La climatisation est-elle le meilleur bouclier contre la canicule ? Alors que les épisodes de canicule se succèdent en France cet été, la question refait surface. Le 3 juillet 2019, le Syndicat des énergies renouvelables s’est exprimé en faveur de la géothermie pour refroidir les habitations. La géothermie présente de nombreux avantages, mais elle peine à se faire connaître du grand public.
Quand la climatisation donne chaud
Il y a des records dont on se passerait bien. Le 28 juin 2019, au plus fort de l’épisode de canicule, la France a enregistré des températures locales supérieures à 45°C. Elle a ainsi dépassé son record de chaleur de 2013 de 1,8°C. D’après Météo France, les épisodes de canicule vont augmenter en fréquence et en intensité dans les années à venir.
Pour se prémunir de la chaleur, les Français sont nombreux à investir dans des dispositifs de climatisation. Olivier Garcia, le directeur produits de Fnac Darty, a affirmé que l’enseigne avait multiplié par dix ses ventes de ventilateurs et climatiseurs. Avec une nouveauté : les Français privilégient désormais les climatiseurs aux ventilateurs. Mais est-ce vraiment un bon choix ?
L’Agence Internationale de l’Energie s’alarme de l’augmentation des climatiseurs. D’après elle, ils dégagent de la chaleur et contribuent à réchauffer encore plus les zones urbaines (jusqu’à 2°C de plus dans l’air extérieur). En outre, les climatiseurs représentent 6% de la consommation totale d’électricité en France.
Le géocooling : la géothermie plus forte que la canicule
Autant de points noirs qui ont poussé le Syndicat des énergies renouvelables à proposer la géothermie comme alternative pour lutter contre la canicule, et plus précisément le géocooling. D’après le Syndicat, la géothermie est une « énergie renouvelables locale, permanente et totalement décarbonée [qui] produit de la chaleur, du froid et du frais par géocooling, sans augmenter la température extérieure ».
Concrètement, une installation géothermique permet de capter l’air frais dans le sol, sans avoir recours à une pompe à chaleur. Ce type d’installation est appelé « géocooling ». Ce système est à la fois performant et peu énergivore. D’après le Syndicat : « Les coefficients de performance de géocooling atteignent près de 60 kWh de frigorie pour 1 kWh d’électricité consommé. »
Où en est la géothermie en France ?
La France est seulement 14e dans le classement européen des pays qui utilisent la géothermie. Il y a pourtant une exception notable : la région Île-de-France. La géothermie y est devenue la première source d’énergie renouvelable pour la production d’électricité. Le réseau de chaleur de Chevilly-Larue a même été le plus grand réseau de chauffage géothermique d’Europe. 150 000 logements sont reliés à un système géothermique dans la région. D’après un rapport de 2016 de l’Agence de l’environnement, les perspectives de la géothermie sur le territoire de la région sont importantes. 300 000 logements pourraient être raccordés à un réseau de chaleur.
Un rapport de l’ADEME de 2017 souligne : « La France recèle un potentiel géothermique très important dont seule une infime partie est aujourd’hui exploitée. Soucieux de ne pas passer à côté de cette opportunité, les pouvoirs publics, dans le cadre de la PPE, ont proposé de multiplier par 4 la production de chaleur géothermique d’ici à 2023 par rapport au niveau de 2014. »
La filière géothermique demande plus de moyens
Au regard de l’épisode de canicule, le Syndicat des énergies renouvelables demande au gouvernement de s’engager pour la géothermie. Il demande la désignation d’un animateur spécialiste de la géothermie dans chaque région. Il souhaite aussi une campagne nationale pour explorer les aquifères profonds peu connus de l’Hexagone.
Le Syndicat plaide aussi en faveur d’un plus grand soutien financier. Il réclame le doublement du budget du Fonds Chaleur alloué à l’ADEME, ainsi que la mise en place d’une nouvelle incitation fiscale dédiée à la géothermie. L’organisation plaide en faveur d’une part obligatoire d’énergies renouvelables dans la réglementation thermique des bâtiments neufs. Une telle contrainte favoriserait la géothermie, grâce à la compétitivité de ses installations.
Enfin, sur la question du géocooling, le Syndicat demande au gouvernement d’envisager de prendre en compte le froid renouvelable dans les objectifs nationaux, mais aussi européens. Pour l’instant, la géothermie fait l’objet d’objectifs globaux, mais l’état ne s’est jamais exprimé d’un objectif chiffré pour soutenir le développement du géocooling dans l’habitat.
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