Une semaine après une tribune dans le JDD, signée des PDG d’EDF, Engie et TotalEnergies, appelant les Français à plus de sobriété énergétique, 84 chefs d’entreprise français ont publié ce 2 juillet 2022 une nouvelle tribune, appelant à faire de la sobriété énergétique « un choix collectif », porté par les entreprises. Seul le patron d’EDF, Jean-Bernard Lévy, a signé les deux textes.
84 patrons proposent de passer d’une « sobriété d’urgence » à une sobriété énergétique organisée
Ce 26 juin 2022, dans une tribune remarquée dans le JDD, Catherine MacGregor (directrice générale d’Engie), Jean-Bernard Lévy (PDG d’EDF) et Patrick Pouyanné (PDG de TotalEnergies), appelaient les Français à la sobriété énergétique face à la flambée des prix de l’énergie.
Les trois géants énergétiques français, rarement d’accord sur leurs grandes orientations stratégiques, parfois concurrents sur des dossiers ou appels d’offre, portent très rarement une parole commune. Leur appel aux éco-gestes a été largement relayée.
Mais elle a aussi donné naissance à une seconde tribune, publiée ce 2 juillet 2022, toujours dans le JDD. Son ampleur est plus large, puisqu’elle est signée de 84 patrons français, dont, à nouveau Jean-Bernard Lévy, ainsi que de nombreux groupes liés à la solidarité, l’écologie, le climat, le soutien aux associations, la lutte contre la précarité, mais aussi quelques mastodontes comme la MAIF ou le Crédit Mutuel Arkéa.
Ce nouveau texte appelle à une sobriété énergétique plus générale, portée par les entreprises plus que par les particuliers. Les patrons signataires proposent de « passer d’une « sobriété d’urgence » à une sobriété organisée » – ce qui est pour eux, tout à la fois, une ligne directrice, un engagement, et un cri de ralliement, lancé vers d’autres entreprises.
« Comment répondre aux besoins de chacun dans un monde aux limites planétaires dépassées et au consumérisme débridé ? »
« Nous sommes aujourd’hui plus que jamais convaincus que la sobriété n’est pas synonyme de pénurie, de repli ou de déclin, mais qu’elle est la réponse à l’équation la plus cruciale de notre temps qui devrait aujourd’hui être au cœur de toute réflexion politique : comment répondre aux besoins de chacun dans un monde aux limites planétaires dépassées et au consumérisme débridé ? », défendent les signataires.
« Nous pensons que nos organisations peuvent jouer un rôle essentiel dans cette transformation. Car envisager la sobriété uniquement à l’échelle individuelle et à l’aune de la réduction du chauffage ou de la climatisation ne suffira pas », assènent-ils, dans un coup de griffe non dissimulé contre la tribune du 25 juin 2022, et donc contre Engie et TotalEnergie, qui n’ont pas signé ce second texte.
« A l’échelle de l’entreprise, nous traduisons cela par l’axiome suivant : accepter de parfois faire moins, pour toujours faire mieux. Cela passe concrètement par l’intégration au cœur de la stratégie de démarches d’économie circulaire, d’économie d’usage, de relocalisation, de régénération de la biodiversité, ou encore d’alignement des réductions carbone de l’entreprise avec l’accord de Paris », poursuivent les 84 patrons.
« La sobriété économique organisée est un moyen de ne pas faire peser le poids de la transition sur les plus démunis », concluent-ils. Les signataires affirment enfin qu’ils proposeront ce « choix collectif » le 30 août 2022 lors « des Universités d’été de l’économie de demain ».
La date de cette réunion sur la sobriété énergétique n’est pas anodine : c’est la même que celle de l’université d’été de la première organisation patronale française, le Medef, rebaptisée Rencontre des entrepreneurs de France (REF) – qui se tiendra aussi à Paris…
Laisser un commentaire