Le 9 juillet dernier, l’ADEME a mis publié sa grande étude sur les démarches territoriales en faveur de la sobriété énergétique. Le rapport a observé les stratégies de 22 collectivités françaises. Les territoires sont un maillon crucial dans la mise en place des politiques de transition écologique. Ils doivent aussi faire face à des problématiques bien précises : la mobilité durable, l’éclairage, le pilotage d’une smart grid… Mais le plus gros enjeu reste de rendre la sobriété énergétique désirable aux yeux des citoyens.
Sobriété et énergies vertes : deux sujets différents
Jusqu’à récemment, la transition énergétique passait principalement par le développement des énergies vertes. Mais les renouvelables ne font pas tout. Les territoires sont nombreux à avoir faire du verdissement de leur mix énergétique une priorité. La sobriété relève d’un autre élan : pour consommer mieux, il faut aussi consommer moins. Sébastien Maire, le délégué général de l’association France Ville Durable, l’explique : « La sobriété est une vraie révolution, une remise en cause des logiques de développement durable. » La bonne formule pour une ville durable ? « Elle réduit significativement ses consommations d’énergie, et remplace les énergies carbonées par des énergies renouvelables. »
Sobriété énergétique dans les territoires : repenser les projets urbains
La question de l’aménagement urbain est désormais étroitement liée à celle de la sobriété énergétique des territoires. Tant pour des raisons écologiques qu’économiques, les territoires encouragent de nouveaux projets de ville durable bas-carbone. Et cette priorité implique plusieurs axes de travail.
Il ressort de l’étude de l’ADEME que « la promotion d’une consommation sobre pourrait être mise en lien avec le renouvellement des centres-villes ». Les acteurs des collectivités locales évoquent la place des constructions hybrides, que les aménageurs doivent encourager. Les collectivités doivent aussi soutenir l’innovation en collaborant avec des entreprises locales ou en lançant des appels à projets. Plus globalement, le rapport souligne la nécessité d’impliquer tout le tissu économique locale pour atteindre la sobriété.
Les territoires, trop isolés en matière de sobriété énergétique
La pose du diagnostic et la volonté d’agir sont rarement un frein à la sobriété pour les territoires. En revanche, le rapport de l’ADEME met le doigt sur un problème de fond : les collectivités territoriales se sentent globalement isolées sur le sujet de la sobriété. Les responsables estiment qu’ils sont mal accompagnés, et peinent à identifier les solutions qui les aideraient sur le terrain. Les responsables interrogés par l’ADEME voudraient une diffusion plus large des retours d’expérience. Ils ont aussi besoin de plus d’informations sur les innovations techniques et les évolutions de la réglementation. Ils souhaiteraient aussi plus de visibilité sur les possibilités de financements pour leurs projets.
La sensibilisation : le maître-mot de la sobriété énergétique pour les territoires
Les bonnes idées ne manquent pas pour faire de la sobriété énergétique une réalité. Mais tous les acteurs interrogés dans le rapport sont d’accord sur un point : la sensibilisation des citoyens est une étape cruciale. Il convient donc de rappeler que la sobriété n’induit pas la précarité énergétique. Pour que la sobriété énergétique ait un avenir, elle doit rencontrer une forte adhésion des publics. Or, on n’efface pas facilement des décennies de culture de la surconsommation. Le rapport de l’ADEME met en lumière l’importance de bien expliquer les enjeux énergétiques. « Les acteurs considèrent que la sensibilisation et la communication sont des leviers majeurs à déployer en priorité auprès des population. »
Et pour convaincre la population, l’ADEME insiste sur un point : les collectivités doivent elles-mêmes être « éco-exemplaires ». Elles doivent démontrer les vertus de la sobriété énergétique par des actions concrètes, notamment au niveau des infrastructures publiques. Elles ont aussi la possibilité, à travers le levier des commandes publiques, de valoriser la transition énergétique. Par ailleurs, faire participer les habitants et les acteurs locaux reste un levier important vers l’acceptation sociale. En bâtissant ainsi une image positive de la sobriété énergétique, les territoires la rendront d’autant plus légitime aux yeux des citoyens.
Laisser un commentaire