Ce 3 décembre 2021, l’association Les amis de la Terre a rendu public un contrat signé par Engie avec la société américaine Cheniere Energy, portant sur de fourniture de gaz naturel liquéfié (GNL) issu de gaz de schiste produit par fracture hydraulique, une technique interdite en France. Le contrat a été calibré pour ne pas nécessiter un accord de l’Etat français, qui n’en avait pas été informé. Cette annonce survient un an après qu’un méga-contrat d’Engie portant également sur du gaz de schiste américain ait dû être annulé sous la pression du gouvernement et d’ONG environnementales.
Chat échaudé craint l’eau froide. Un an après la déconvenue de son méga-contrat annulé avec NextDecade, Engie prend des précautions pour s’approvisionner en GNL américain issu du gaz de schiste. Ce 3 décembre 2021, un contrat de fourniture de GNL signé par Engie avec l’américain Cheniere Energy, découvert par l’association environnementale Les amis de la Terre, a été révélé par nos collègues du Monde.
En novembre 2020, Engie s’était retrouvée prise dans la tempête du gaz de schiste, ce gaz non conventionnel produit par fracture hydraulique, une technologie interdite en France pour des raisons environnementales. L’énergéticien s’apprêtait à signer un méga-contrat d’une valeur de de 7 milliards de dollars (5,9 milliards d’euros) avec la société américaine NextDecade, portant sur la fourniture de GNL pendant 20 ans.
Mais les ONG environnementales ont été informées de ce projet, et ont mené campagne pour l’empêcher, soulignant qu’il était incohérent avec la volonté affichée par Engie de devenir un champion des renouvelables. L’Etat français, premier actionnaire d’Engie (23,6 % des parts, 35% des voix au conseil d’administration) avait à l’époque posé son veto, non sans pression de parlementaires américains sur le président français Emmanuel Macron.
Le contrat avec Cheniere Energy a été calibré pour être beaucoup plus discret, et passer sous le radar de l’Etat et de l’opinion publique. Il a été validé par la direction du groupe en comité exécutif, où l’Etat n’est pas représenté, sans passer par la case « conseil d’administration ».
D’après le règlement intérieur du conseil d’administration, l’autorisation préalable des administrateurs (donc de l’Etat) n’est nécessaire que dans le cas d’un contrat à long terme équivalent à à 30 milliards de kilowattheures (kWh) par an. « Ce qui n’est pas le cas de cette opération », affirme Engie.
« Ce contrat représente 2 % des volumes projetés de gaz servis par Engie à l’horizon 2030. Les règles usuelles internes du groupe en matière d’approbation d’un contrat de cette taille, limitée, ont évidemment été suivies », précise Engie. Le gouvernement a d’ailleurs confirmé cette version, le ministère de la transition énergétique affirmant que ce contrat « relève d’une décision interne de l’entreprise ».
L’approvisionnement en GNL a d’ailleurs déjà commencé, dès septembre 2021, et devrait se prolonger jusqu’en 2032. Les navires méthaniers de Cheniere Energy quittent ainsi le terminal de Corpus Christi (Texas), à destination principalement de la France (Montoir-de-Bretagne) et de l’Espagne (Barcelone). Deux tranches de livraisons ont été négociées : une entre 2021 et 2025, l’autre entre octobre 2023 et septembre 2032.
COMMENTAIRES
Bien que disposant de la minorité de blocage l’Etat français s’arrange avec un règlement intérieur qu’il a nécessairement approuvé pour que d’après le dit règlement intérieur, l’exécutif de l’entreprise puisse faire ce qu’elle veut en dédouanant l’état de toutes responsabilités pour les saloperies auxquelles l’entreprise pourra participer.
Il était tout aussi simple dans le toujours dit règlement intérieur que l’entreprise s’interdit tout apport de gaz (puisque la fourniture de gaz est son premier métier) obtenu selon des procédés qui sont interdit en France. L’hypocrisie est une matière première qui a cours comme jamais dans le monde de l’énergie.