Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’Allemagne n’est pas totalement exemplaire en matière de transition énergétique. Pourtant, l’institut des sciences appliquées Fraunhofer a publié une étude ce jeudi 3 janvier 2019 qui tend à l’affirmer. En effet, l’organisme allemand tente de justifier les choix de Berlin pour sa production d’électricité. Ainsi, il souligne que les énergies renouvelables représentent la première source de production d’électricité en 2018. Cependant, notre voisin continue d’émettre beaucoup trop d’émissions de gaz à effet serre en raison de l’exploitation intensive du charbon.
Les EnR dominent désormais le mix électrique…
Après l’accident de Fukushima (Japon), l’Allemagne a décidé de se passer rapidement de l’énergie nucléaire. Théoriquement, les réacteurs encore en fonctionnement devront s’arrêter d’ici à 2022. Pourtant, l’atome assure actuellement 13,3 % de la production d’électricité, avec 7 réacteurs encore en service outre-Rhin.
Cependant, bien aidés par les pouvoirs publics, les énergies renouvelables ont connu un essor très important au cours des dix dernières années. À tel point, qu’elles occupent désormais la première place du mix électrique allemand, juste devant le charbon qui génère 38 % du courant.
Ainsi le mix électrique allemand serait dominé à hauteur de 40,4 % par les énergies renouvelables selon l’institut des sciences appliquées Fraunhofer (l’équivalent allemand du CNRS). Dans le détail, les énergies renouvelables dans le mix électrique se répartissent comme suit : éolien 20 %, solaire 8 %, biomasse 8,3 %, hydroélectricité 3,2 %.
En 2010, la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité n’était que de 19 %. L’évolution est donc remarquable, d’autant qu’elle n’a pas faibli entre 2017 et 2018 (+4,3 %). Selon les prévisions de l’institut, elles pourraient même représenter 65% de sa production électrique d’ici 2030. Mais qu’en est-il des 35 % restants ?
…Mais sont talonnées par le charbon et le lignite
Pour certains, les très bons chiffres de 2018 s’expliquent en grande partie par l’ensoleillement exceptionnel dont a bénéficié l’Allemagne. Une explication toutefois réfutée par l’auteur de l’étude, Bruno Burger, qui indique que la part des énergies vertes se maintiendra à un seuil de 40 % en 2019 grâce à l’installation de nouveaux parcs solaires et éoliens.
Au demeurant, la nouvelle hégémonie des énergies intermittentes (ou variables) ne doit pas occulter le recours excessif au charbon. Ce dernier talonne les EnR dans le mix énergétique allemand avec 38 %. Dans l’hypothèse où l’Allemagne renoncerait définitivement et totalement au nucléaire, les hydrocarbures assureraient alors un socle de puissance pilotable
D’ailleurs, la production électrique allemande est à l’heure actuelle dix fois plus polluante que la production française. Sylvain David, chercheur du CNRS à l’institut de physique nucléaire d’Orsay, expliquait fin novembre 2018 qu’il existe « un facteur dix sur le taux d’émission de CO2 par KWh : la France est autour de 50 grammes, l’Allemagne entre 400 et 600 selon les années ».
Cela montre bien que la sortie précipitée du nucléaire ne permet pas de répondre à l’urgence climatique. C’est pourquoi, malgré les critiques de quelques esprits chagrins, la conclusion du professeur au Collège de France Marc Fontecave ne serait-elle pas pertinente ? Ce dernier affirmait dans une tribune au journal Le Monde, le 29 décembre 2018 que « s’il y a bien une décision qui, à coup sûr, conduira en France à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, c’est celle de réduire la part du nucléaire dans la production électrique ».
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