, au niveau du Pays basque.
Relancer MidCat est-il réaliste ?
Un projet de gazoduc entre la Catalogne et le Sud-Est de la France, baptisé MidCat, avait été lancé en 2013, et, malgré une avancée des travaux coté espagnol, avait été interrompu en 2019, essentiellement sur volonté française, faut de financements et parce qu’un tel équipement ne cadrait pas avec la transition énergétique.
Teresa Ribera a précisé récemment que, selon Enagas, gestionnaire du réseau gazier en Espagne, seule une centaine de kilomètres de gazoduc manquait coté espagnol, et qu’en huit à neuf mois le gazoduc pourrait être opérationnel de ce coté des Pyrénées.
Elle renvoyait la balle au gouvernement français, les travaux de ce coté étant à peine entamés. Le ministère français de la Transition énergétique a rappelé qu’ « un tel projet mettrait dans tous les cas de nombreuses années à être opérationnel » et « ne répondrait donc pas à la crise actuelle ».
Coté français, le projet de gazoduc est fortement combattu au niveau local par des associations de défense de l’environnement.
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