Un groupe d’associations européennes, représentant des acteurs du photovoltaïque et des énergies renouvelables, a interpelé la Commission européenne sur le manque de prise en compte de la spécificité de sa production intermittente. Elles s’insurgent notamment contre les prix négatifs et les délestages de centrales solaires (alors que des centrales au charbon continue de tourner).
Un groupe de 19 associations européennes représentant l’énergie photovoltaïque et renouvelable (16 associations nationales, 3 à portée européenne) ont adresse, ce 1er août 2023, une lettre à la commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson, pour l’alerter sur le manque de prise en compte des spécificités du photovoltaïque par certains États membres, conduisant à d’importants gaspillages.
« Alors que 2023 constituera probablement un autre été record pour la production solaire », les problèmes liés aux réseaux électriques, le manque de flexibilité du système et la volatilité des prix ont un impact négatif sur les projets de ce secteur, écrivent les associations.
« Les crises énergétique et climatique nécessitent que nous augmentions les taux de déploiement de l’énergie solaire à des niveaux sans précédent. Plus que jamais, il est nécessaire de prendre des mesures pour accélérer la croissance du solaire et réduire le gaspillage énergétique », ajoutent-elles.
Premier grief, sans doute le plus crucial : en cas de faible consommation et de forte production photovoltaïque, il peut arriver que des centrales solaires soient déconnectées du réseau afin d’assurer la stabilité du réseau électrique, alors même que des centrales au charbon continuent de tourner, car elles assurent la charge de base, la quantité minimale d’énergie constamment requise pour répondre à la demande.
Ce genre de situation s’est rencontrée cette année dans les pays de l’Est, en particulier en Tchéquie ou en Pologne. « En raison de la dépendance à l’égard de la “charge de base” et du manque de flexibilité des systèmes propres, on utilise du charbon très polluant et on gaspille de l’énergie solaire peu coûteuse », pointent les associations.
Autre souci : la volatilité des prix. Le marché de l’électricité connaît une hausse globale de cette volatilité, ce qui se traduit par des prix négatifs de plus en plus fréquents, alternant avec des pics de prix. Cette situation d’incertitude est difficilement compatible avec les besoins d’investissement des renouvelables intermittents, et risque de freiner leur développement.
Plusieurs solutions possibles à ces problèmes ont été proposées par une loi européenne sur le développement des renouvelables de 2018, mais son application reste défaillante dans de nombreux pays.
Les 19 associations proposent une batterie de réponses à ces problématiques :
Pour ce dernier point, les associations mettent plusieurs options sur le tapis, comme la mise en place de contrats d’écart compensatoires (Contract for Difference, CfD), qui garantissent un minimum de revenus à une centrale électrique, notamment photovoltaïque. Les professionnels du secteur sont en revanche opposés à la prolongation d’un plafond de prix sur la production électrique.