Le Brésil traverse actuellement une période de sécheresse exceptionnelle. A mesure que les ressources en eau diminuent, l’impact sur la production d’électricité se fait lourdement sentir. Si le risque de pénurie électrique est pour l’instant écarté, le gouvernement doit pourtant prendre des mesures d’urgence pour assurer un minimum de production hydroélectrique. Le moment est d’autant plus critique que la population et le redémarrage de l’activité industrielle pourraient en souffrir.
Sécheresse historique au Brésil
C’est la pire sécheresse que le Brésil a traversé depuis vingt ans. Depuis l’année dernière, le Brésil enregistre des précipitations particulièrement basses. Entre novembre et mars, la saison des pluies, il n’est pas tombé assez d’eau pour sécuriser les ressources du pays. A tel point que cette année, la situation hydraulique est critique, avec des fleuves à des niveaux historiquement bas. Le 10 mai dernier, le président brésilien, Jair Bolsonaro, a même estimé qu’il s’agissait de la pire crise d’eau de toute l’histoire du Brésil.
Si le manque d’eau représente déjà un problème important pour les êtres humains et les cultures, il impacte aussi grandement la production électrique du Brésil. Le pays tire une part substantielle de son électricité grâce à ses nombreuses centrales hydroélectriques.
Au Brésil, une production électrique dépendante de l’eau
Le Brésil est le troisième pays à produire le plus d’électricité verte au monde. Et pour cause : le pays a tiré parti de ses importantes ressources hydrauliques pour développer la filière hydroélectrique. En 2019, le mix électrique brésilien reposait sur 82,2% d’électricité issue des énergies renouvelables, dont 63,5% issue de l’hydroélectricité. Si cet apport crucial de l’hydroélectricité permet un mix électrique bas carbone, il est malheureusement tributaire des aléas climatiques.
Cette année, le Brésil se trouve dans une situation préoccupante. Les 217 centrales hydroélectriques sont loin de fonctionner à plein régime. Les réserves d’eau sont seulement à 32% de leurs capacités. Cette baisse ralentit la production électrique, et le pays a désormais du mal à couvrir ses besoins électriques.
Des mesures exceptionnelles pour faire face à la crise électrique
Le Brésil fait-il face à un risque de pénurie électrique ? Pour l’instant, les autorités de montrent rassurantes. L’Opérateur National du Système Electrique brésilien écarte tout risque de pénurie électrique. Le ralentissement de l’activité industrielle, liée au covid, permet de temporiser sur les besoins électriques nationaux. Mais tant que la production hydroélectrique ne repartira pas à la hausse, l’industrie brésilienne ne pourra pas redémarrer.
Pour répondre au problème, le pays a déjà pris plusieurs mesures. Le pays, qui est déjà le troisième importateur mondial d’électricité, a décidé de renforcer ses importations d’électricité depuis l’Uruguay et l’Argentine. Début mai, le Comité de surveillance de l’électricité a également validé l’augmentation de la production d’électricité d’origine thermique. Toutefois, même à plein régime, les centrales thermiques fossiles du Brésil ne pourront pas combler la baisse de la production hydroélectrique.
En renfort de ces décisions, l’Agence Nationale des Eaux du Brésil a décrété, le 1e juin dernier, la situation critique de « pénurie des ressources hydriques ». Concrètement, cette déclaration permet de modifier temporairement les règles de captation de l’eau pour faire fonctionner les centrales hydroélectriques. Dans le pire des scénarios, si ces mesures ne sont pas suffisantes, l’ANA pourrait mettre en place des restrictions d’eau qui toucherait la consommation courante et l’irrigation des cultures. Et ce afin d’assurer un débit d’eau minimum pour la production d’électricité.
Quels enseignements pour la production d’électricité au Brésil ?
L’impact des périodes de sécheresse sur la production d’électricité n’est pas un problème nouveau au Brésil. Le pays a déjà traversé des crises ces dernières années. En 2001, il avait dû mettre en place des restrictions d’eau pour ménager sa production hydroélectrique. Une mesure qui n’avait pas suffit pour éviter une gigantesque panne sur le réseau électrique. Entre 2015 et 2018, le Brésil a encore traversé des périodes de sécheresse et sa production électrique a encaisse une baisse drastique. Le pays a alors dû porter ses importations électriques à 1 131 GWh. Un niveau historiquement haut.
Au-delà des épisodes de sécheresse, l’hydroélectricité a de plus en plus de mal à assurer la sécurité électrique du Brésil. En l’espace de dix ans, elle a même drastiquement baissé. Si en 2019 la filière hydroélectrique fournissait 63,5% de l’électricité du pays, en 2009 elle en fournissait 83,9%. Les aléas climatiques rendent cette ressource électrique dure à gérer pour le Brésil, dont le potentiel hydroélectrique représente pourtant une ressource énergétique cruciale. Et même si tout le potentiel hydroélectrique du Brésil n’est pas encore exploité, il semble que cette ressource ne soit finalement pas le meilleur pari pour l’avenir.
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