Ce samedi 17 octobre 2020, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé, depuis un navire de forage, que le gisement de gaz naturel découvert cet été par la Turquie dans la Mer Noire était plus important que prévu. Les réserves sont estimées à 405 milliards de mètres cube, et devraient être exploitées à partir de 2023 par Ankara. Cette annonce survient dans un contexte géopolitique tendu avec la Grèce, Chypre, et donc l’Union Européenne, sur la question de l’exploitation du gaz naturel en Méditerranée orientale.
En août 2020, les autorités turques ont annoncé avoir découvert le plus grand gisement de gaz naturel de leur histoire, dans la Mer Noire. Les réserves étaient estimées à l’époque à 320 milliards de mètres de cube.
Mais, ce samedi 17 octobre 2020, le président turc Recep Tayyip Erdogan, à bord du navire de forage Fatih (“le conquérant”, en turc) déployé en mer Noire, a revu ces estimations à la hausse : “il y a 85 milliards de mètres cubes supplémentaires (…) La réserve de gaz naturel a donc atteint 405 milliards de mètres cubes”. D’après le président, ce gaz devrait arriver dans les foyers turcs à partir de 2023.
Depuis plusieurs années, la Turquie mène une politique volontariste pour s’affirmer comme un acteur énergétique régional, et réduire sa dépendance aux importations d’hydrocarbures, en particuliers russes. Le gaz naturel est la tête de pont de cette ambition.
Outre la Mer Noire, la Turquie veut également prendre le contrôle d’une partie des immenses réserves de gaz naturel découvertes récemment en Méditerranée orientale. Si la plupart des autres pays limitrophes ont négocié ou sont en passe de négocier des accords politiques pour se partager les exploitations, la Turquie mène des initiatives unilatérales dans des zones maritimes revendiquées également par la Grèce et Chypre.
“La Grèce a déjà signé ou est sur le point de signer une série d’accords avec l’Italie, l’Egypte, Chypre pour fixer les lignes de démarcations afin de solidifier ses zones économiques, et aussi rassurer ses partenaires. Israël et le Liban, qui ne sont pas les meilleurs amis du monde, entament également des négociations… Le gaz a un effet pacificateur ! Tandis que la Turquie, elle, s’est retrouvée à l’écart. Pour moi, les Turcs ont une position idéologique. Au lieu de chercher un accord économique, ils suivent une politique expansionniste, néo-ottomane”, expose Nicolas Gros-Verheyde, journaliste spécialisé sur cette question à nos collègues de RTBF.
Cette semaine, un nouveau navire de recherche sismique turc s’est aventuré dans des eaux revendiquées par la Grèce, provoquant de vives réactions de l’Union Européenne et des Etats-Unis. Rappelons qu’en juin 2020, deux incidents militaires avaient opposés des navires turcs et, respectivement, la marine grecque et un navire français, à propos d’un trafic d’armes supposés.
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ça va mal se terminer pour Erdogan, il veut imiter Ceausescu ?