Quelques semaines seulement après avoir signé un accord industriel de coopération en Inde pour la construction de six EPR, réacteurs de 3ème génération, le groupe EDF annonçait mercredi 11 avril 2018 le début de la phase de chargement du combustible dans le premier réacteur nucléaire EPR de Taishan en Chine, une étape essentielle avant sa mise en exploitation. Avec ce premier succès, le groupe énergétique français fait la démonstration de la robustesse de la technologie EPR (considérée comme plus sûre, plus puissante et plus durable), pour renforcer ses positions sur un marché international revigoré.
Le premier réacteur EPR au monde à produire de l’électricité
Si l’EPR (réacteur pressurisé européen), réacteur de troisième génération a connu jusqu’à présent quelques imprévus et retards dans son processus de construction, une première unité devrait enfin entrer en exploitation dans les prochains mois sur le site nucléaire de Taishan, dans la province du Guangdong, dans le sud-est de la Chine. Selon un communiqué de la compagnie China General Nuclear Power (CGN), publié mardi 10 avril 2018 et relayé en France par le groupe EDF, l’autorité chinoise de sûreté nucléaire a autorisé et procédé au chargement du combustible dans le premier des deux réacteurs EPR de la centrale de Taishan. « Depuis quelques heures, les équipes (…) sont en train de charger le combustible à l’intérieur du réacteur et les premières réactions nucléaires pourront débuter rapidement », a déclaré mercredi 11 avril 2018 Jean-Bernard Lévy lors d’une audition à l’Assemblée nationale.
La Commission de sûreté nucléaire a depuis confirmé son feu vert, soulignant que l’EPR chinois serait le premier du monde à entrer en service dans le courant de l’année 2018, une fois les derniers essais de démarrage et la montée en puissance progressive du réacteur réalisés. Cette unité de production a réussi préalablement tous les essais à chaud, consistant à tester les matériels dans des conditions de température et de pression similaires aux conditions d’exploitation. De son côté, l’unité 2 devrait prochainement entamer les phases d’essais (les essais à froid, l’épreuve enceinte et les essais à chaud) pour un raccordement au réseau prévu l’année prochaine.
Une plus grande maîtrise de la technologie EPR
Partenaire à 30% de ce projet aux côtés de la CGN (70%), via la co-entreprise TNP JVC (Taishan Nuclear Power Joint Venture Company), le groupe EDF voit ici le premier des six EPR en construction dans le monde entrer en exploitation. Un pas en avant significatif pour l’industrie nationale. « Cette étape marque un tournant dans l’aventure industrielle de la filière nucléaire française et de son réacteur de référence », a réagi Xavier Ursat, Directeur Exécutif Groupe en charge de la Direction Ingénierie.
Ce premier réacteur EPR a bénéficié tout au long de sa construction des du retour d’expérience du chantier de Flamanville en France et affiche aujourd’hui un niveau de sûreté et une puissante de production (1650 MW) jamais atteints jusqu’ici. Les centaines d’ingénieurs et techniciens français présents sur place depuis le début du chantier ont apporté leur maîtrise et leur expertise dans les domaines de la sûreté, du génie civil, de la mécanique, et ont pris part à l’ensemble des opérations dites « sensibles » (comme celle de la mise sous pression du bâtiment réacteur ou « épreuve enceinte » par exemple). Ce chantier aura également permis d’accumuler une expérience déterminante pour la conduite et la finalisation des autres projets en cours. « L’EPR aujourd’hui est le produit dont nous avons besoin pour notre futur parc », a affirmé Jean Bernard Lévy, PDG d’EDF, précisant que dans un contexte de besoins croissants en énergie bas carbone, un mix énergétique comportant une part significative d’énergies renouvelables intermittentes ne peut pas se passer d’un socle de production capable d’assurer la fiabilité et la performance du système électrique..
Pour une compétitivité accrue à l’international
« L’effet de série » obtenu en mutualisant les retours d’expérience des chantiers permettra, à terme, au groupe nucléaire français de réduire les coûts et les délais de construction pour optimiser la compétitivité de l’EPR sur le marché du nucléaire international. Ce réacteur est aujourd’hui le seul réacteur de troisième génération au monde à avoir obtenu une licence dans quatre pays différents (en France, en Finlande, en Chine et au Royaume-Uni) et le groupe français ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Les progrès réalisés ces dernières années sur le plan industriel séduisent déjà et plusieurs pays, dont l’Inde, ont déjà fait part de leur intérêt pour cette technologie. EDF est actuellement en négociation avec la compagnie indienne Nuclear Power Corp of India Ltd, pour la construction de six EPR à Jaitapur.
Ce nouveau projet pourrait, s’il se concrétise, prendre le relais du chantier chinois de Taishan, aujourd’hui proche de son terme. Le chargement du combustible de l’unité 1 marque en effet par la même occasion le transfert progressif du projet à l’exploitant chinois qui, une fois les deux réacteurs mis en service, assurera lui-même la gestion de cette installation unique au monde.
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