Le 7 juin 2019, le Conseil d’Etat a rejeté les recours portés contre le projet de parc éolien en mer de Saint-Nazaire. Grâce à ce feu vert, la mise en service est désormais prévue en 2022, avec plus de 1 000 emplois à la clé pendant la phase de construction. Mais surtout, la décision devrait permettre à toute la filière de l’éolien en mer en France de sortir enfin la tête de l’eau. Car malgré son grand potentiel, la France est largement en retard en matière d’éolien marin.
Eolien en mer en France : beaucoup de potentiel mais encore aucune éolienne
Sur le papier, la France dispose des moyens pour devenir un leader de l’éolien en mer. La France détient la deuxième surface maritime au monde, avec 11 millions de km2 rien que pour la métropole. Sa situation géographique est donc particulièrement favorable à l’éolien en mer. Depuis 2012, le pays a déjà attribué 3 512 MW d’éolien en mer, sur différents projets. Pourtant, aucune éolienne en mer posée n’est actuellement raccordée au réseau électrique. La faute à de nombreux recours locaux portés par les riverains des futurs parcs…
Ainsi, l’éolien en mer est devenu, ces dernières années, un véritable serpent de mer. On en parle souvent, mais personne n’a pu en voir jusqu’à présent au large des côtes françaises.
Feu vert pour le parc éolien en mer de Saint-Nazaire
La décision favorable rendue par le Conseil d’Etat va cependant débloquer les choses. Pour la président de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais, « elle permet désormais de passer à la phase d’industrialisation du projet« . Et grâce à ce feu vert, Saint-Nazaire devrait être le premier parc français d’éoliennes mer à voir le jour. Le projet de Saint-Nazaire est porté par EDF Renouvelables. Il s’agit d’installer, à 12 km des côtes du Croisic, 80 éoliennes marines qui seront construites par General Electric, comme le souligne le chef d’entreprise Christophe Clergeau.
Le futur parc éolien marin offrira une puissance installée de 480 MW, capable de couvrir 20% de la consommation électrique du département de la Loire-Atlantique. Dans un communiqué, EDF Renouvelables s’est réjoui de la décision du Conseil d’Etat : « Cette décision confirme la robustesse du projet développé par la société Eolien Maritime France (EMF), co-contrôlée par EDF Renouvelables et par Enbridge. Elle signifie également que toutes les autorisations administratives nécessaires à la construction et à l’exploitation du projet sont désormais sécurisées. »
1 parc validé, 2 autres en attente…
EMF a remporté deux autres projets d’éolien en mer en France : celui de Fécamp et celui de Courseulles-sur-Mer. Ils avaient été attribués en 2012, la même année que le projet de Saint-Nazaire, à l’occasion du premier appel d’offre que l’Etat français avait lancé. Alors qu’un appel d’offres a été lancé à Dunkerque, le groupement prend donc une longueur d’avance sur ses concurrents. De son côté, le Directeur Exécutif Groupe d’EDF en charge du Pôle énergies renouvelables, Bruno Bensasson, confiait : « Nous espérons qu’il sera la première base d’une trajectoire de croissance accélérée de l’éolien maritime en France dans le cadre de la PPE« .
Le projet de Saint-Nazaire rejoint aussi les ambitions portées par EDF. L’énergéticien tricolore a lancé son projet Cap 2030 pour doubler sa production d’énergies renouvelables à l’horizon 2030. Le chantier de Saint-Nazaire est donc la première étape vers le déploiement de la filière de l‘éolien en mer en France. Toutefois, pour le maire de Saint-Nazaire, David Samzun, « il faudra que d’autres fermes éoliennes voient le jour pour créer une véritable filière d’excellence sur nos territoires ».
Une filière qui en attend encore davantage
Une demande qui semble avoir été entendue. En effet, lors son discours de politique générale Edouard Philippe a confirmé une augmentation du rythme des futurs appels d’offres pour l’éolien en mer à 1 GW par an. Le lancement officiel du parc éolien de Saint-Nazaire aura lieu vendredi 14 juin 2019. François de Rugy, le ministre de la Transition écologique et solidaire y fera le déplacement, accompagné par Jean-Bernard Lévy, le PDG d’EDF.
Le soutien du ministre à Saint-Nazaire sera le bienvenu pour la filière, qui faisait figure de grande oubliée lors de la présentation de la PPE corrigée. Malgré les ambitions du gouvernement en faveur des ENR, l’éolien en mer devra se contenter d’objectifs plutôt humbles. D’ici 2028, le gouvernement souhaite déployer entre 4,7 et 5,2 GW de puissance éolienne en mer. Un chiffre qui englobe les 3,1 GW déjà prévus.
De leur côté, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et l’Association France Energie Eolienne (FEE) demandaient au gouvernement de revoir les objectifs à la hausse. Dans un communiqué publié le 12 juin 2019, le SER s’est déclaré « très satisfait de la décision du gouvernement« , estimant que « cette technologie est appelée à jouer un rôle de tout premier plan dans le mix énergétique français.«
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