Alors qu’on la jugeait peu attrayante il y a encore quelques années, la méthanisation revient sur le devant de la scène avec un nouveau modèle énergétique : la micro-méthanisation. Plus petites, plus agiles et moins coûteuses, ces unités de production modestes commencent à séduire de plus en plus de clients, en particulier des agriculteurs mais aussi les investisseurs d’éco-quartiers citadins qui souhaitent développer de nouvelles sources d’énergie verte. La moins glamour des énergies renouvelables a peut-être trouvé là un moyen de s’imposer comme une alternative fiable avec laquelle il faudra compter dans le mix énergétique de demain.
La méthanisation, source d’énergie renouvelable
Moins connue du grand public que le solaire ou l’éolien, la méthanisation fait pourtant elle aussi partie de la famille des énergies renouvelables. Son principe ne consiste pas à exploiter une ressource présente dans la nature mais les déchets produits par l’activité humaine. S’inscrivant dans une démarche de développement durable, elle permet de valoriser les déchets organiques pour les transformer en source d’énergie. Le processus consiste à récolter ces déchets organiques dans une cuve puis à accélérer leur dégradation naturelle, qui elle-même produit du biogaz, utilisable comme un gaz naturel pour l’énergie ou le chauffage. Pourtant, la méthanisation peine à s’affirmer comme source énergétique. Bien qu’elle soit promue par l’ADEME, ce n’est que récemment, avec le modèle de la micro-méthanisation, qu’elle a réussi à attirer l’attention.
La micro-méthanisation désigne des unités de production dont la puissance est inférieure à 80 kW. Jusqu’à récemment, la taille modeste de ces unités de méthanisation rendait leur rentabilité difficile. Mais tout a changé en décembre 2016, lorsque la France a adopté de nouvelles règles pour le rachat de l’électricité issue de la méthanisation. Avec un tarif affiché à 0,175 €/kWh pour les petites unités de production, la micro-méthanisation est soudain devenue plus intéressante. Le cadre légal français stipule aussi qu’une prime de 0,05€/kWh peut être ajoutée au tarif de base si l’exploitant valorise au moins 60% des effluents de son exploitation. Plus facile à amortir, l’investissement est devenu séduisant et il s’inscrit désormais dans une logique locale d’auto-consommation qui attire surtout les exploitants agricoles.
La micro-méthanisation des champs…
Le développement d’unités de méthanisation dans les fermes n’a rien de nouveau : cette logique s’est imposée en Allemagne depuis une demi-douzaine d’années. Les agriculteurs sont le public idéal pour cibler le développement de la méthanisation : ils disposent de déchets organiques en grande quantité et sont potentiellement intéressés par le fait de gagner en indépendance énergétique. Mais jusqu’à récemment, les coûts de l’installation ont toujours rebuté les agriculteurs français. Depuis le début d’année 2017, cette source d’énergie a bénéficié de deux facteurs importants pour soutenir son déploiement sur le territoire français. En premier lieu, la redéfinition des tarifs de rachat de l’électricité a permis de rassurer les investisseurs potentiels. Mais surtout, la technologie de la micro-méthanisation offre des perspectives intéressantes. Les éléments de la station de micro-méthanisation sont montés en usine ; l’assemblage chez l’agriculteur ne prend donc pas plus d’une semaine. Pour un budget à partir de 220 000 euros, un agriculteur peut faire installer sur son exploitation une station de 22 kW de puissance.
En France, cette alternative énergétique rencontre déjà un beau succès, particulièrement en Bretagne où une station a été inaugurée l’été dernier dans une exploitation, et où une dizaine d’autres projets sont déjà prévus. Les producteurs voient dans la micro-méthanisation un moyen de diversifier leur activité tout en investissant sur une unité de production d’énergie à un coût raisonnable.
… et celle des villes
Mais la micro-méthanisation pourrait aussi franchir les limites de l’espace urbain dans les années à venir. Plusieurs entreprises planchent ainsi sur des digesteurs plus petits, des stations de micro-méthanisation qui seraient adaptées aux espaces urbains pour le traitement des déchets organiques et qui pourraient être directement branchées sur les réseaux de gaz. En Grande-Bretagne, l’entreprise Homebiogas a ainsi mis au point un micro-méthaniseur domestique très peu encombrant qu’on peut facilement installer dans un jardin citadin. Pour l’alimenter, il faut compter six litres de déchets alimentaires par jour. A l’arrivée, la petite unité fournit un biogaz qu’on peut utiliser dans la cuisine ou pour le chauffage de la maison. Commercialisé depuis 2015, le micro-méthaniseur a déjà été déployé dans quelques éco-quartiers tests en Grande-Bretagne et il a aussi été vendu dans plusieurs pays étrangers. Un autre modèle comparable est également commercialisé au Portugal.
En France toutefois, la micro-méthanisation n’en est pas encore à s’installer dans les villes. Le frein principal concerne notamment le cadre légal. Car si le développement des énergies renouvelables est toujours défendu par le gouvernement français, la loi reste pour l’instant très floue en ce qui concerne le micro-méthanisation en zone urbaine. Pour que des unités de production de biogaz soient installées dans les villes, il faudra d’abord que le cadre légal le permette. Enfin, il faudra envisager un nouveau modèle de distribution de l’énergie capable d’intégrer ces unités de production locales.
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