L’énergie n’est pas réputée pour être le secteur de prédilection de Google. Pourtant, cette évidence n’a pas suffit à stopper le géant américain : se lancer dans un projet visant à promouvoir l’énergie solaire grâce à toutes les technologies Google. Lancé en 2015, le Projet Sunroof est désormais bien avancé puisqu’il a réussi, en mars dernier, à cartographier l’intégralité du territoire américain pour définir de manière très précise les zones les plus propices au développement de l’énergie solaire. A l’heure où les énergies renouvelables ne sont plus dans la liste des priorités de la Maison Blanche, Google espère remettre les énergies vertes sur le devant de la scène. C’est aussi un moyen de se positionner sur un marché en pleine expansion à l’échelle mondiale.
L’idée de cartographier le potentiel solaire des territoires n’a rien de nouveau. En France par exemple, le cadastre solaire existe depuis 2011. Mais en se saisissant du sujet de l’énergie solaire, Google ne voulait pas simplement créer un répertoire d’informations, il souhaitait mettre au point un outil ludique et dynamique qui permettrait très facilement à chaque consommateur d’estimer précisément le potentiel solaire de son habitation.
Pour mettre le Projet Sunroof sur pied, Google s’est appuyé sur des technologies maison, à commencer par les célèbres Google Maps et Google Earth qui ont permis la captation des images. Ensuite, Google s’est appuyé sur des modélisations en 3D et l’utilisation du marchine learning pour offrir aux utilisateurs des données particulièrement complètes. Le but du Projet Sunroof est de cartographier l’ensemble du territoire américain pour permettre à chacun de trouver sa maison et découvrir des données personnalisées sur le potentiel solaire de la toiture. Avec les informations mises à disposition par Google, chaque consommateur peut alors savoir s’il serait judicieux d’installer des panneaux solaires.
Tout le projet repose sur la quantité et la précision des données collectées et analysées. Grâce à ces données, Google est capable de jouer les conseillers énergétiques gratuits pour les particuliers. Il suffit à un propriétaire de rentrer son adresse pour tout connaître du potentiel solaire de son habitat : Google est capable de calculer le nombre d’heures d’ensoleillement auquel est exposé le toit, mais il peut aussi estimer le nombre de panneaux solaires que la toiture pourrait recevoir ainsi que les économies que le propriétaire pourrait faire avec une installation photovoltaïque.
Et ce qui fait la force du service proposé par Google, c’est que le Projet Sunroof est capable de prendre en compte le moindre détail qui va peser dans le calcul de l’ensoleillement. Il peut ainsi calculer les ombres portées sur une toiture, qu’il s’agisse des bâtiments proches ou des arbres. Le super calculateur de Google est aussi capable de prendre en compte l’historique des températures et les conditions météorologiques de la zone d’habitation. Pour autant, Google ne renie pas ses racines, et le Projet Sunroof est complété par une liste commerciale qui permet de prendre connaissance des différents panneaux solaires disponibles sur le marché ainsi que des sociétés prestataires qui peuvent réaliser les travaux d’installation.
En mars 2017 Google a annoncé officiellement qu’il avait réussi à quadriller l’intégralité du territoire américain. Un travail de titan qui a pris deux ans et permis de couvrir pas moins de 60 millions de bâtiments privés et publics. Et le Projet Sunroof ne s’est pas arrêté là : Google a lancé une analyse préliminaire du potentiel solaire général des Etats-Unis. Il s’avère que de nombreuses villes ne tirent actuellement pas de bénéfice de leur excellente exposition : selon les estimations, 79% des toitures américaines pourraient accueillir des panneaux solaires. De quoi envisager de formidables économies, tant d’un point de vue financier qu’environnemental. Les analyses du Projet Sunroof montrent en particulier que les grandes villes américaines ne sont pas bonnes élèves en matière d’énergie solaire. Ainsi, la ville de Houston, au Texas, s’avère être la ville américaine au plus fort potentiel solaire, suivie de près par les villes de Los Angeles (Californie), Phoenix (Arizona), San Antonio (Texas), et plus surprenant la ville de New-York. Grâce aux projections réalisées à partir des données du Projet Sunroof, les experts de Google ont conclu qu’en développant leur potentiel solaire, les dix premières villes des Etats-Unis pourraient à elles seules couvrir les besoins énergétiques de 8 millions de foyers américains.
Actuellement, les Etats-Unis sont encore très à la traîne en matière d’énergies renouvelables en général, et d’énergie solaire en particulier. Pour l’année 2015, le solaire n’avait représenté que 0,86% de la production d’électricité américaine. Un score pour le moins anecdotique qui est d’autant plus difficile à expliquer quand on le confronte aux chiffres du Projet Sunroof en ce qui concerne le potentiel solaire des Etats-Unis.
Avec ce projet, Google s’impose comme un allié de choix pour les pouvoirs publics locaux américains. Malgré le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris, de nombreuses villes américaines et quelques états comme la Californie entendent bien poursuivre leur effort pour limiter le réchauffement climatique et rejeter moins de gaz à effet de serre. Dans cette logique, Cooper Martin, le directeur de l’institut des villes durables, s’est officiellement exprimé en faveur du Projet Sunroof. Selon lui, “Les informations que nous fournit Sunroof peuvent nous aider à diriger les politiques de la ville en ce qui concerne l’énergie solaire.”
En faisant la démonstration du potentiel solaire du territoire américain, la firme américaine compte bien réinjecter un peu de dynamisme dans le marché des panneaux solaires. D’autant que les technologies photovoltaïques ont énormément progressé ces dernières années, et que le coût moyen d’un panneau solaire a baissé ces dix dernières années. Dans le même temps, de nouvelles firmes ont émergé, avec des solutions toujours plus innovantes, à l’image de Tesla et de ses tuiles solaires pour couvrir les toitures des particuliers. Le solaire n’a jamais été aussi séduisant.