En Inde, le développement énergétique est désormais étroitement lié à une question sanitaire de grande ampleur. En effet, le pays fait face depuis plusieurs années à des vagues de pollution meurtrières. Alors que la consommation d’énergie ne fait que croître, le gouvernement indien vient d’annoncer le lancement de son National Clean Air Programme. Un programme ambitieux qui vise à réduire drastiquement les émissions de CO2 de 20 à 30% d’ici 2024. Mais comment faire pour rendre le mix électrique de l’Inde plus propre dans un pays largement tributaire des énergies fossiles ?
L’Inde veut sauver la qualité de son air. C’est en résumé l’objectif que le gouvernement vient de se fixer. Le 10 janvier 2018, il a annoncé un National Clean Air Programme pour encadrer la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’objectif est très ambitieux : réduire de 20% à 30% les émissions de CO2 à l’échelle nationale, et ce dès 2024. L’année 2017 servira de référence, et 102 villes considérées comme les plus exposées à la pollution font déjà partie du programme.
En 2009, le Ministère de l’environnement indien avait déjà listé 43 zones dans lesquelles le taux de pollution avait atteint un seuil critique. D’après un rapport de 2015, l’Inde enregistre environ 2,51 millions de morts chaque année à cause de la pollution. Or le secteur de l’énergie est l’un des principaux responsables de cette dégradation de la qualité de l’air.
Le mix électrique au cœur du problème indien
En 2017, selon Enerdata, l’Inde était le troisième plus gros pays producteur d’électricité dans le monde, derrière la Chine et les Etats-Unis. Et cette production d’électricité repose encore largement sur les énergies fossiles. D’après les chiffres du ministère de l’électricité, les énergies fossiles génèrent 64,1% du mix électrique, avec le charbon encore à 56,6% en 2018.
Qui plus est, la puissante industrie indienne est particulièrement énergivore. Mais elle n’est pas la seule responsable. En effet, la hausse du niveau de vie de la population indienne a également entraîné une hausse de la consommation énergétique des particuliers, particulièrement dans les secteurs du transport et du logements.
Ainsi, le pays comptait en 2018 près de 30 millions de climatiseurs installés. Ils représentent un investissement incontournable pour le confort des personnes, particulièrement pendant les périodes de forte chaleur où la température peut avoisiner les 50°C. Mais ces climatiseurs font grimper la consommation électrique du pays et causent aussi une forte pollution.
Une situation similaire à la Chine
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, les villes indiennes comptent parmi les plus polluées au monde. Les habitants de Delhi pourraient même gagner 9 années d’espérance de vie si les standards de l’OMS étaient respectés. Pourtant, l’Inde n’est pas le seul pays à être frappé par le fléau d’une qualité de l’air dangereusement dégradée. La Chine a elle aussi dû faire face à un taux de pollution galopant ces dernières années. Le taux de pollution de l’air avait explosé dans le pays, notamment du fait du fort développement industriel.
En 2013, la Chine a lancé un Plan en faveur de la prévention et du contrôle de l’air. Le pays est ainsi parvenu, en l’espace de cinq ans seulement, et au prix de gros efforts, à faire baisser son taux d’émissions de CO2. D’après l’indice Air Quality Life Index, la densité en PM 2,5 en Chine a diminué de 12% entre 2013 et 2016. Ce qui représente un gain de 6 mois d’espérance de vie. Ce « miracle chinois » s’est fondé sur une restructuration du secteur de l’énergie. Le pays a favorisé le développement des énergies bas carbone pour soutenir son développement industriel tout en limitant ses émissions de CO2.
Un mix énergétique plus propre grâce aux ENR et au nucléaire
A l’instar de la Chine, l’Inde est d’ores et déjà engagée dans la transition énergétique pour rendre sa production d’électricité plus propre. En mars 2015, le gouvernement indien a annoncé sa volonté d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix national. La puissance installée des ENR devrait ainsi être multipliée par quatre d’ici 2022. Le gouvernement mise notamment sur l’hydroélectricité, la filière éolienne, la biomasse et le solaire. Interrogé en marge du Vibrant Gujarat Global Summit, l’ambassadeur Alexandre Ziegler a d’ailleurs rappelé que la France exporte son savoir-faire en la matière.
Par ailleurs, le pays compte sur le développement de son parc nucléaire pour augmenter ses capacités énergétiques tout en profitant d’une électricité bas carbone. Le gouvernement indien s’est engagé, en mai 2017, à lancer la construction de dix nouveaux réacteurs nucléaires. Le but est d’augmenter la puissance installée du parc nucléaire de 7 GW. Ils viendront renforcer les 22 réacteurs dont dispose déjà le pays.
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