Ce 18 juin 2021, le gouvernement a durci les règles d’implantation d’un parc éolien en France : le périmètre imposant l’autorisation du Ministère des Armées passe ainsi de 30 à 70 kilomètres d’un radar militaire. Le même jour, le Sénat a voté un amendement à la Loi Climat, qui donnerait un droit de veto aux communes sur l’implantation d’un parc éolien.
Le périmètre interdisant d’implanter une éolienne autour d’un radar militaire étendu à 70 kilomètres
L’éolien est certes l’un des fers de lance de la transition énergétique française, en témoigne sa place centrale dans la dernière Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE). Le gouvernement s’est notamment donné l’objectif de doubler le parc éolien terrestre français en 7 ans. Mais la filière éolienne française connait actuellement une zone de turbulence, contestée publiquement, et freinée par des décisions gouvernementales.
Ce 18 juin 2021, le gouvernement a ainsi officialisé un changement de réglementation sur l’implantation d’un parc éolien à proximité d’un radar militaire. Jusqu’ici, les projets de parc dans un rayon de 30 kilomètres autour d’un radar devaient obtenir l’aval du Ministère des Armées pour être autorisés. Désormais, cette zone est étendue à 70 kilomètres.
Pour tout projet éolien dans ce périmètre de 70 kilomètres, les services du Ministère des Armées étudieront la disposition des éoliennes par rapport aux radars, la nature du relief et la « faisabilité du projet au regard de la gêne occasionnée sur le radar ainsi que des exigences de sécurité nationale en matière de posture permanente de sûreté », avant de donner ou non leur accord. Les projets à moins de 5 kilomètres d’un radar demeurent interdits.
Cette mesure a fait l’objet d’une passe d’arme musclée entre le Ministère de la Transition Ecologique, favorable au statu quo, et celui des Armées, qui mettait en avant les risques de brouillage des radars par les éoliennes. Matignon a arbitré en faveur de ce dernier, en incluant toutefois une clause de revoyure : dans six mois le gouvernement fera le point sur les projets éoliens concernés par cette nouvelle réglementation, et si l’impact est trop important, la règle pourrait être changée.
Le Sénat adopte un amendement sur un veto des communes sur les parc éoliens… que l’Assemblée Nationale devrait retoquer
Ce même 18 juin 2021, le Sénat, en plein examen de la future Loi Climat, adoptait un amendement qui limiterait grandement les possibilités d’extension de l’éolien en France. Il prévoit en effet un droit de veto des communes pour l’implantation d’un parc éolien. Là encore, le débat a donné lieu à une opposition enflammée entre les sénateurs LR, porteurs de l’amendement, et leurs homologues écologistes.
« L’implantation d’éoliennes pose un problème majeur d’acceptabilité. Peut-être parce qu’on n’a pas suffisamment expliqué qu’il y avait une pollution lumineuse, sonore, un impact sur les couloirs de migration des oiseaux, que dans le calcul de l’amortissement de l’éolien, on n’avait pas pris assez en compte le recyclage de l’éolienne et du béton », a défendu le sénateur LR Etienne Blanc.
« Donc le Sénat, qui a longtemps été considéré comme Jacobin, […] est tout à coup saisi d’une frénésie de municipalisme libertaire ! C’est assez nouveau », a répliqué avec ironie Ronan Dantec, sénateur écologiste de Loire-Atlantique. Il estime qu’avec une telle logique, aucun équipement d’intérêt national ne pourrait plus être implanté : « derrière, vous n’aurez plus de méthanisation, de deux fois deux voies, ou plus jamais de centrale nucléaire… », poursuit-il. « Ce genre d’amendement met à terre toute stratégie énergétique. Ce n’est pas sérieux et vous le savez. Ce type d’amendement répond à l’air du temps », conclue Ronan Dantec.
Présente en séance, la Ministre de la Transition Ecologique Barbara Pompili a reconnu qu’il fallait améliorer l’acceptabilité des éoliennes via davantage de concertation en amont, notamment en impliquant les populations locales. Elle a annoncé qu’elle allait demandé aux préfets de réaliser une cartographie par département des sites éoliens possibles, et imposé une « déclinaison par région de nos objectifs de programmation pluriannuelle de l’énergie ». Mais elle s’est déclaré opposé au principe du veto, préférant la concertation à « un verrou ». Sa voix devrait être suivie par l’Assemblée Nationale, qui devrait, en toute logique, annuler cet amendement.
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