Transformer une ancienne centrale à charbon en centre de stockage d’énergie : c’est le pari que vient de réussir Mercedes. Le constructeur allemand, bien décidé à surfer sur la vague de la transition énergétique, est en train de se positionner comme une entreprise spécialiste du stockage d’énergie. Il s’agit déjà du second projet d’envergure mené par Mercedes en Allemagne, et d’autres devraient venir dans les prochaines années. Non seulement le marché est porteur, mais il permet aussi à Mercedes d’avancer ses pions en ce qui concerne la commercialisation de solutions de stockage d’énergie pour les particuliers. L’ambition de Mercedes est claire : rivaliser avec Tesla.
C’est en 1972 que la centrale à charbon de Werdohl-Elverlingsen a été mise en service. A l’époque, elle était l’une des principales unités de production d’électricité en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. A l’époque, elle produisait 2 200 MW par an. Mais les contraintes de la transition énergétique ont amené le gouvernement allemand à revoir sa feuille de route, notamment en matière de centrales à charbon. La centrale a donc fermé en 2014… avant de susciter l’intérêt de Mercedes-Benz en 2017. Le constructeur automobile allemand, bien décidé à se faire une place sur le marché du stockage de l’énergie, a en effet lancé plusieurs projets de créations de fermes de batteries géantes. Et il a notamment eu l’idée d’utiliser cette centrale désaffectée pour accueillir sa nouvelle ferme de stockage.
Dans le détail, le nouveau centre de stockage est constitué de 1 920 batteries électriques individuelles créées par Mercedes. A l’origine, ces batteries avaient été produites pour être montées sur des Smart électriques. D’après Mercedes, ces batteries fabriquées au départ pour l’industrie automobile présentent un avantage de taille : leur temps de réaction est plus court qu’un système de stockage classique, ce qui les rend plus réactives. Le réseau électrique bénéficie donc d’un meilleur temps de réactivité lorsqu’il faut injecter de l’électricité depuis le centre de stockage. Les batteries sont reliées entre elles et montées en réseau afin de stocker l’énergie qui est dirigée vers le site de stockage. En complément, un outil de gestion du réseau électrique permet d’injecter l’électricité stockée sur le réseau de la région en fonction de la consommation observée.
Ce projet intervient alors que le réseau électrique allemand rencontre des difficultés. Du fait de l’accroissement de la part des énergies renouvelables, le réseau a encore du mal à absorber l’électricité issue de sources intermittentes, comme le solaire et l’éolien. Le gouvernement allemand souhaite donc augmenter le nombre de centres de stockage d’énergie afin de transformer le réseau électrique en smart grid, plus agile et capable de mieux équilibrer la production et la consommation.
Si ce projet de centre de stockage est symbolique, c’est aussi parce qu’il montre bien l’intérêt que les constructeurs automobiles trouvent dans le marché actuel de l’énergie. A l’instar de Tesla, l’entreprise rivale et source d’inspiration, Mercedes compte bien profiter de la transition énergétique pour se positionner en spécialiste en matière de stockage. Forte de son expertise en matière de batteries électriques, l’entreprise n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai : en 2017, Mercedes avait déjà inauguré un centre de stockage à Hanovre. Le projet, de plus grande envergure, intervenait en milieu urbain et il représentait une capacité de stockage de 17,4 MWh.
Malgré ces deux succès, le duel à distance entre Mercedes et Tesla n’est pas encore à l’avantage du constructeur allemand. Tesla, implanté depuis plus longtemps sur le marché, a déjà réalisé de nombreux projets internationaux, abondamment relayés dans les médias, qui ont permis d’assoir la réputation du spécialiste du stockage. L’entreprise a ainsi développé un projet de batterie de stockage pour les particuliers de 20 kWh, avant d’abandonner finalement l’initiative. Le but était de concurrencer le Powerwall de Tesla avant qu’il ne soit disponible sur le marché européen, mais il s’est avéré que la batterie Mercedes était trop chère et mal adaptée au marché de l’autoconsommation. La batterie domestique de Mercedes a finalement été abandonnée en début d’année 2018. En attendant de rebondir, Mercedes se concentre donc sur les projets industriels.
COMMENTAIRES
“à l’époque, elle produisait 2200 MW par an”. Lenergeek, une production annuelle devrait s’exprimer en MWh ! Toujours le même problème à Lenergeek.
Pas d’info sur le coût du KWh injecté sur le réseau ! Rédhibitoire, je suppose, comparé au prix de marché.