Ce lundi 16 novembre 2019, le gouvernement allemand a annoncé une modification cruciale de sa loi sur le climat, adoptée en novembre 2019 : le montant de la taxe carbone nationale sera multipliée par 2,5 au 1er janvier 2021. Cette décision prouve la détermination de Berlin à réduire rapidement ses émissions de gaz à effet de serre, alors que le pays sera très loin de ses objectifs 2020 en la matière.
L’Allemagne porte la taxe carbone prévue par sa loi climat à 25 euros par tonne
En novembre 2019, en Allemagne, l’assemblée a adopté une loi sur le changement climatique : elle contient un éventail de mesures pour que le pays atteigne ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre, tels qu’inscrits dans le Plan Climat 2050 et dans l’Accord de Paris.
Parmi ces mesures figure l’instauration d’une taxe carbone nationale. Originellement prévue à 10 euros par tonnes, elle vient, ce lundi 16 décembre 2019, d’être portée à 25 euros par tonnes, à partir du 1er janvier 2021, sous la pression des écologistes. L’ensemble de cette loi devrait être définitivement approuvé par le gouvernement ce 18 décembre 2019.
Cette taxe carbone prouve que l’Allemagne est bel et bien déterminée à tourner la page du charbon. Rappelons qu’en 2011, suite à la catastrophe de Fukushima, l’Allemagne a programmé une sortie du nucléaire en 2022 – qui couvrait à l’époque 25% du mix électrique allemand.
Le pays était déjà lancé dans un développement à très grande échelle des énergies renouvelables, qui ne s’est pas ralenti depuis. Fin 2018, l’Allemagne disposait ainsi d’une puissance photovoltaïque installée de 45,4 GWc (9% du total mondial, numéro 1 européen) et d’une puissance éolienne de 58,9 GWc (10% du total mondial, numéro 1 européen). Contre respectivement 9 GWc et 15,3 GWc pour la France.
L’objectif 2020 de réduction des émissions de GES ne sera pas atteint
Pour autant l’Energiewende annoncée avec la fermeture programmée des centrales nucléaires a contraint le pays à conserver l’ensemble de ses centrales au charbon, et même à en ouvrir de nouvelles. Si bien que le pays se retrouve très loin de ses objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre (GES) pour fin 2020 : l’Allemagne ambitionnait une baisse de 40% par rapport à 1990, elle atteindra, au mieux, 32%.
En terme d’émissions de GES par habitant, l’Allemagne était ainsi en 2017, avec 8,70 tonnes, dans le peloton de tête européen, devancée uniquement par le cas particulier du Luxembourg, la République Tchèque et les Pays-Bas.
Pour autant, l’exécutif allemand répète que ce recours au charbon est transitoire. En 2016, au moment de l’adoption du Plan Climat 2050, la ministre de l’énergie de l’époque, Barbara Hendricks, avait ainsi déclaré : « Si vous lisez attentivement le Plan Climat, vous constaterez que la suppression des centrales à charbon est une conséquence directe des objectifs du secteur de l’énergie. […] D’ici 2030 […] la moitié de la production électrique au charbon devra être supprimée, relativement à 2014 ».
La récente loi confirme cette direction, puisqu’elle prévoit la fermeture de toutes les centrales au charbon en 2038. Une taxe carbone élevée est un des leviers permettant d’encourager cette transition énergétique, notamment dans des secteurs comme le transport (mutation vers l’électrique, avec production d’électricité verte) ou l’habitat (effort sur l’efficacité énergétique et développement du chauffage électrique).
Reste une inconnue de taille : cette métamorphose nécessite une explosion de la production électrique renouvelable ; comment l’Allemagne peut-elle y parvenir, alors que l’énergie éolienne a subi un violent ralentissement depuis 2016 et la fin des prix garantis par le gouvernement, ralentissement qui a provoqué une véritable catastrophe industrielle pour toute la filière ? D’autant plus qu’une loi en discussion devrait porter la distance minimale entre une éolienne et des habitations à 1 kilomètre, réduisant de moitié le potentiel de l’éolien terrestre outre-Rhin.
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