Le 19 janvier dernier, l’Observatoire des Mobilités Emergentes a publié un hors-série spécial. Il se consacre à l’effet de la crise sanitaire sur la mobilité des Français. Une étude qui observe notamment que la crise de Covid-19 profite à la mobilité durable. Mais la voiture reste en embuscade.
Les modes de transport verts se propagent en France. Le phénomène n’est pas nouveau, mais en 2020 il a pris une nouvelle dimension. La crise sanitaire semble avoir donné un coup d’accélérateur à cette transition vers la mobilité durable. Et les Français sont désormais nombreux à privilégier des moyens de transport plus responsables. C’est ce qui ressort de la dernière étude de l’Observatoire des Mobilités Emergentes.
L’ADEME et la SNCF soutiennent ce projet lancé par la société d’études Obsoco et par le groupe Chronos, un cabinet d’études spécialisé dans l’innovation territoriale. Ils ont lancé une étude conjointe pour mieux appréhender l’impact de la crise sanitaire sur les habitudes de déplacement des Français. Car la COVID-19 et les différentes phases de confinement et déconfinement ont effectivement changé la donne. Pour preuve: en septembre 2020, les Français n’étaient que 33% à avoir repris les mêmes habitudes de déplacements qu’avant la crise.
Mobilité durable : plus de marche et de vélo, moins de covoiturage
L’étude publiée par l’Observatoire est très claire. Elle remarque « une redistribution des usages depuis le début de la crise sanitaire ». Confinement et limite kilométrique dans les déplacements ont joué un rôle crucial dans cette « démobilité ». Et ce phénomène se concrétise avec une augmentation des déplacements de proximité, qui favorise une mobilité durable.
En faisant l’impasse sur les longs trajets, les Français se sont détournés de leurs moyens de locomotion habituels. A la place, ils ont privilégié la marche à pied et le vélo. Ils sont +22% à marcher pour leurs déplacements quotidiens. Et ils sont +6% à avoir recours au vélo. Cette poussée des mobilités vertes s’accompagne du recul d’autres moyens de transport. Les Français sont 5% de moins à avoir recours au covoiturage. Ils sont aussi 5% de moins à utiliser des taxis, et 3% de moins à utiliser des VTC.
Sans réelle surprise, ce sont les moyens de transports en commun qui pâtissent le plus de la crise sanitaire. Avant la crise, ils offraient une alternative à la voiture personnelle et les Français voyaient en eux une alternative pour une mobilité bas-carbone. Mais la crise sanitaire a un impact réel sur la perception de ces espaces partagés, parfois saturés aux heures de pointe. Les Français sont ainsi 10% de moins à utiliser les transports en commun au quotidien. Un chiffre qui pourrait en partie s’expliquer par la tendance au télétravail. Sauf qu’il est conforté par un autre chiffre significatif ; les Français sont 8% de moins à avoir utilisé le TGV depuis la crise sanitaire. Un désaveu pour ces transports alternatifs ?
La voiture n’a pas dit son dernier mot
Alors que les Français se montrent méfiants envers les transports en commun, la voiture profite d’un rebond. En effet, depuis le début de la crise sanitaire, +3% de Français déclarent utiliser leur voiture personnelle dans leurs déplacements quotidiens. Une situation qui n’a rien d’étonnant d’après l’Observatoire des Mobilités Emergentes. Le rapport constate : « Après plusieurs années de recul, la voiture semble conjoncturellement répondre aux risques (sanitaires) et aspirations (de liberté) suscitées par la crise ».
En outre, l’étude révèle qu’en matière de transports, les Français sont actuellement dans une position très ambivalente. Ils sont 60% à penser que la mobilité durable doit s’imposer grâce aux transports collectifs. Mais dans le même temps ils sont 65% à estimer qu’il ne sera jamais possible de « complètement abandonner la liberté que procure la voiture ».
Alors que veulent vraiment les Français en matière de mobilité ? La question a été franchement posée dans le cadre de l’étude. Voiture ou mobilité durable ? Les Français n’ont pas tranché. Ils sont 50% à vouloir favoriser la voiture, et 50% à préférer les services de mobilité durable. Pour séduire à nouveau les Français après la crise sanitaire, la mobilité durable devra convaincre du bienfondé de laisser la voiture au garage.
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