Vous habitez dans une zone coupée du monde ou non interconnectée au réseau électrique national et vous souhaiteriez éviter le recours systématique à votre groupe électrogène énergivore et polluant ? La start-up française Powidian propose désormais une solution clé en main de production décentralisée d’électricité, non polluante et intelligente, fournissant une électricité disponible en permanence à moindre coût. Équipée d’un double système de stockage et d’un logiciel avancé de pilotage, cette station permet de subvenir aux besoins des sites isolés dans le respect de l’environnement et des objectifs de lutte contre le changement climatique. Explications.
Créée en 2014 par Jean-Marie Bourgeais et Pierre Langer, deux anciens membres des groupes Airbus et Matra, la start-up française Powidian a développé la technologie SAGES (Smart Autonomous Green Energy Station), permettant de stocker et de gérer une production isolée d’énergie renouvelable. Si la source d’énergie verte utilisée n’a ici que peu d’importance (SAGES peut fonctionner avec n’importe quelle énergie), le véritable intérêt de cette innovation réside dans le double système de stockage de l’électricité produite permettant un lissage de la consommation à court terme comme à long terme.
Lire aussi : Le stockage de l’énergie en pleine évolution avec Sylfen
“Pour le court terme, nous utilisons des batteries lithium ion, comme une installation photovoltaïque classique, et pour le long terme, sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines, nous mettons en œuvre la chaîne à hydrogène”, explique dans la Tribune Pierre Langer, le président de la société. Une ou plusieurs batteries allant du plus classique (plomb) au plus avancé (lithium-ion, redflow) permettent donc de gérer le stockage à court terme (1 à 2 jours) et de servir de tampon, tandis qu’une chaîne hydrogène intégrée offre un stockage de long terme sans aucune limite. Cette technologie permet en effet de convertir, par l’électrolyse, de l’énergie à source renouvelable en hydrogène. Sous forme d’hydrogène, elle peut être stockée en quantité importante dans un espace restreint (stockage possible en bouteilles, en réservoirs ou sous forme d’hydrures métalliques), puis être reconvertie en énergie en l’absence prolongée de soleil ou de vent par exemple. “Cette possibilité de stocker l’énergie verte rend l’autosuffisance, à toute échelle, réellement atteignable“, plaide Pierre Langer.
La capacité hybride de ces stations permet également d’utiliser des sources multiples d’énergie (solaire, hydraulique, vent, bio diesel…) sur un même site et de tirer profit au mieux de la situation géographique du site concerné. Ces stations sont dotées d’un système de gestion numérique et intelligent permettant l’auto-apprentissage, la supervision, la reconfiguration et l’amélioration du système en temps réel pour optimiser la disponibilité et la fiabilité d’énergie.
“Nos logiciels calibrent la station en fonction des situations et optimisent la production d’énergie. Selon votre localisation, votre profil de consommation, vos contraintes de poids, de volume, d’emplacement ou d’environnement, notre configurateur avancé définit la solution clé en main la meilleure permettant de choisir les équipements les plus adaptés”, explique le groupe sur son site internet.
Plus cher qu’un groupe électrogène, le type de solution développé par Powidian s’avère néanmoins particulièrement adapté aux sites isolés ou raccordés à un réseau électrique de mauvaise qualité, et offre une véritable alternative aux générateurs thermiques très pollueurs.
“Nous sommes aujourd’hui plus chers à l’achat qu’un générateur diesel, mais moins chers en exploitation car, une fois la station installée, l’énergie est gratuite, il n’y a pas besoin de réapprovisionnements en fioul et une seule maintenance par an suffit”, affirme Pierre Langer. Le groupe promet dans ce cadre un retour sur investissement dans les deux années suivant l’installation.
Si la technologie SAGES proposée actuellement ne dépasse pas 200 KW de puissance (soit une puissance suffisante pour approvisionner un particulier ou un gîte touristique de haute montagne mais pas plus), les fondateurs de Powidian travaillent d’ores et déjà sur un modèle allant jusqu’à 500 KW. Une telle puissance permettrait alors d’alimenter en énergie renouvelable et de façon totalement autonome, des villages isolés, des hôpitaux ou des zones insulaires exclues du réseau électrique classique comme les territoires d’Outre-mer.
Lire aussi : Projet Pégase : la Réunion avance dans la transition énergétique
Déjà retenu pour équiper le refuge du col du Palet, dans la Vanoise, Powidian est en cours d’expérimentation depuis fin avril 2017, à la demande du groupe EDF SEI, à la Réunion dans le cirque de Mafate. Le raccordement au réseau électrique y étant impossible, cette technologie permet d’alimenter des bâtiments publics et une soixantaine de foyers habitant la zone. Ainsi, en dehors des heures de production solaire et en cas de jours nuageux, des batteries ainsi qu’une pile à combustible alimentée avec de l’hydrogène prendront le relais. D’autres applications sont également possibles et concernent aussi bien les stations relais radio professionnelle (PMR) que les zones protégées, les parcs nationaux, les postes de contrôle aux frontières, les bases GSM / 4G / LTE, les camps militaires, ou les centres de recherche.
Crédits photo : Powidian