Ce vendredi 11 juin 2021, en Roumanie, plusieurs spécialistes du nucléaire ont expliqué pourquoi le pays avait choisi cette énergie, associée aux renouvelables, pour atteindre ses objectif climatiques. Le recours au nucléaire semble pour eux la seule voie possible pour décarbonner la production d’électricité en Roumanie, et fermer les centrales au gaz et au charbon. La Roumanie soutient d’ailleurs l’intégration du nucléaire dans la taxonomie verte.
La Roumanie va construire deux nouveaux réacteurs dans la centrale nucléaire de Cernavodă
La Roumanie a fait le choix du nucléaire pour assurer sa transition énergétique, et le pays espère que l’Union Européenne intégrera l’atome dans sa très attendue taxonomie verte – pour l’heure, la question demeure en suspens. Ce 11 juin 2021, le reporter d’Euronews Hans von der Brelie a publié le résultat d’une enquête, où il est parti à la rencontre de spécialistes de l’énergie nucléaire en Roumanie, pour comprendre les raisons des choix énergétiques des autorités roumaines.
Actuellement, les combustibles fossiles assurent environ 40% de la production électrique roumaine (dont 25% pour le charbon). Le pays dispose de deux centrales nucléaires, héritées de la période communiste, à Cernavodă, petite ville au bord du Danube. Fin octobre 2020, les premiers ministres roumains et français, Ludovic Orban et Jean Castex, ont signé une déclaration d’intention de coopération dans le domaine du nucléaire civil pour la construction des réacteurs 3 et 4 de Cernavodă et à la rénovation du réacteur 1. Cet accord acte la participation de la France, aux cotés des Etats-Unis et du Canada, à l’extension de cette centrale.
La Roumanie envisageait au départ d’agrandir Cernavodă via un partenariat avec la Chine et le Canada, un projet piloté par China General Nuclear Power (CGN). Mais ces discussions ont été rompues, et c’est bien un consortium dirigé par la société d’ingénierie américaine AECom, avec des partenaires canadiens, français et roumains (dont Orano) qui développera l’extension de la centrale nucléaire, pour un total de 8 milliards de dollars.
Pour atteindre les objectifs climatiques de la Roumanie, « nous devons développer les énergies renouvelables et continuer le programme nucléaire »
Pour Teodor Chirica, président du conseil d’administration de Nuclearelectrica, à Bucarest, ce choix d’investissement s’imposait pour tenir les engagements de la Roumanie dans l’Accord de Paris : « Pour atteindre ces objectifs, nous devons développer les énergies renouvelables et continuer le programme nucléaire : il est impossible de les remplir sans cela. Aujourd’hui, on parle de 18 à 20% de nucléaire dans notre mix énergétique ; 30 à 35% est une part atteignable d’ici à 2050 si on reste sur la progression que nous avons aujourd’hui », expose-t-il.
Il espère par ailleurs que le nucléaire sera intégré à la taxonomie verte, tout en critiquant la posture des opposants à cette décision : « Les uns sont dans une posture politique, idéologique et les autres s’appuient sur la science. Si dans le pire des cas, la liste de référence de l’Union européenne, la taxonomie, n’intègre pas le nucléaire, cela ne veut pas dire que nous ne pourrons pas développer le nucléaire. Le problème, c’est que nous ne pourrons pas avoir accès à des financements abordables comme dans le cas des autres énergies et cela pourra pénaliser l’aspect économique du projet », défend Teodor Chirica.
Le chef d’équipe de la centrale Cernavodă, Costin Antonie, avance des arguments similaires, en décrivant le mix idéal pour décarboner la production d’électricité en Roumanie : « Le premier élément, c’est l’énergie nucléaire qui est la base parce qu’elle est toujours disponible quand on en a besoin. Ensuite, il y a les renouvelables : on en a en Roumanie, il faudrait les maintenir et même investir plus là-dedans, mais elles ne sont pas disponibles tout le temps et ce manque de disponibilité est compensé par le nucléaire ».
Parallèlement au développement de son programme nucléaire, la Roumanie veut investir largement pour exploiter au mieux son potentiel dans l’éolien et le photovoltaïque. La Roumanie fait partie des nombreux pays de l’Est de l’Europe, membres de l’Union Européenne, et qui ont décidé d’investir dans le nucléaire pour tenir leurs objectifs climatiques, aux cotés de la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et la Bulgarie.
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