Malgré plusieurs découvertes majeures d’hydrocarbures, le pays ouest-africain poursuit son ambitieux plan de développement des renouvelables. Il entend être pionnier de la transition énergétique en Afrique de l’Ouest.
Introduire de manière progressive les énergies renouvelables dans le mix énergétique jusqu’à atteindre 20 % de la capacité installée. C’est l’objectif ambitieux que s’est fixé le Sénégal dans son Plan national des énergies renouvelables, dévoilé en 2015.
Avec un potentiel solaire exceptionnel (production moyenne annuelle spécifique nette de 1 650 kWh/kWc), un potentiel éolien « intéressant » (vitesse moyenne du vent comprise entre 5,7 et 6 m/s sur la bande côtière) et un gisement de biomasse « non négligeable » (environ 331,3 millions de m3), le Sénégal entend être pionnier de la transition énergétique en Afrique de l’Ouest.
Un véritable défi pour un pays qui devrait également devenir l’un des plus grands producteurs d’hydrocarbures au monde. Après la découverte d’importants gisements offshore de pétrole et de gaz, le pays espère être « autosuffisant et largement excédentaire à partir de 2021-2022 », selon les estimations de Mamadou Faye, directeur général de Petrosen, la société publique sénégalaise du pétrole. Or, selon Jeune Afrique, le pétrole devrait rapporter quelque 50 milliards de dollars supplémentaires au PIB sénégalais, et ce dès 2021. Une manne que le gouvernement prend soin d’anticiper pour qu’elle profite au maximum à l’ensemble de l’économie. Macky Sall, le président sénégalais, a en effet affirmé vouloir « mettre [s] on pays à l’abri des convulsions symptomatiques de l’exploitation du pétrole et du gaz dans certains pays développés ou en développement ».
« Propriété du peuple »
Le chef de l’État a notamment en tête la fameuse « malédiction des matières premières », un phénomène qui condamne certains pays riches en ressources minières, pétrolières ou gazières à d’importantes difficultés économiques ainsi qu’à la corruption et aux luttes de pouvoir.
Le risque est d’autant plus élevé que l’économie sénégalaise connaît une période de prospérité. Après une croissance supérieure à 6 % depuis 2014, les perspectives sont optimistes pour l’année en cours. D’après l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), l’activité économique a progressé de 5,7 % au premier trimestre 2019 par rapport à la même période en 2018. Cette performance est le résultat de la bonne tenue des activités des secteurs primaire (+ 9,3 %), secondaire (+ 5,3 %) et tertiaire (+ 4,6 %).
Des chiffres encourageants qui font cependant craindre l’arrivée massive de devises issues de l’exploitation de gisements d’hydrocarbures. Rassurant, Macky Sall a appelé le pays à « faire preuve d’humilité et de prudence » afin que « les ressources naturelles, propriétés du peuple en vertu de la Constitution, profitent à toutes les composantes de la nation ».
Plan B dans les énergies renouvelables
Mais l’exécutif sénégalais dispose d’un plan B. S’il est décidé à « garder le cap fixé en matière de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption et d’utilisation des ressources du sous-sol au bénéfice du plus grand nombre », il mise également sur le développement des énergies renouvelables pour éviter de basculer dans la dépendance à l’exploitation du sous-sol.
Ainsi, Engie et ses partenaires Meridiam et Fonsis ont signé en juillet 2019 les contrats de financement de deux projets photovoltaïques de 60 MW. L’investissement total pour ces projets s’élève à 47,5 millions d’euros, selon le groupe industriel énergétique français.
Situés à Kahone, dans la région de Kaolack, et à Touba-Kaël, dans la région de Diourbel, ces deux projets font partie du programme Scaling Solar. Mené par les autorités sénégalaises en partenariat avec la Société financière internationale (IFC), celui-ci vise la production de 50 à 200 MW d’énergie solaire.
La construction du plus important champ éolien d’Afrique de l’Ouest a de son côté démarré dans la région de Thiès, à 90 km au nord de Dakar. Selon les informations de Jeune Afrique, le parc éolien Taiba Ndiaye devra générer plus de 415 000 MWh par an dès 2020. À terme, ce seront 158,7 MW générés, soit 15 % de la production électrique nationale. De quoi faire du pays un véritable pionnier de la transition énergétique tout en rassurant ceux qui mettent en garde contre les risques d’ivresse pétrolière.
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