Deux récents reportages, programmés sur le service public français (Arte, France Info), remettent fortement en cause l’impact environnemental des énergies renouvelables, et tout particulièrement des voitures électriques. Les arguments avancés ne tiennent pas longtemps face aux données scientifiques réelles et mises à jour. Ce mardi 1er décembre 2020, plusieurs spécialistes se sont lancés dans de salutaires opérations de débunkage.
Fake news en série sur l’impact environnemental des voitures électriques
Le débunkage consiste à réfuter de fausses informations par des données précises, sourcées et vérifiées, souvent avec l’appuis de la recherche scientifique. L’Occident en général, et la France en particulier, fait face à une montée de théories contestant l’intérêt environnemental des énergies renouvelables et des voitures électriques.
Ce courant d’opinion s’est récemment retrouvé sous les feux des projecteurs, par la grâce de deux reportages qui ont fait les gros titres de la presse généraliste, La face cachée des énergies vertes, diffusé le 24 novembre 2020 sur Arte, et Des voitures électriques pas si écologiques sur France Info. Les deux reportages insistent largement sur la pollution générée par la voiture électrique, parfois avec des informations fausses ou biaisées, plus rarement avec justesse, mais sans jamais les comparer avec l’impact environnemental des alternatives thermiques existants.
De quoi faire réagir plusieurs spécialistes de la question, qui ont proposé, ce 1er décembre 2020, deux beaux exercices de débunkage. Le spécialiste du marché des matières premières, Didier Julienne, explique, dans La Tribune, pourquoi l’idée selon laquelle une voiture électrique « polluerait autant voire plus qu’une automobile classique à cause de sa batterie composée de « métaux rares » non recyclables » est une « fake-news anti-voiture électrique ».
Il rappelle notamment que « les batteries ne contiennent pas de « terres rares » et nul n’ignore que les gros consommateurs de ces lanthanides sont encore les voitures essence et diesel. Naturellement, l’ensemble rentre déjà dans une boucle d’économie circulaire vertueuse, car ces matières sont recyclables ».
Qui plus est, la recherche avance pour trouver des alternatives aux composants les plus problématiques d’une batterie de voiture électrique, cobalt, nickel, manganèse ou lithium. Même s’ils sont loin d’être en pénurie, leur part dans la composition d’une voiture électrique ne cesse de baisser au profit d’autres matériaux, plus abondants ou plus facile à extraire.
La position défendue par les deux reportages a été « construite pour discréditer en Europe les usines et le progrès technique de la mobilité électrique, sans jamais proposer d’alternative sinon tout stopper, elle fait fuir les entreprises, fait passer l’industriel pour un voyou et la science une malédiction », attaque Didier Julienne.
« Il faut se baser sur les faits et sur la science pour pouvoir choisir les bonnes solutions »
De son coté, le journaliste Marc Muller démonte, un à un, les arguments des deux reportages dans un entretien avec Automobile Propre. Son avis sur le film d’Arte est sans ambiguïté : « ce documentaire est tellement manipulé et orienté, que c’est véritablement un cas d’école d’analyse ».
Il rappelle par exemple que, contrairement à ce qu’affirment les reportages, la recherche actuelle tend à débarrasser les voitures électriques du néodyme, un matériaux très polluant à extraire et à transformer, et que les éoliennes n’en utilisent plus.
Marc Muller renvoie également vers les écobilans les plus récents qui montrent les progrès considérables en terme d’impact environnemental des voitures électriques : entre 2010 et 2020, la capacité moyenne des batteries est passée de 60 à 200-250 Wh par kilo, la quantité de ressources minières utilisée a été divisé par quatre, avec une utilisation accrue des renouvelables pour fabriquer les voitures et leurs batteries. Au final, « l’impact environnemental d’une voiture électrique par rapport à 2010, c’est 3 à 10 fois moins en 2020 », défend Marc Muller.
Une récente analyse a d’ailleurs montré que les voitures électriques émettent moins de gaz à effet de serre, dès maintenant, que leurs équivalents thermiques tout au long de leur cycle de vie – même en utilisant une électricité produite en grande partie par des centrales au charbon ou au gaz.
« Les journalistes de ces vidéos adoptent des positions anti tout. (…) Maintenant, ce qu’il faut, c’est arrêter de brouiller les cartes et faire des propositions concrètes, nous dire comment on sort de là », dénonce le journaliste. « Si on veut avancer dans la transition énergétique et la transition écologique, il faut se baser sur les faits et sur la science pour pouvoir choisir les bonnes solutions », conclue-t-il.
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