Les organisations syndicales ont appelé les salariés d’EDF et d’Engie et les usagers de l’énergie à manifester, ce mardi 22 juin 2021, pour appeler à la création d’un service public de l’énergie et empêcher le projet de réforme d’EDF en deux ou trois sociétés. Ce projet, anciennement appelé « Hercule » et renommé récemment « Grand EDF », a été retoqué par l’Union Européenne. Egalement contesté par les organisations syndicales, il est actuellement dans l’impasse.
Le projet « Grand EDF », ex-« Hercule », en plein blocage
Rebaptisé « Grand EDF », le projet « Hercule » de restructuration d’EDF en deux ou trois sociétés distinctes aboutira-t-il un jour ? Début mai, l’Union Européenne a rejeté la dernière proposition française, que continuent de combattre les organisations syndicales.
Le dernier état de la réforme proposait une revue à la hausse de l’Arenh (à 48 euros le MWh), une scission d’EDF en un EDF « Bleu », public, regroupant le nucléaire, le réseau de transport et une filiale indépendante gérant l’hydro-électricité, et un EDF « Vert », coté en Bourse, regroupant les activités de vente, de services, de renouvelables et de distribution d’électricité (Enedis), le tout dans un groupe intégré, où tous les salariés conserveraient le statut IEG (Industries électriques et gazières) et où les flux financiers entre entités pourraient se poursuivre.
L’ensemble devait permettre au groupe, fortement endetté, de retrouver une capacité d’investissement nécessaire aux grands défis des années à venir (éventuel renouvellement du parc nucléaire, développement des renouvelables dans le monde entier).
Or, Bruxelles ne veut pas entendre parler d’échanges financiers entre EDF Bleu et Vert, de crainte que l’Etat Français ne puisse indirectement soutenir EDF Vert, ou que des subventions croisées faussent la concurrence. Les organisations syndicales, de leur coté, refusent notamment de voir Enedis, son expertise, ses lucratives activités et ses 38 500 salariés, passer sous le contrôle d’une société cotée en Bourse. L’intégration d’Enedis dans EDF Vert semble pourtant indispensable pour attirer les investisseurs nécessaires aux grandes ambitions d’EDF dans le renouvelables, au niveau mondial.
Manifester pour défendre un service public de l’énergie
Face à cette situation bloquée, les organisations syndicales ont appelés les personnel IEG et les usagers à se mobiliser mardi 22 juin 2021 pour appeler à la création d’un service public de l’énergie, et à l’annulation de ce projet « Grand EDF ».
Le gouvernement est actuellement en pleine négociation avec les syndicats pour mettre sur pied une nouvelle mouture de la réforme, acceptable pour eux, pour pouvoir la défendre à Bruxelles. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, continue de marteler que la garantie de l’unité du groupe était une « ligne rouge » de la France dans ses négociations avec l’Union Européenne.
« Il y aurait deux fenêtres de tir en juillet et octobre pour un débat au Parlement. Trois solutions se dessinent. La première, qu’il n’y ait pas de réforme et qu’il laisse le prochain président décider de l’avenir d’EDF. La deuxième, la réforme telle qu’elle nous a été présentée depuis le début. La troisième, ce serait une moitié de réforme », détaille Sébastien Ménesplier, le secrétaire général de la CGT-FNME, organisatrice de cette mobilisation.
Dans cette dernière optique, Enedis « ne serait pas forcément intégré dans la société avec les énergies renouvelables et son capital ne serait pas ouvert. Le prochain président déciderait de l’avenir d’Enedis », expose le dirigeant syndical. Cette voie pourrait être, selon lui, « acceptable par certaines fédérations ». Pour autant, il milite pour « sortir l’énergie du marché, néfaste pour l’intérêt général ».
Mais cette position semble parfaitement inconciliable avec la doxa libérale qui gouverne actuellement l’Union Européenne. Les prochains mois s’annoncent tendus sur ce dossier ô combien stratégique pour l’avenir énergétique et climatique de la France.
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