Îlet à Cordes : La Réunion inaugure son premier village solaire

Publié le

Écrit par :

La Rédaction

Temps de lecture: 4 minutes

Alors que La Réunion reste dans une situation de dépendance face aux énergies fossiles (pétrole et charbon), et demeure soumise ...

la_reunion-village_solaire
Îlet à Cordes : La Réunion inaugure son premier village solaire | L'EnerGeek

Alors que La Réunion reste dans une situation de dépendance face aux énergies fossiles (pétrole et charbon), et demeure soumise à une production d’énergie électrique locale de par son contexte insulaire et son statut de zone non interconnectée, certaines initiatives locales permettent aujourd’hui de mettre à profit le fort potentiel en énergies renouvelables dont elle dispose. La Communauté intercommunale des villes solidaires (CIVIS) par exemple a inauguré dans ce cadre, mercredi 13 décembre 2017, le premier « village solaire » de l’île, et mis en évidence une fois de plus, les atouts d’une démarche d’aménagement durable et d’implantation des technologies solaires dans les DROM.

Energie solaire et autonomie énergétique

Mercredi 13 décembre 2017, la Communauté intercommunale des villes solidaires de La Réunion inaugurait son premier village solaire à Îlet à Cordes, dans le cirque de Cilaos, une zone située en bout de réseau, victime de coupures d’électricité régulières et difficilement accessible. Sensibles aux enjeux environnementaux et économiques liés à l’effet de serre (raréfaction des énergies fossiles, contexte insulaire…), la CIVIS et ses élus souhaitaient dans le cadre de ce projet, se positionner en tant que pivots de la mobilisation contre le réchauffement climatique. Elle identifia pour cela plusieurs zones en situation de « précarité énergétique » et engagea un programme d’actions pluriannuelles avec pour objectif de recourir à l’énergie solaire pour tendre vers l’objectif global d’autonomie énergétique, et avoir un impact positif sur la facture d’électricité des foyers.

Le village de l’Îlet à Cordes présentait toutes les caractéristiques pour en bénéficier. Situé à plus de 1000 mètres d’altitude, enclavé et isolé, accessible par une seule route de montagne, à environ 30-40 minutes de la ville de Cilaos, ce village souffre en effet de conditions climatiques défavorables avec des températures en dessous de 10°C en hiver austral, nécessitant plus qu’ailleurs sur l’île, le recours aux chauffe-eaux solaires individuels (CESI).

Le plus lu  Pour Jean-Bernard Lévy, la fin de Fessenheim doit être "exemplaire"

Une aide à l’acquisition de chauffe-eaux solaires

L’objectif de la CIVIS était donc de faciliter l’acquisition de ces CESI en identifiant, via des enquêtes de terrain, les foyers dans le besoin et en accompagnant les familles dans le montage du dossier et le financement individuel de leur équipement. La CIVIS rappelle dans ce cadre qu’un CESI bien dimensionné en fonction de la famille, permet de couvrir au moins 75% des besoins en eau chaude du foyer, et peut-être accompagné d’un système d’appoint électrique temporisé permettant en cas d’intempéries ou de mauvaises conditions météo d’avoir recours à un appoint électrique pour chauffer l’eau.

La production locale d’énergie via ces chauffe-eaux solaires individuels est donc apparue comme « une solution pertinente » pour à la fois « soulager le réseau », et « alléger les charges qui pèsent sur ces foyers en difficultés », explique la CIVIS dans un communiqué. Elle permet en effet de favoriser l’accès aux énergies renouvelables, structurer une stratégie de développement adaptée, soutenir la filière solaire thermique locale, diminuer les situations de précarité énergétique et d’effacer les charges électriques sur le réseau.

Lauréats de l’appel à projets Territoires à Energie Positive pour la Croissance Verte (qui finance ce programme à hauteur de 80%), la CIVIS n’entend d’ailleurs pas s’arrêter en si bon chemin et prévoit d’ores et déjà d’encourager et de soutenir la transformation d’autres villages similaires. Deux autres villages solaires devraient être inaugurés prochainement dans des zones prioritaires (à Saint-Pierre et Saint-Louis par exemple), et la CIVIS étudie actuellement la faisabilité d’un 4ème village solaire dans les hauteurs de la Commune de Petite-Ile. A terme, l’objectif de la CIVIS est d’accompagner au moins un village solaire par commune du territoire en ciblant les quartiers en précarité énergétique et sociale.

Le plus lu  EDF lance la rénovation de la centrale hydroélectrique de Revin

A La Réunion, des microgrids contre l’isolement énergétique

Si ce type d’initiative semble idéal pour alimenter les communautés isolées et intégrer durablement les énergies renouvelables dans le mix énergétique des zones insulaires non interconnectées comme La Réunion, d’autres voient déjà plus grand et tentent de rendre chaque commune autonome en énergie en appliquant au système électrique régional une logique d’accumulation de microgrids coopératifs. Au cœur de l’îlet de la Nouvelle, dans le cirque de Mafate par exemple (zone très connue des randonneurs mais également totalement isolée du réseau d’alimentation électrique), un nouveau microgrid 100% solaire est testé depuis l’été 2017. Mis en œuvre par EDF en tant que facilitateur de la transition énergétique dans les territoires insulaires et la start-up Powidian, ce micro réseau comprend des panneaux solaires couplés à des batteries lithium et un catalyseur permettant de transformer cette énergie en hydrogène, le tout en la stockant pendant une semaine et demi. Il permet ainsi de palier une des principales carences des énergies renouvelables, la difficulté de stockage, et offre aux 310 familles des îlets du cirque de Mafate une électricité propre et stable même en cas de mauvais temps.

En parallèle, un nouveau projet de recherche destiné à démontrer qu’un système de gestion de l’énergie (SGE) centralisé pour le pilotage de micro réseaux peut être efficace à l’échelle de l’île, a été lancé au mois d’octobre 2017. Orchestré par le Laboratoire d’Énergétique, d’Electronique et Procédés (LE2P) de l’université de La Réunion, et financé par la Région et l’Union européenne, ce projet baptisé GYSOMATE (Gestion dYnamique, Supervision et Optimisation de Micro réseaux pour l’Autonomie du Territoire en énergie Électrique), a pour objectif de rendre autonome un bâtiment puis un quartier et répondre à terme aux problématiques liées à l’autoconsommation dans les zones non interconnectées. Ces chercheurs ont acquis pour cela une plateforme de simulation numérique en temps réel de micro réseaux électriques qui leur permet de multiplier les scénarios de production et de consommation.

Le plus lu  L'Asie, nouveau moteur de croissance du secteur photovoltaïque

Crédits photo : CIVIS

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous aimez cet article ? Partagez !

À propos de l'auteur :
La Rédaction

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.