La CRE pas décidée à approuver le plan de 33 milliards de la RTE

La CRE pas décidée à approuver le plan de 33 milliards de la RTE

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Ce mercredi 22 janvier 2020, le président de la CRE, Jean-François Carenco, a déclaré que le plan d’investissement de 33 milliards d’euros, présenté en septembre 2019 par RTE pour moderniser le réseau électrique à horizon 2035, lui semblait trop onéreux. La CRE doit donner sa décision finale sur ce sujet hautement stratégique en mars 2020.

Le président de la CRE : “RTE m’annonce 33 milliards sur 15 ans. Dit comme ça, c’est non !”

L’annonce a fait l’effet d’un pavé dans la marre. Le président de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), Jean-François Carenco, ne semble pas décidé à approuver tel quel le plan d’investissement de 33 milliards sur 15 ans présenté en septembre 2019 par RTE pour moderniser le réseau électrique haute tension (HT) et très haute tension (THT) et répondre aux défis de l’intégration accrue des renouvelables.

“RTE m’annonce 33 milliards sur 15 ans. Dit comme ça, c’est non !”, a entamé Jean-François Carenco. Il a poursuivi en évoquant le coût financier et environnemental de chaque nouvel équipement, en invitant RTE à travailler à davantage de flexibilité pour limiter les dépenses. “A chaque investissement la question doit être : y a-t-il un moyen de ne pas le faire, avec la flexibilité et la recherche d’un optimum économique ?“, détaille-t-il. Il cite parmi ces outils l'”interruptibilité” (le fait de couper l’alimentation de sites industriels en cas d’urgence), les interconnexions avec les pays voisins, le stockage…

Le président de RTE, François Brottes, s’est montré rassurant. Il comprend la posture du président de la CRE en affirmant que « c’est son rôle de dire que c’est toujours trop (cher) », mais rappelle aussi que la décision finale du régulateur sur le “schéma décennal de développement du réseau” n’aura lieu qu’en mars.

Le plan d’investissement de RTE s’appuie déjà largement sur des solutions de flexibilité

Actuellement, RTE investit 1,3 milliards d’euros par an dans la modernisation du réseau de transport HT et THT. Le nouveau plan prévoit de faire passer les investissements à 2 milliards d’euros annuels, soit 20 milliards à horizon 2030, et 33 milliards à horizon 2035.

Sur ces 33 milliards, 20 seront consacré à l’intégration des nouvelles sources d’énergies renouvelables au réseau – dont 7 milliards pour la connexion des parcs éoliens offshore, désormais à la charge de RTE suite aux renégociations du tarif avec les opérateurs, une somme difficilement compressible, et qui justifie à elle seule les deux-tiers de la hausse.

Qui plus est, à la présentation du plan, RTE avait expliqué qu’il intégrait déjà des technologies de flexibilité : « Nous avons des solutions pour optimiser les lignes afin d’absorber jusqu’à 50 GW d’éolien et photovoltaïque terrestre, soit le double d’actuellement, grâce à des automates et sans travaux d’ampleur » exposait à l’époque Thomas Veyrenc, directeur stratégie et prospective de RTE.

Les 13 milliards restant sont répartis entre 8 milliards de renouvellement d’infrastructures, 3 milliards d’euros pour le numérique (afin de piloter en temps réel le réseau de transport, et assurer une meilleure… flexibilité) et 2 milliards pour les fameuses interconnexions défendues par le président de la CRE. Autant dire que le plan en lui-même intègre déjà certaines des solutions évoquées par Jean-François Carenco.

Du coté du stockage, RTE a justement lancé officiellement, ce lundi 20 janvier 2020, le projet expérimental Ringo, d’un budget de 80 millions d’euros. Trois sites pilotes vont tester le stockage des surplus ponctuels de production éolienne et solaire et leur déstockage à distance. En évitant des pertes de production, Ringo doit permettre de ne pas avoir à construire de lignes supplémentaires.

Rédigé par : La Rédaction

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COMMENTAIRES

  • Tant de milliards dépensés, à la charge des consommateurs , pour un résultat incertain, voire nul, sur les émissions, comme l’avait déjà constaté une commission de l’assemblée Nationale en 2018 pour les investissements déjà réalisés dans les ENRi !

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  • La flexibilité a également un coup important : à chaque fois que RTE doit interrompre un gros consommateur industriel ce dernier est indemnisé, à hauteur des pertes de productions entrainées… Ce qui au final coute surement plus cher au contribuable que d’investir dans le réseau…

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  • Vaut-il mieux 2,2 milliards d’euros par an jusqu’en 2035 pour connecter durablement avec stockage de l’éolien qui en offshore est actuellement inférieur à 50 € par MWh, garanti pendant 20 ans (EDF-Innogy-Enbridge) et sera encore plus bas d’ici 2035 pour d’autres sites. Qui est plus encore inférieur pour l’éolien terrestre et encore moins pour le solaire.

    Qui sont rapidement opérationnels donc rentabilisés à l’inverse du nucléaire.

    Ou connecter et rénover un réseau (1,3 milliard d’euros par an) avec un EPR dont la cour des comptes évalue désormais le MWh à 130 euros durablement et dont le président d’EDF ne veut plus évoquer le prix qu’il trouve dans tous les cas trop cher (article des Echos du 20 janvier 2020) et dont la date opérationnelle définitive n’est pas encore connue et souvent repoussée.

    Il faudrait connaître les objectifs de production de ces différentes sources et plus de précisions sur les usages exacts de ces frais mais compte tenu des écarts de prix déjà en faveur et de plus en plus en faveur des renouvelables, il y a fort à parier que malgré ces connexions – qui confortent d’autant plus la sécurité réseau (donc on connaît les longues coupures dans le système nucléaire à chaque situation climatique un peu difficile), les renouvelables restent au total meilleur marché avec en plus une meilleure sécurité réseau malgré les cries d’orfraie ou de gazelle effarouchée de Dan par principe à chaque fois qu’il lit le mot “renouvelables” !

    Et quant à décarboner, rapporté par exemple au Pib le Danemark progresse plus vite à décarboner que la France avec l’éolien notamment et alors qu’il bénéficie de moins de renouvelables globalement :

    https://www.cjoint.com/doc/20_01/JACxPGqhS6M_Screenshot-2020-01-29-Global-GHG-and-CO2-Emissions—knoema-com.png

    .

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  • Le patron de RTE JF Brottes nous envoie dans le mur par idéologie et visées politiques. A sa décharge, il n’a aucune culture scientifique : c’est un ancien journaliste passé par le PS, et c’est le père de la loi de Transition Energétique essentiellement écrite pour mettre à l’arrêt des centrales nucléaires et obtenir ainsi la faveur des Ecolos politiques.
    Ses 33 milliards d’€ sont à comparer aux 45 milliards engagés par EDF pour le “grand carénage” du parc nucléaire destiné à faire produire 75 % de notre électricité pendant 20 ans supplémentaires !
    Pour donner l’illusion, M. Brottes indique qu’il remplacera les centrales arrêtées prématurément par de l’éolien ou du solaire, mettant le pays en danger quand il fait froid et qu’il n’y a pas de vent (quand au soleil, comme il s’agit des soirs d’hiver…). Pour éviter la correctionnelle, il encourage le gouvernement à maintenir en service des centrales au charbon qui auraient dû s’arrêter en raison de leurs émissions, et augmente la taxe TURPE que chaque consommateur paye dans ses factures (sans le savoir) afin de financer le raccordement de l’éolien en mer ! Plus globalement ces 33 milliards sont essentiellement destinés au renforcement du réseau d’électricité nécessaire à l’évacuation aléatoire de l’électricité de ces éoliennes ou panneaux solaires.
    Si on l’écoute (et au passage, bravo la CRE) on prendra le chemin de l’Allemagne où le kWh est deux fois plus cher qu’en France : deux fois !!

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