Le rythme des énergies renouvelables est-il soutenable ?

Le rythme de développement des énergies renouvelables est-il soutenable ?

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Deux mois après avoir dévoilé les grandes lignes de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), le gouvernement a publié le vendredi 25 janvier 2019 l’intégralité de sa stratégie pour l’énergie. La feuille de route revient sur les périodes 2019-2023 et 2024-2028. Les énergies renouvelables sont à l’honneur dans ce document long de 368 pages. Il prévoit notamment un développement ambitieux pour les EnR, avec un doublement des capacités installées entre 2017 et 2028. La question principale reste de savoir si l’objectif sera pleinement atteint, alors que plusieurs filières connaissent déjà des difficultés techniques, financières ou réglementaires.

Moins d’énergie consommée mais plus d’électricité verte 

A plusieurs reprises repoussé, le projet de  Programmation plurianuelle de l’énergie est enfin sur la table. Il va désormais alimenter le débat pendant encore de longs mois, avec les différentes consultations. Le premier objectif est la baisse de 14 % de la consommation primaire d’énergie en 2028 par rapport à 2012 (avec un passage d’étape à 7 % en 2023). Moins d’énergie consommée grâce notamment à un relèvement du prix du carbone (44,60 euros en 2018) qui devait initialement atteindre 86 euros dès 2022. La trajectoire ayant été modifiée suite au mouvement des gilets jaunes, elle devra donc prochainement être revue. Les conclusions du grand débat national apporteront-elles des réponses sur ce point ?

Une chose est certaine, les énergies renouvelables sont appelées à jouer un rôle plus important au détriment des énergies fossiles (baisse de 80 % du charbon, de 35% pour les produits pétroliers et de 19% pour le gaz naturel d’ici à 2028). Le mix énergétique doit ainsi faire passer les EnR de 18 % de la consommation finale d’énergie en 2016 à 32 % en 2028 avec l’objectif intermédiaire de 27 % en 2023. Sans surprise, c’est le secteur électrique qui sera en charge de cette mise sur orbite. Les capacités installées sont appelées à doubler d’ici à 2028 (+50 % en 2023). Par ailleurs, les énergies renouvelables et de récupération auront également un rôle à jouer.

Des objectifs ambitieux et… incertains ?

D’après le texte du ministère de la transition écologique et solidaire, les “réseaux de chaleur jouent un rôle essentiel pour le développement des énergies renouvelables” dans la prochaine PPE. Pourtant, les moyens alloués au fonds chaleur semblent décroître à partir de 2023. Par ailleurs, les énergies solaires et éoliennes devront être fortement développées jusqu’en 2028. Et en même temps, le document rappelle qu’à l’heure actuelle, “il n’est pas possible de déterminer avec certitude la technologie de production d’électricité qui sera la plus compétitive“.

Concrètement, des appels d’offres de 11,4 GW ont été annoncés pour l’éolien terrestre, et de 11,8 GW pour le solaire au sol, jusqu’en 2023. En rythme annuel, cela représente une hausse supérieure à 2 GW au cours des 5 prochaines années. À titre de comparaison, France Énergie Éolienne relève 1552,15 MW de nouvelles capacités installées sur l’année 2018. Des objectifs louables, mais plus qu’incertains quand on sait qu’aucune éolienne n’est sortie de terre depuis un an en raison des délais administratifs très longs.

Pour relever ce défi, des adaptations réglementaires devraient toutefois permettre d’accélérer le rythme de déploiement. C’était notamment l’objet des différents groupes de travail menés par Sébastien Lecornu, désormais en charge du grand débat national. Le permis enveloppe, adopté il y a quelques semaines, doit par exemple aider les constructeurs d’éoliennes. Cependant, il faudra surement plus qu’un un coup de pouce, pour que la filière surmonte les différents blocages administratifs… Pour le photovoltaïque, le groupe de travail “place au soleil” avait également formulé des propositions. A l’époque, on comptait déjà sur la “libération des énergies renouvelables“, dans le but de doubler les raccordements en 2018 par rapport à 2017 (875 MW raccordés en 2017 ; 1200 à 1500 MW attendus en 2018).

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • En ce qui concerne les réseaux de chaleur(subventionnés par les “fonds chaleur”, la rentabilité est loin d’être évidente. En particulier, sans la vente d’électricité à un prix bonifié très avantageux (financé via la C.S.P.E. prélevée sur les factures d’électricité des abonnés à l’électricité). http://www.journaldelenvironnement.net/article/reseaux-de-chaleur-une-rentabilite-relative,77727 De même pour le reste, photovoltaïque et éolien, sans d’importantes subventions publiques, de tarifs de de rachat avantageux et de priorité à l’injection directe sur le réseau au détriment des autres sources (nucléaire et hydraulique) ces modes de production ne pourraient pas survivre.

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  • @ Dan :

    Vous lisez une fois de plus trop vite les documents que vous publiez et en tirez des conclusions hâtives et en conséquence erronées

    1) Votre étude traite des réseaux de chaleur “bois”…

    …alors que les réseaux de chaleur ont de multiples sources de chaleur et froid souvent perdues (c’est tout leur intérêt) dont notamment et en vrac : le numérique, les égouts, rejets réguliers de piscines, l’incinération inéluctable aux villes et qui fait largement baisser les coûts et peut améliorer nettement ses performances et réduire la pollution quasiment à néant avec la gazéification etc. Le solaire thermique qui dure très longtemps fait également largement baisser les prix comme on le constate au Danemark où l’on arrive à moins de 24 euros/MWh sur certains réseaux (étude indépendante réalisée pour Danfoss). L’industrie également contente de pouvoir écouler de la chaleur ou du froid même à bas prix. On commence également dans le cas de quartiers “basse température” à injecter de la chaleur issue des revêtements à des prix encore plus bas (Eurovia etc). Pour mémoire aussi les pompes à chaleur y ont des apports (environ 30% au Danemark) en remplacement globalement en Europe de millions de pompes à chaleur et modes de chauffage (donc millions d’interventions et déplacements associés en moins que votre étude ne prend nullement en compte) pas toujours réglés ni installés au mieux et très utilisateurs de ressources avec des pertes en gaz frigorigènes très réchauffants : on peut espérer qu’une unité centralisée qui doit gérer au mieux, entretient et met à jour le plus possible son unité de production)

    2) le CGDD précise que “l’objectif n’est pas de réaliser une étude d’opportunité ou de faisabilité pour un projet précis ou de faire des comparaisons fines et exhaustives entre les différents modes de chauffage dans un contexte donné. Son rapport ambitionne de présenter les principaux flux financiers correspondant à chaque mode de chauffage, d’illustrer l’importance de réaliser des études coûts-bénéfices en coût global, et de détailler la répartition des différents coûts (distribution/production, fixe/variable, etc.) dans le coût global.”

    Autrement dit selon les situations régionales/locales et la variation d’un seul paramètre (comme le prix du gaz ou de l’électricité ou des types d’apports de chaleur et froid) son étude tombe à l’eau.

    C’est de plus une étude “globale” à un instant “T” avec des technologies anciennes donc une analyse de consultants généralistes ou fonctionnaires mais pas de scientifiques ou ingénieurs les plus en pointe.

    En outre avec ce mode de raisonnement de très court terme, personne ne va isoler son logement en raison du délai d’amortissement et va installer un chauffage grille-pain à bas prix ruineux à l’usage et à la moindre hausse va enfiler son gilet jaune pour réclamer des mesures d’urgence qu’il sera impossible de fournir car il faut avoir une approche plus complète et de moyen terme.

    Et là n’est abordé que l’aspect investissement financier et pas l’aspect technique, ni les avantages à annuler les importations d’énergies fossiles (38,6 milliards d’euros pour la France en 2018 et plus quand le prix du pétrole est plus haut alors qu’il est actuellement assez bas). Pour mémoire le nucléaire n’est pas connecté en France à des réseaux de chaleur et c’est techniquement ni économiquement peu probable (distances, risques, coûts trop élevés etc)

    3) Le CGDD précise aussi : “Même avec des réseaux de chaleur d’une puissance forte dans une zone de forte densité, le gaz (collectif surtout) et l’électricité restent plus compétitifs :

    – la faute au coût élevé à investir pour leur création, qui rend ces réseaux également plus sensibles aux variations de taux d’intérêt (la technologie n’est pas en cause c’est le fait de n’avoir pas anticipé à temps les réseaux de chaleur dans l’urbanisme et tous autres travaux associés : fibre, réseaux gaz, eau etc à rénover pour augmenter par exemple le taux d’injection d’H2 à 20% comme en Grande-Bretagne)

    A l’inverse, ils sont moins sensibles à la variation du prix des énergies qu’ils emploient du fait de la plus faible part de la composante énergie dans le coût total de la chaleur.”

    De plus (je cite toujours le CGDD) :

    “Une simple extension les fait passer en tête.”

    Il précise : “L’impact favorable des réseaux de chaleur au bois en matière de climat et la maîtrise des émissions de polluants de l’air devraient améliorer sensiblement leur rentabilité économique future dans un contexte de hausse de la valorisation monétaire des externalités environnementales.”

    Et ajoute dans ses conclusions “En tenant compte des mesures d’aide actuelles (à toutes les énergies), il ressort que les réseaux de chaleur deviennent le mode de chauffage le plus compétitif du point de vue de l’utilisateur dans la très grande majorité des cas”

    4) Je vous invite à étudier les raisons pour lesquelles les réseaux de chaleur ne se sont que peu développés en France et vous aller rencontrer de nouveau la politique exclusive “tout nucléaire” des années 70/80 qui comme entre autres pour l’hydraulique, le solaire thermique etc avait besoin d’écouler son électricité pour financer ses lourds investissements qui n’étaient pas compétitifs. Donc le monopole écartait tout ce qui le gênait.

    Résultat : créer des réseaux de chaleur en France est un investissements au départ souvent cher dans un environnement urbain déjà établi alors que bien d’autres pays ont commencé après les crises du pétrole et se retrouvent à des prix parfois de moins de 24 euros le MWh pour le Danemark, pas très éloignés pour la Suède ou là Finlande, Lituanie (sans parler de l’Islande quasi à 100% en réseau de chaleur) etc et en moyenne officielle actuellement de 28 à 35 euros le MWh en Allemagne (contre 40 à 110 euros le MWh en France). C’est plus compétitif que l’électrique et suivant les prix que le gaz qui est condamné à grimper et dont l’Europe est bien trop dépendante comme tout le monde devrait le savoir. Pour mémoire le nucléaire récent est considéré comme à 120 euros le MWh pour les consultants indépendants. Donc sacré écart alors que ce dernier n’approvisionne pas en France les réseaux de chaleur qui s’alimentent encore trop aux énergies fossiles importées donc impactent la balance commerciale.

    Et dans le temps le coût d’entretien est peu élevé, le prix de l’énergie est stable etc.

    A défaut de commencer à peine à avoir des immeubles indépendants en énergie et producteurs d’énergie en France – qui est l’idéal et une priorité – une des solutions qui arrive ensuite et qui est très efficace pour tous types de bâtiments pour un meilleur rendement et coût encore plus bas est de travailler à basse température pour les réseaux de chaleur : on augmente non seulement le rendement, la baisse des prix mais aussi les sources d’énergie (malheureusement beaucoup de logements et de réseaux de chauffage en France sont anciens donc radiateurs mal calibrés pour çà et à faire évoluer, çà prend un peu de temps).

    Le solaire thermique y compris CSP a le meilleur bilan (meilleur Cop etc) mais ce sont généralement des entreprises étrangères plus développées (la faute à qui ? merci le monopole) qui arrivent à proposer les prix les plus bas (Savosolar en Finlande par exemple qui coopère souvent avec les différents opérateurs). Ne pas soutenir raisonnablement la filière (comme on le fait sur les pompes à chaleur, les VE etc) c’est donc dépendre d’entreprises extérieures et de perdre une fois de plus les emplois associés.

    Le Cerema a publié ce mois de janvier 2018 une étude pourtant pas la plus en pointe ni la plus complète sur la diversité des réseaux de chaleur et comment les exploiter au mieux, çà donne un aperçu rapide du potentiel de cette approche et des différentes manières dont on peut faire baisser les coûts et optimiser les techniques mais encore faut-il relancer cette filière et ne pas une fois de plus faire une politique d’un pas en avant puis un pas en arrière. Cà n’a heureusement pas été le cas dans la PPE récente puisque les réseaux de chaleur et fonds chaleur ont été plus soutenus et c’est tout bénéfice pour l’avenir plutôt que d’attendre de nouvelles hausses du pétrole et du gaz et une plus forte dépendance aux fossiles (+ 2% en 2018 pour l’Europe)

    Enfin comment faire pour décarboner et atteindre l’indépendance énergétique (combustible) totale au plus vite avec une part importante d’immeubles anciens en utilisant le moins de ressources, qu’elles soient recyclables et durables, avec le meilleur rendement, en utilisant toutes les pertes, en réduisant nos pics de consommation records etc sinon avec les réseaux de chaleur et les meilleures technologies associées d’utilisation de la chaleur et du froid perdus et d’implantation (robotique etc)

    https://reseauxchaleur.wordpress.com/

    .

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  • Les sources de chaleur et froid avec l’évolution en cours des réseaux de chaleur. Le numérique voit sa part augmenter alors qu’autrement sa chaleur est perdue donc autant l’exploiter et elle ne coûte quasiment rien. De même le solaire thermique et CSP donc les Cop sont très largement supérieurs aux pompes à chaleur, nécessite bien moins d’entretien, dure quasiment 3 fois plus longtemps et fonctionne très bien y compris en Finlande (voir Savosolar) qui n’est pourtant pas la Côte d’Azur :

    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/83/Generations_of_district_heating_systems_EN.svg/1200px-Generations_of_district_heating_systems_EN.svg.png

    .

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  • Je persiste : après lecture des sites proposés par Energie+, sans aides publiques massives sous toutes formes, la plupart des réseaux de chaleur ne seraient pas rentabilisés. Et sur le climat, le résultat reste pratiquement nul.

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  • C’est précisément l’enjeu de tous les systèmes énergétiques dans le cadre européen.
    Soit, dans un schéma libéral, l’énergie est une marchandise qui a libre droit de circulation entre les états-membres et il est interdit, au nom de la libre concurrence, de la subventionner.
    Soit il s’agit d’un secteur pour lequel des rentes de situations doivent être aménagées au nom de la sauvegarde de l’environnement et alors les subventions n’ont d’autres limites que politiques. Mais ce schéma existe aussi pour le sucre dans les DOM etc.

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  • bonjour, s’il vous plait quels sont les différents systèmes de refroidissement et de nettoyage des panneaux solaires que vous utiliser? Merci d’avance!

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