Ce mercredi 29 janvier 2020, en Allemagne, le Conseil des Ministres doit approuver la loi qui orchestre la sortie du charbon du pays, programmée pour 2038, voire 2035. Si les ambitions au long terme sont cohérentes avec le compromis trouvé voici un an, les défenseurs de l’environnement critiquent des objectifs intermédiaires nettement en deçà des promesses.
Le Conseil des Ministres va voter la fin du charbon en Allemagne pour 2038
Fin janvier 2019, en Allemagne, au terme de longues discussions, la Commission charbon, qui regroupe les milieux politique, industriels, énergétiques et environnementaux, présentait un rapport qui proposait une voie pour orchestrer la sortie du charbon de l’Allemagne.
Charbon et lignite représentaient encore 38% de la production d’électricité allemande en 2018 – ils ont fortement reculé en 2019, mais essentiellement sous l’effet d’une année exceptionnelle en termes de conditions climatiques (vents particulièrement forts, dopant la production éolienne).
L’année commence par une bonne nouvelle en Allemagne : le charbon & le lignite reculent ! Les émissions de CO2 y ont d’ailleurs reculées de 7% en 2019 https://t.co/9McvWlzLeE pic.twitter.com/wHvyNymUvo
— JeanFrancois Leblanc (@leblancjeanfran) January 28, 2020
Ce mercredi 29 janvier 2020, le Conseil des Ministres va approuver un texte de loi qui s’inspire du rapport de la Commission charbon. Il prévoit ainsi une fermeture des 120 centrales à charbon d’Allemagne à horizon 2038, voire 2035. Pour atteindre cet objectif, l’Etat Fédéral va débloquer 40 milliards d’euros sur 20 ans, dont 14 milliards pour soutenir l’économie locale et 26 milliards pour accompagner la transition énergétique des acteurs du secteur. Outre-Rhin, 20 000 personnes sont encore employées dans les mines de lignite et les centrales à charbon. 4,35 milliards d’euros seront par ailleurs versés aux énergéticiens exploitant des centrales à charbon.
«Nous allons pouvoir mettre un terme, de manière planifiée et sensée économiquement, à la production d’électricité issue du charbon», a déclaré la semaine dernière le ministre de l’Economie, Peter Altmaier, au terme d’une rencontre avec les représentants des 4 Länder équipés de mines ou de centrales (Saxe, Brandebourg, Thuringe, Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Ces derniers ont également affiché leur satisfaction.
Pour les organisations environnementales, « les objectifs ne vont pas être atteints »
En effet, le texte de loi prévoit une sortie beaucoup plus en douceur que prévu par le rapport de 2019. Aucune centrale ne sera fermée avant 2022. Les centrales les plus importantes continueront de tourner jusqu’en 2030. Et une nouvelle centrale à charbon ultra-moderne, Datteln 4, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, opérée par Uniper, ouvrira bien à l’été 2020.
Cette loi, si elle rassure les industriels et les politiques, a donc provoqué la colère des organisations environnementales ayant participé à la Commission charbon. «Le texte final est très différent du compromis trouvé l’an dernier. Le travail de la commission a été discrédité. Les objectifs ne vont pas être atteints », critique Barbara Praetorius, ex-présidente de cette Commission. Comparée au rapport de 2019, la loi votée aujourd’hui «va entraîner une production supplémentaire de 40 millions de tonnes de CO2 d’ici à 2030», selon Felix Christian Matthes, également membre de la commission.
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