En plein développement, les différentes techniques de captage ou de purification des émissions de gaz à effet de serre permettent déjà de réduire de manière significative la teneur en carbone des fumées industrielles. Une évolution positive mais encore insuffisante au regard de l’urgence des enjeux climatiques. Pour accélérer ce processus, le groupe canadien Carbon Engineering propose aujourd’hui d’aspirer et de revaloriser énergétiquement le gaz carbonique présent dans l’atmosphère.
Recycler et revaloriser le gaz carbonique
Si les processus de captage de CO2 sont aujourd’hui bien connus, le groupe Carbon Engineering va plus loin et entend recycler et revaloriser énergétiquement le CO2 de l’atmosphère grâce à des ventilateurs géants. Le projet pilote développé à Squamish dans la province de Colombie-Britannique à l’ouest du Canada, permet pour cela d’aspirer, de filtrer et de purifier le CO2 avant de le transformer en un combustible synthétique exploitable.
Baptisée Air Capture, cette machine est composée de dizaines de ventilateurs géants destinés à la capture du CO2, d’un contacteur d’air produisant une solution liquide riche en CO2, et d’un système de régénération permettant le rejet d’un CO2 pur. Ce flux de CO2 pur peut par la suite être vendu et utilisé dans des applications industrielles ou simplement séquestré de manière permanente.
L’ensemble du dispositif nécessite bien sûr une source d’énergie pour fonctionner, et la société privilégie les énergies peu émettrices comme le gaz naturel, l’énergie solaire concentrée, ou le nucléaire. Dans tous las, l’énergie sera générée sur place de sorte que les émissions éventuelles puissent être capturées et purifiées à leur tour par Air Capture.
Comme l’explique à l’AFP Adrian Corless, le PDG de la société, « il est maintenant possible de prendre le CO2 de l’atmosphère et de l’utiliser comme un combustible qui, combiné à l’hydrogène, produit une énergie zéro émission ». En plus d’être entièrement écologique, ce nouveau type de combustible peut s’utiliser dans les anciens systèmes de production d’énergie. Il ne sera donc pas nécessaire, selon Corless, de modifier les 30 milliards d’infrastructures consacrées à la production des énergies fossiles.
Un atout majeur dans la lutte contre le changement climatique
La machine Air Capture a déjà aspiré plus de dix tonnes de CO2 en l’espace de seulement cinq mois et pourrait, à grande échelle, absorber les émissions créées par plus de 300.000 voitures. Cette nouvelle technologie représente donc une avancée majeure dans l’exploitation durable des combustibles fossiles, mais pas seulement. Aspirant le CO2 directement dans l’atmosphère et non pas en sortie de cheminées, l’innovation de Carbon Engineering permet en outre de cibler les sources d’émissions au sens large (industries et transports).
« Ce que les hommes devraient faire, c’est soit ne pas utiliser les combustibles fossiles, soit bien l’utiliser et capturer le gaz carbonique pour qu’il ne se répande pas dans l’atmosphère ; et cette entreprise fait les deux », s’est réjoui Mark Jaccard, professeur en énergies renouvelables à l’université Fraser de Vancouver.
Fondée en 2009 par David Keith, climatologue reconnu et professeur à l’université de Harvard, la société Carbon Engineering a déjà reçu de nombreuses subventions publiques ainsi que le soutien financier d’investisseurs privés dont le milliardaire américain Bill Gates. La société envisage de lancer sa première usine en 2017 pour un coût total de 200 millions de dollars. « Nous devrions être en mesure de vendre du combustible synthétique dès 2018 » conclut Adrian Corless.
Crédits photo : Carbon Engineering
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