Ce 15 septembre 2021, Enedis a lancé l’appel au marché de Reflex, dans les Landes : ce projet smart grid va piloter l’effacement de la production de certains producteurs d’électricité renouvelable (en particulier photovoltaïque) en cas de forte surproduction. Le but est de pouvoir raccorder davantage de centrales renouvelables sur chaque poste source, sans avoir à effectuer des travaux d’infrastructures supplémentaires. Le gain espéré est de 130 MWc de puissance renouvelable supplémentaire. Une expérimentation du même ordre est en cours dans la Somme.
Pourquoi la surproduction photovoltaïque ou éolienne peut être dangereuse pour le réseau électrique
L’injection d’électricité issue de sources renouvelables intermittentes pose plusieurs types de soucis au réseau électrique. Si les situations où la production est trop faible pour la consommation sont plus souvent mises en avant, notamment parce qu’elles imposent l’utilisation de sources d’appoint pilotables, celles où la production est trop importantes sont tout aussi problématiques.
En effet, si, à un instant T, l’injection d’électricité sur un réseau électrique dépasse la consommation, la tension sur ce réseau va augmenter, dépassant sa fréquence normale (50 Hz), au risque de dommages considérables sur les équipements électriques. Il est dès lors indispensable de maintenir un équilibre constant entre production et consommation d’électricité sur un réseau électrique.
L’intermittence d’une source de production électrique peut donc devenir hautement problématique si la production devient trop forte pour la consommation. C’est notamment le cas du photovoltaïque, durant des journées de plein ensoleillement en été. Dans ces moments où la consommation électrique en éclairage et en chauffage est limitée, le risque d’un pic de tension est réel.
Qui plus est, un poste source électrique est dimensionné pour recevoir une quantité maximale d’électricité. Si un trop grand nombre de centrales intermittentes sont branchées dessus, il risque d’importants dommages en cas de pic de production.
Reflex, une solution d’effacement de la production renouvelable, qu’Enedis va expérimenter pendant trois ans
C’est pour répondre à ces problématiques qu’Enedis développe différentes solutions de flexibilité, en particulier des dispositifs d’effacement de la production photovoltaïque (qu’il ne faut surtout pas confondre avec l’effacement de la consommation, autre outil de la flexibilité, mais en cas de consommation dépassant la production). Ce 15 septembre 2021, Enedis a ainsi lancé l’appel de marché du projet Reflex dans les Landes.
Cette expérimentation, développée également dans la Somme, va permettre d’effacer une partie de la production photovoltaïque en cas de surproduction. Reflex a donc pour objectif d’augmenter la quantité de centrales photovoltaïques raccordées au réseau sans infrastructures supplémentaires.
En effet, une fois ce dispositif mis en place, « les installations éoliennes et photovoltaïques pourront être raccordées sans attendre des travaux supplémentaires notamment dans les postes-sources en permettant l’augmentation des capacités d’accueil en contrepartie d’écrêtements ponctuels des producteurs », selon Enedis.
Pour vulgariser, Christophe Cres, directeur territorial d’Enedis dans les Landes, décrit Reflex comme un « bison futé de l’électricité » :« Sur une autoroute à deux voies, on ne va pas mettre une troisième voie pour un ou deux jours d’embouteillages dans l’année. On va plutôt demander aux conducteurs d’éviter de se déplacer. Le principe de Reflex est un peu le même : quelques heures dans l’année, on va demander à des producteurs photovoltaïques dans les Landes de s’effacer », explique-t-il.
Dans le détail, un centre de prévision de la production photovoltaïque situé à Pau pourra anticiper les flux à J+1. Si la production menace de dépasser la consommation, le smart grid demandera aux producteurs d’éteindre quelques-uns de leurs panneaux solaires pendant une courte durée (10 à 15 heures par an). Permettant ainsi de lisser la production, et autorisant, de fait, de raccorder davantage d’installations photovoltaïques sur le territoire, sans risquer de surproduction.
Enedis estime que l’ensemble du dispositif permettra de raccorder 200 MWc de puissance supplémentaire sur les deux territoires, dont 130 MWc dans les Landes. Reflex participe ainsi à l’ambition du département d’atteindre une électricité 100% renouvelables à horizon 2030. L’expérimentation va se poursuivre jusqu’en 2024 et, en cas de succès, elle pourra être étendue sur l’ensemble du territoire.
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