Alors que la COP25 a démarré depuis ce lundi 2 décembre 2019 à Madrid, les bilans alarmants sur le changement climatique se multiplient. Dernier en date : le Global Carbon Project a dévoilé mercredi 4 décembre, son rapport 2019. Il révèle que les émissions de CO2 vont encore augmenter de 0,6% cette année au niveau mondial, malgré le recul du charbon et l’atonie des économies chinoises et indiennes. Bien loin des objectifs fixés par l’Accord de Paris.
0,6% d’émissions de CO2 en plus en 2019
L’année 2019 s’achève et, comme tous les ans, la COP qui se tient actuellement à Madrid est l’occasion pour différents organismes internationaux de dévoiler leurs bilans 2019 sur le front du changement climatique. Et, en matière de gaz à effet de serre (GES), c’est peu dire que l’activité humaine, au niveau mondial, est loin des objectifs fixés par l’Accord de Paris. Rappelons que, pour maintenir le réchauffement climatique sous les 2°C, le GIEC recommande des émissions mondiales nettes de CO2 en baisse de 45% en 2030 par rapport à 2010, puis une neutralité carbone en 2050.
Ainsi, après l’Organisation météorologique mondiale (OMM) qui révélait une concentration historiquement forte de GES en 2018, c’est au tour du Global Carbon Project de dresser son bilan 2019 des émissions mondiales de CO2. Elles sont en hausse de 0,6% et devraient atteindre, à la fin de l’année, un nouveau record de 36,8 milliards de tonnes.
Certes, il s’agit d’un repli, après deux années de forte hausse (+2,1% en 2018 et +1,5% en 2017). Ce repli s’explique d’ailleurs essentiellement pas une baisse de 0,9% des émissions liées au charbon (responsable de 40% du total mondial). Cette baisse est relative, car elle est en partie provoquée par un ralentissement des économies indiennes et chinoises en 2019 – deux économies fortement dépendantes du charbon. Dans le même temps, la hausse des émissions liées au gaz naturel (+ 2,6%) et au pétrole (+ 0,9%) compense ce relatif recul du charbon.
« Entre 2014 et 2015, nous avons même cru entrevoir les premiers signes de stabilisation de ces émissions, première condition avant une éventuelle réduction. Mais depuis 2017, c’est l’inverse qui se passe : les émissions repartent à la hausse. A la fin de l’année 2019, nos émissions de C02 devraient être plus de 4 % plus élevées qu’elles ne l’étaient en 2015, date de l’accord de Paris », note, alarmiste, Philippe Ciais, chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE).
Une addiction aux combustibles fossiles qu’il faut soigner, selon le Global Carbon Project
En revanche, les Etats-Unis et l’Union Européenne font figure de bons élèves, avec des émission de CO2 en baisse de 1,7% en 2019. Et ce, malgré des économies localement encore très fortement carbonées, comme la Pologne. Bartosz Wiśniakowski, du parti d’opposition .Nowoczesna (« .Moderne »), profite d’ailleurs de la publication du rapport pour critiquer la politique énergétique de son pays, dont les émissions sont stables malgré une forte désindustrialisation : « La Pologne émet autant de CO2 que l’époque où l’industrie lourde était implantée. Nous sommes sur la liste noire du Global Carbon Project. Le niveau des émissions de polluants en Pologne est similaire à celui enregistré dans les années 90 ».
Polska po tej kadencji rządów #PiS emituje tyle CO2, co w epoce, w której funkcjonował przemysł ciężki z korzeniami w PRL. Jesteśmy na czarnej liście Global Carbon Project. Poziom emisji zanieczyszczeń w Polsce jest zbliżony do odnotowywanego w latach 90.➡️https://t.co/YwASqedwhv pic.twitter.com/OCS9snpKc8
— Bartosz Wiśniakowski (@BWisniakowski) December 5, 2019
Le rapport révèle par ailleurs que la France a, de son coté, réussi à faire baisser ses émissions de CO2 de 2,5% en 2018, année de forte hausse mondiale. C’est le résultat d’une politique globale de réduction de l’empreinte carbone nationale, dans l’industrie, la transformation d’énergie, le traitement des déchets, le bâtiment ou l’agriculture. Tous GES confondus, la baisse totale est de 19,6% entre 2005 et 2018, soit – 1,6 % par an en moyenne.
Reste qu’au niveau mondial, des efforts conséquents doivent être faits pour éviter une catastrophe climatique. Ce qu’a pointé Rob Jackson, professeur de sciences de la Terre à la Stanford University et président du Global Carbon Project, dans une formule imagée dirigée directement vers la COP25 : « Nous utilisons notre budget carbone comme un toxicomane. Les politiques qui l’ignorent sont des complices criminels ».
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