Alors que la géothermie continue de progresser sur le territoire français, certaines de ses applications restent encore méconnues du grand public. C’est notamment le cas de la capacité de la géothermie à produire du froid renouvelable. Baptisé géocooling, ce système de refroidissement naturel permet pourtant de remplacer les systèmes de climatisation, et le Syndicat des énergies renouvelables aimerait bien que cette technologie soit davantage mise en avant.
Le géocooling, qu’est-ce que c’est ? Derrière ce mot-valise se cache en fait une énergie liée à la géothermie. Grâce à la géothermie, une station peut utiliser la température du sous-sol pour couvrir une partie des besoins énergétiques des habitations et des bâtiments en leur fournissant un réseau de chaleur naturel. Sur le même principe, la géothermie peut également être utilisée pour assurer le rafraîchissement des bâtiments grâce à la température du sous-sol. Le système réclame de forer en profondeur, d’installer un réseau de tuyaux et de les relier à un échangeur qui peut ensuite alimenter les habitations.
La mise en place de ce système de refroidissement naturel est possible grâce à la température constante du sous-sol : à partir d’une douzaine de mètres de profondeur, le sous-sol connaît une température stable d’environ 10°C (selon la région et l’altitude à laquelle on se trouve). Un réseau de géocooling permet d’utiliser cette source de fraîcheur pour la transporter jusqu’aux habitations et aux autres bâtiments qui ont besoin d’une climatisation.
Très avantageux, le système de géocooling demande peu d’énergie pour fonctionner, et il remplace avantageusement une climatisation pendant la période estivale. Surtout, il est installé en complément d’un réseau de géothermie : il suffit d’un échangeur installé sur le réseau géothermique pour déployer en parallèle ce réseau de refroidissement naturel. Véritable alternative à la climatisation classique, le géocooling pourrait permettre d’économiser les 30 TWh d’électricité consommée chaque année en France pour faire fonctionner les climatisations.
Si la technologie du géocooling est encore relativement récente en France, elle a pourtant déjà séduit le centre commercial d’Aéroville. Située en région parisienne, près de l’aéroport de Roissy, Aéroville a opté pour un système de géothermie et du géocooling pour couvrir ses besoins en chaleur et en climatisation. Grâce à cette installation inaugurée en 2013, Aéroville, qui représente 110 000 m2 de surface totale, est le plus grand bâtiment de France à être raccordé à un système de géocooling.
Pour mettre en place ce nouveau système, le centre commercial a dû creuser deux puits de puisage et quatre puits de rejet à 100 mètres de profondeur pour aller pomper l’eau dans l’aquifère yprésien, la nappe sous-terraine qui approvisionne le système de géothermie/géocooling. La température y est stable toute l’année autour de 14°C. Le réseau se déploie ensuite avec une boucle d’eau qui raccorde les 180 boutiques du centre Aéroville, sur laquelle sont connectées des pompes à chaleur. Chaque boutique peut gérer sa température de façon autonome ; la pompe à chaleur de chaque espace permet alors de refroidir ou de réchauffer l’eau de la boucle selon les besoins.
Même si les surfaces de plus de 1 000 m2 n’ont pas pu être raccordées avec ce système, le centre Aéroville a tout de même constaté que le géocooling permettait de couvrir 50% de ses besoins en climatisation, ce qui représente une économie de 30% sur la facture énergétique de tout le bâtiment.
Avec l’augmentation du nombre de projets de géothermie sur l’ensemble du territoire français, le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) et l’Association Française des Professionnels de la Géothermie (AFPG) souhaitent désormais que la règlementation thermique française prenne en compte le géocooling et s’engage pour faciliter son utilisation dans les futurs projets de géothermie. Selon ces deux acteurs, l’enjeu est autant économique qu’écologique. Le géocooling alimenté par une ressource naturelle non carbonée, pourrait répondre aux besoins de climatisation des particuliers et de nombreux professionnels. C’est pourquoi, ils demandent notamment à Nicolas Hulot, ministre de la transition énergétique, de s’engager en faveur d’une campagne nationale d’exploration des aquifères profonds peu connus pour mieux évaluer le potentiel géothermique français. Dans le même temps, les professionnels souhaiteraient que l’enveloppe allouée au Fonds Chaleur de l’ADEME puisse bénéficier au froid renouvelable .
COMMENTAIRES
Bonjour,
L’article ne mentionne qu’un échangeur et des pompes primaires et secondaires ! Et la boucle d’eau du Centre commercial doit comporter un système de refroidissement externe complémentaire (tours aéroréfrigérantes, aérofrigérants).
Or, la photo ressemble à un groupe frigorifique à compression ??? En secours ???
Par ailleurs, le “peu” d’énergie est contestable, car les débits sont élevés (les régimes de rejet ne sont pas indiqués). Or, la consommation des pompes est facturée dans les charges aux boutiques.
Enfin dans le cas d’un centre commercial (dont celui-ci), la “climatisation” est assurée par les pompes à chaleur sur boucle d’eau (modèles eau-air) ; c’est le rejet à l’extérieur qui est en partie assurée par les pompes (le “froid gratuit”). Donc a priori, la puissance des tours est plus faible : gain de place, moins de consommation d’eau et de produits, et entretien réduit (sur ce poste).
En résidentiel et en petit tertiaire, on peut envisager, si les charges internes sont faibles, de faire circuler l’eau “fraîche” (après échangeur) dans des émetteurs correctement dimensionnés : dans ce cas, le “geocooling” remplace la production de froid. On obtient du rafraîchissement, pas de la climatisation : la température ne peut pas être contrôlée en cas de canicule.
A toutes fins utiles :
https://cegibat.grdf.fr/librairie/equipements-et-systemes-de-confort-dete-principes-de-fonctionnement
Cordialement
P. Picard