Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, le 27 octobre 2019, Patrick Pouyanné, PDG de Total, a affirmé la volonté de son groupe de se réorienter vers une énergie responsable. Renouvelables, mobilité électrique, investissements verts : autant de virages que les pétroliers du monde entier doivent prendre pour survivre à la transition énergétique.
Total ne veut pas finir « comme un dinosaure«
La transition énergétique ne concerne pas uniquement les modes de vie et les systèmes énergétiques internationaux : elle touche également les acteurs historiques des combustibles fossiles, en particulier les pétroliers. « Je ne veux pas que Total finisse comme un dinosaure », a ainsi déclaré, ce dimanche 27 octobre 2019, Patrick Pouyanné, PDG du groupe pétrolier français, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche. Au cours de cette interview, il dément les accusations de greenwashing, en regrettant de ne pas avoir été accepté comme partenaire des JO 2024.
Patrick Pouyanné, PDG de Total : "On ne change pas un système énergétique d'un coup de baguette magique"https://t.co/F71fVYFuz4
— Le JDD (@leJDD) October 27, 2019
Désormais, le groupe Total veut profiter de sa considérable capacité d’investissement pour muter vers un nouveau schéma énergétique, anticipant la fin du pétrole et du charbon. Toutefois, Patrick Pouyanné prévient, la fin du pétrole ce n’est pas « avant longtemps« , même si « à l’horizon 20 ans, le marché du pétrole devrait commencer à décroître« .
Pour devenir, comme l’espère son PDG, une « major de l’énergie responsable », Total va continuer à transformer son modèle économique. Le groupe compte intensifier ses efforts dans les renouvelables : Total se donne six ans pour quasiment multiplier par dix sa capacité mondiale de production d’électricité bas carbone, la faisant passer de 2,7 GW fin 2018 à 25 GW fin 2025. Néanmoins, Patrick Pouyanné ne veut pas se mettre totalement hors-marché : « ce qui est durable, c’est ce qui est rentable » !
Investir dans l’énergie responsable : les EnR et le gaz
Le groupe va donc réorienter l’ensemble de ses investissements vers l’énergie bas carbone. Le fonds de capital-risque Total Energy Venture rebaptisé Total Carbon Neutrality Ventures, soit une puissance d’investissement dans des startups énergétiques à hauteur de 400 millions d’euros d’ici 2025. Le groupe va poursuivre une politique d’acquisition orientée vers les renouvelables et l’électrique, sur la lancée des six milliards investis pour acquérir, depuis 2015, des acteurs comme Saft, Direct Energie ou Eren Re. A l’heure où même les principaux pays producteurs de pétrole investissent massivement dans les EnR, cette stratégie semble accompagner le cours de l’histoire.
Mais rayon hydrocarbures, le groupe va intensifier sa production de gaz, dont le bilan carbone est bien meilleur que celui du pétrole et du charbon. Patrick Pouyanné cite l’exemple de l’Inde, en plein essor économique et qui doit finir d’électrifier un pays de bientôt 1,5 milliards d’habitants. Selon Total, les EnR sont insuffisantes pour répondre à un tel défi, et user du gaz plutôt que du charbon pourrait être « une contribution importante à la lutte contre le changement climatique ». En ce qui concerne l’huile de palme, il propose « une solution gagnant-gagnant » pour l’usine de La Mède. Afin de pouvoir se situer « au même niveau que nos concurrents européens« , il estime « qu’il faudrait que le Parlement français décide d’en sortir un peu plus tard, en 2026 plutôt qu’en 2020« .
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