Vague de froid : RTE prévoit des mesures exceptionnelles mais pas de black-out - L'EnerGeek

Vague de froid : RTE prévoit des mesures exceptionnelles mais pas de black-out

électricité AIE WEO

La France devrait connaître dès demain des températures particulièrement basses provoquant une forte hausse de la consommation de courant, alors que de nombreux foyers dans l’Hexagone se chauffent à l’électricité. Une situation tendue pour notre réseau d’approvisionnement électrique et pour laquelle le groupe EDF et sa filiale RTE ont prévu toute une série de mesures d’économie d’énergie. Si des efforts sont demandés aux usagers, aucune panne de courant ne devrait être à déplorer.

Le difficile équilibre entre l’offre et la demande

Avec des températures pouvant aller de -5° à -15° cette semaine, la consommation d’électricité devrait bondir dans les foyers français, fortement équipés en chauffages électriques. Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE), filiale d’EDF, a confirmé le 13 janvier dernier s’attendre à atteindre des sommets dans les prochains jours, la consommation nationale d’électricité, régulièrement supérieure à 90.000 MW durant la saison hivernale, pouvant cette fois-ci dépasser les 102.000 MW.

Rappelons que si la France dispose bien d’un parc de production électrique de plus de 129 GW, tous les moyens de production ne sont pas disponibles à l’instant t. Plus de 1.200 MW de capacités de production thermique (charbon, fioul, gaz), utilisés habituellement en période de pointe, ont été fermés ces derniers mois, et la production des filières renouvelables est au plus bas. Les niveaux d’eau sont historiquement bas dans les barrages hydroélectriques et la production solaire et éolienne est encore largement insuffisante pour prendre le relais.

En matière d’énergie nucléaire (qui représente les trois quarts de notre production d’électricité), l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a déjà validé le redémarrage de 9 des 12 réacteurs à l’arrêt pour cause de contrôle de sûreté, alors que l’activité de trois réacteurs reste toujours en suspens. Le groupe EDF a donc demandé, par mesure de précaution, de reporter de deux semaines l’arrêt d’un réacteur nucléaire qui était programmé la semaine prochaine. Dans une note publié le 12 janvier dernier sur son site internet, “l’ASN a considéré ce report comme acceptable au regard de la sûreté et a fixé au 3 février 2017 l’échéance des contrôles” pour le réacteur Tricastin 2. Elle prendra prochainement position concernant une demande similaire effectuée pour le réacteur Civaux 1.

Lire aussi : Contrôle de sûreté : l’ASN autorise le redémarrage de 9 réacteurs nucléaires sur 12

Malgré tout, le groupe RTE, qui gère le réseau depuis son Centre national d’exploitation du système de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), se doit de prévoir tous les scénarios possibles afin de faire face à une éventuelle pénurie d’électricité. Il a donc annoncé le déclenchement, dès mardi, d’une partie des mesures exceptionnelles prévues dans le cas de grandes vagues de froid, tout en précisant qu’à ce stade, aucune coupure de courant n’était programmée. Le ministère de l’Energie a réuni vendredi matin les opérateurs pour coordonner une action d’information à destination des ménages. Une alerte devrait être diffusée la veille pour le lendemain à destination des consommateurs afin de les inciter à diminuer leur consommation d’électricité pendant les heures de pointe (entre 18h et 20h par exemple).

Des gestes simples pour réduire sa consommation

Les économies d’énergies sont le premier levier sur lequel le gestionnaire entend agir dans ce contexte en recommandant aux consommateurs de modifier à la marge leurs habitudes de consommation et d’adopter des gestes simples, économes en énergie et durables. RTE, en partenariat avec le gouvernement et Enedis, conseille ainsi de bien éteindre la lumière dans les pièces inoccupées, de débrancher les appareils en veille inutile, de réduire la luminosité des écrans d’ordinateurs, et de limiter la consommation d’électricité lors des périodes de pointe en évitant le cumul d’appareils électriques. Cette mesure de consommation différée, simple à mettre en pratique, peut même s’avérer fort économique an cas d’utilisation des appareils les plus énergivores pendant les heures creuses.

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Il est également inutile de pousser trop fort son radiateur. Lorsque le froid se fait sentir à l’extérieur, nous avons tous tendance à vouloir augmenter le chauffage alors que cette pratique est aussi énergivore que superflue. Pour garder un intérieur confortable, une température de 19°C dans les pièces à vivre et de 17°C dans les chambres est suffisante. Il est enfin conseillé de bien vérifier l’isolation de son logement et de l’optimiser par des gestes simples comme la fermeture quotidienne des volets (la nuit et ou en cas d’absence) afin d’empêcher la chaleur de s’échapper. Au total, le gestionnaire estime qu’en cas de mobilisation réussie, l’ensemble de ces pratiques peut permettre de réduire la consommation d’électricité nationale de 2 à 3.000 MW minimum.

Importation et effacement, des moyens d’exception

Cela étant, si ces recommandations s’avéraient insuffisantes, RTE dispose d’autres moyens d’action pour compenser une production nationale trop faible. Le gestionnaire du réseau est responsable de l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité et travaille pour cela en collaboration avec les fournisseurs d’électricité et les clients. Les besoins en électricité sont anticipés plusieurs mois à l’avance permettant ainsi de réguler la production à la baisse ou à la hausse en fonction des saisons. En cas de baisse de la production prolongée et handicapante, RTE met profit tout le potentiel du mix énergétique tricolore, mais peut également être amené à avoir recours à l’importation ou à l’effacement.

La France est de manière générale exportatrice d’électricité auprès de ses voisins européens mais peut en cas de besoin acheter de l’électricité sur le marché de l’Union. A titre indicatif, notre pays importait environ 7.000 MW ces jours-ci pour faire face aux besoins du réseau, sachant que la capacité totale des importations que peuvent supporter les infrastructures s’élève à 12.200 MW.

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Autre levier disponible, les offres d’effacement développées pour rendre les consommations plus efficaces et respectueuses de l’environnement, laissent également une marge de manœuvre aux fournisseurs qui peuvent négocier avec certains industriels ou particuliers des périodes de consommation limitée en échange de conditions tarifaires avantageuses. Dans un premier temps, 21 sites industriels volontaires (soit une capacité d’environ 1,5 GW) pourraient être appelés à arrêter leur activité le temps de passer un pic de consommation, en échange d’une rémunération (jusqu’à 70.000 euros le mégawatt interruptible).

Aucun risque de black-out, selon RTE

RTE peut enfin décider de baisser de 5 % la tension électrique sur les réseaux de distribution, provoquant ainsi une baisse de l’efficacité et du rendement de certains appareils électriques sans pour autant empêcher leur utilisation. En dernier recours, RTE peut également réaliser des délestages programmés. Il s’agit ici de coupures contrôlées de l’électricité dans certaines zones du réseau pouvant durer près de deux heures et permettant d’éviter les risques de black-out.

Crédits photo : RTE

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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