Les biocarburants ont été au cœur des sujets évoqués, lors de l’audition de Patrick Pouyanné à l’Assemblée Nationale, mardi 17 septembre 2019. Le PDG de Total était entendu par la Commission des affaires économiques. À cette occasion, il a notamment souligné l’importance de l’huile de palme durable, tant pour sauver l’Accord de Paris que pour résoudre la crise des Gilets Jaunes.
La major de l’énergie responsable contre le charbon
Quatre ans après son dernier passage dans les couloirs du Palais Bourbon, Patrick Pouyanné était auditionné par la commission présidée par Roland Lescure. Le PDG est longuement revenu sur la stratégie du groupe en matière de transition énergétique. Dans le sillage de l’Accord de Paris, Total s’engage pour « devenir la major de l’énergie responsable« .
Patrick Pouyanné souhaite convaincre de son optimisme, malgré l’urgence climatique. Contrairement aux vendeurs de peurs, il explique simplement : « si nous savions remplacer toutes les centrales à charbon de cette planète pour faire de l’électricité, en les remplaçant uniquement par du gaz et pas par des énergies renouvelables, nous serions automatiquement dans un monde à 2 degrés« . Selon lui, l’avenir de l’Humanité repose d’ores et déjà entre les mains des grands pays émergents !
La bio-raffinerie de La Mède fonctionne à l’huile de palme durable
En juillet dernier, Total a inauguré sa nouvelle bio-raffinerie à La Mède. Le site affiche une capacité de production annuelle de 500 000 tonnes de biodiesel, et compte s’approvisionner en « huile de palme durable« . Seulement dans le cadre de la loi de finances, un amendement prévoit d’écarter l’huile de palme de la stratégie de transition énergétique française. Soucieux d’obtenir un infléchissement, le PDG résume : « Nous nous sommes engagés à réaliser des investissements en 2015 en accord avec le gouvernement et les autorités, conformément à la trajectoire nationale sur le biocarburant. (…) Aujourd’hui alors que l’investissement est fini, on nous change le cadre fiscal. Je trouve que le signal lancé aux investisseurs par la représentation nationale est très perturbant« .
Aujourd’hui pourtant, Patrick Pouyanné indique que la France importe un million de tonnes de biocarburants produit à partir d’huile de palme. Il évoque par ailleurs une perte économique estimée à 70 millions d’euros pour le site de La Mède, et redoute une perte de compétitivité par rapports à nos concurrents européens. Selon lui, « il serait très étrange que d’autres pays européens utilisent cette huile de palme ». Aussi, il estime qu’il serait préférable de renforcer son partenariat avec le monde agricole et porter au niveau européen la préférence française pour « une huile de palme durable qui ne participe pas à la déforestation« .
Quand l’huile de palme rime avec commerce international et développement économique local…
Au centre de la discorde, un amendement donc qui vise à supprimer un avantage fiscal pour les biocarburants à base d’huile de palme. D’après Patrick Pouyanné, cette mesure va non seulement entamer la rentabilité de la bio-raffinerie, mais aussi remettre en cause l’accord passé avec Nicolas Hulot. Pour l’instant, souligne-t-il, la parole donnée au monde agricole et à l’entreprise d’Avril a été respectée.
Néanmoins, la décision des parlementaires est très inamicale envers nos partenaires malaysiens et indonésiens, des pays qui respectent au demeurant l’Accord de Paris. Sans parler des consommateurs ! Alors que le groupe tente de limiter la fluctuation des cours mondiaux sur les prix à la pompe, Patrick Poyanné note que l’huile de palme pourrait représenter une solution au problème du pouvoir d’achat des Gilets Jaunes. En effet, à en croire ses estimations, « le biocarburant à base colza coute 900 à 1000 dollars la tonne (…) [tandis que] le biocarburant à base d’huile de palme vaut 600 dollars la tonne (…) [cela revient à] une différence de 1 à 2 centimes à la pompe en plus pour les consommateurs« .
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