Une fois n’est pas coutume, c’est un géant du pétrole qui met en garde contre la hausse des émissions de CO2 dans le monde. Le groupe BP a publié le 11 juin 2019 un rapport sur l’énergie, dont les conclusions sont inquiétantes. Si l’Accord de Paris est toujours atteignable, la trajectoire doit rapidement être inversée. En effet, avec un recours en hausse aux énergies fossiles, les émissions de gaz à effet de serre augmentent fortement depuis 2016…
Demande en énergie et émissions de CO2 en hausse
Depuis des décennies, les scientifiques mettent en garde contre le réchauffement climatique. Avec l’Accord de Paris, on sait qu’une hausse des températures supérieure à 2°C aurait des conséquences dramatiques pour la flore et la faune au niveau mondial. Les êtres humains victimes des changements climatiques se compteront par centaines de millions, mais malgré la gravité de la menace, les efforts entrepris ces dernières années ne sont pas encore à la hauteur des enjeux. En effet, dans son rapport sur l’énergie, le groupe pétrolier britannique BP tire la sonnette d’alarme. « Il y a un décalage de plus en plus grand entre l’exigence d’actions contre le changement climatique dans nos sociétés et les progrès réalisés en la matière, avec une demande d’énergie et une hausse des émissions carbone au plus haut depuis des années », déplore Spencer Dale, économiste en chef de BP.
Un constat plus qu’alarmant dans la mesure où les émissions de CO2 ont augmenté de 2 % en 2018 dans le monde, soit la hausse la plus soutenue depuis 2011. Entre ces deux dates, les émissions de C02 avaient augmenté plus lentement, voire stagné. Une courbe déjà peu flatteuse qui a été un peu plus marquée l’année dernière en raison de la demande plus forte en énergie liée notamment à des températures plus extrêmes (froides ou chaudes) qui ont nécessité des besoins plus importants en chauffage et climatisation. Les Etats-Unis, la Chine et l’Inde représentent à eux seuls deux tiers de l’augmentation de la demande en énergie.
Des énergies fossiles toujours très dominantes selon BP
La hausse de la demande mondiale (+2,9 %) ne peut malheureusement pas être absorbée par l’essor des énergies renouvelables. Le rythme de développement des EnR est trop lent pour faire face à une telle hausse. Les EnR ont progressé de 14,5 % (soit proche du record de 2017), mais les énergies fossiles ont elles aussi connu une hausse importante. Ces dernières représentent d’ailleurs deux tiers de l’énergie consommée dans le monde.
L’offre de pétrole a augmenté de 2,2 %et la consommation de gaz naturel a augmenté de 5,3 % en 2018. Les Etats-Unis ne sont pas étrangers à ce mouvement avec une production de schiste toujours très forte, qui leur permet d’être un exportateur net d’hydrocarbures. La consommation de charbon connaît elle aussi une augmentation de 1,4 %. C’est la seconde année consécutive que l’énergie la plus polluante progresse. De plus, alors que la production nucléaire a davantage augmenté en 2018 qu’entre 2007 et 2017, on constate que les émissions de CO2 de la production électrique a néanmoins augmenté. Les chiffres de 2018 ne sont décidément pas bons et le rapport de BP paraît presque trop clément lorsqu’il qualifie la trajectoire prise d’« instable ».
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