Avis de gros temps sur la smart city. La ville intelligente se veut le fleuron de l’innovation technologique au service d’un nouveau quotidien, notamment d’un point de vue énergétique. Mais la pandémie mondiale a réorienté les priorités. Même les géants américains, figures de proue de visions ambitieuses et futuristes, se désinvestissent. Quelques mois après Google, qui a abandonné sa filiale Sidewalks Labs, c’est au tour de Cisco d’annoncer, ce lundi 4 janvier 2021, l’abandon de sa ligne de produits calibrés pour la smart city.
Cisco débranche sa filiale dédiée à la smart city
Cisco, le géant américain des serveurs et des réseaux informatiques, a annoncé, ce lundi 4 janvier 2021, qu’il abandonnait Cisco Kinetic for Cities, sa filiale dédiée aux équipements dédiés à la smart city : « Nous avons récemment décidé d’arrêter les ventes et de soutenir la ligne de produits Cisco Kinetic for City afin d’adapter nos investissements aux besoins du marché et aux exigences des clients », a déclaré la firme dans un communiqué.
La smart city utilise les nouvelles technologies, en particulier les capteurs et les objets connectés, pour améliorer la qualité des services urbains ou réduire leurs coûts. Elle présente souvent un volet énergétique, notamment en optimisant l’usage de l’éclairage urbain, en modernisant les réseaux de distribution de gaz ou d’électricité, voire en créant de nouveaux quartiers à l’efficacité énergétique optimale ou utilisant de nouvelles sources d’énergies renouvelables.
Les technologies de la smart city faisaient encore récemment partie des priorités dans l’application des innovations au quotidien d’un territoire. De nombreuses villes ont massivement investi dans ces solutions, aussi bien à l’étranger qu’en France.
Pour autant, la smart city connait une crise de croissance, largement accentuée par la crise sanitaire du Covid-19. La question de la rentabilité sur le long terme de ces investissements peut se poser, et l’absence de solutions unifiées complexifient son déploiement dans les villes – même si l’éclairage intelligent et l’efficacité énergétique ont prouvé leur rentabilité. Les coupes budgétaires imposées aux villes par la crise sanitaire ont retardé ou annulé de nombreux investissements dans des solutions intelligentes.
Une rentabilité problématique
Dès lors, plusieurs géants de la technologie ont récemment décidé de désinvestir dans la ville intelligente. En mai 2020, c’est Alphabet, la maison-mère de Google, qui mettait de coté Sidewalk Labs, sa filiale constituée pour construire de toute pièce un quartier intelligent futuriste à Toronto : « C’est devenu trop difficile de rendre ce projet de 5 hectares viable financièrement sans sacrifier des éléments essentiels du plan. Après de longues discussions et délibérations, nous avons conclu qu’il n’était plus logique de continuer le projet Quayside et nous en avons informé Waterfront Toronto », exposait à l’époque Dan Doctoroff, CEO de Sidewalk Labs.
Aujourd’hui, c’est au tour de Cisco de jeter l’éponge. L’entreprise avait lancé Cisco Kinetic for Cities en 2017 pour proposer des solutions « clés en main » aux municipalités, et y avait investi 1 milliard de dollars. Certes, Cisco va poursuivre les partenariats déjà noués avec des municipalités, et achever le développement des solutions en cours d’implémentation. Mais l’entreprise a annoncé qu’elle allait recentrer ses activités sur la cyber-sécurité.
Laisser un commentaire