Durant le Swiss Economic Forum, le 9 juin 2023, le patron du géant énergétique suisse Glencore, Gary Nagle, a défendu son choix de poursuivre l’exploitation de ses mines de charbon jusqu’à épuisement. Malgré la nécessité de décarboner les activités humaines, qu’il reconnaît, il estime que « le monde a encore besoin de charbon ».
Pour le patron de Glencore, « le monde a encore besoin de charbon »
Sous le feu des critiques et mis en question par un tiers de ses actionnaires pour son inaction climatique, le géant énergétique suisse Glencore persiste et signe : il défend l’exploitation du charbon, et a bien l’intention d’exploiter toutes ses mines jusqu’à ce qu’elles arrivent à épuisement.
Durant le Swiss Economic Forum, le 9 juin 2023, son patron Gary Nagle l’a affirmé avec force, assumant, contrairement à certains de ses concurrents (Rio Tinto ou Anglo American ont décidé de se désengager du charbon), son choix de continuer à miser sur ce combustible fossile.
« Nous voulons que le monde se décarbone. C’est la bonne chose à faire. Mais nous ne pouvons pas échapper à la réalité qui est que le monde a toujours besoin d’énergie, en particulier dans les nations en développement qui sont très dépendantes des énergies fossiles. Nos activités dans le charbon vont dans ce sens », a-t-il asséné.
« Nos actionnaires sont très à l’aise avec l’idée que Glencore conserve son charbon », a-t-il ajouté. Une majorité des actionnaires, probablement, mais pas tous : lors de la dernière assemblée de la firme, un groupe d’actionnaires, rassemblant notamment les sociétés de gestion d’actifs britanniques Legal & General Investment Management et HSBC Asset Management, avait déposé une motion pour demander des explications à la direction de Glencore sur sa stratégie dans le charbon.
Pour obtenir le droit d’entamer des discussions avec l’entreprise, la motion devait obtenir au moins 20 % des votes des actionnaires à l’assemblée générale. Elle en a recueilli 29,2 %, imposant à Gary Nagle d’entendre les doléances et interrogations de ces actionnaires dissidents.
Le charbon, un incontournable de la production électrique des pays émergents
Cette question de la place du charbon dans la stratégie énergétique mondiale a récemment été analysé par Jean-Jacques Nieuviaert, président de la Société d’Etudes et de Prospective Energétique (SEPE), via une tribune en deux parties pour Le Monde de l’Energie.
Il y défend l’idée que, pour de nombreux pays émergents, le charbon restera pour longtemps la source d’approvisionnement électrique privilégiée pour stabiliser leur réseau électrique (quand bien même ils développeraient largement les renouvelables intermittents). Le charbon a pour lui un tarif abordable et une présence bien répartie sur le globe, qui fait que la plupart des pays s’appuient sur leurs réserves nationales, et ne dépendent donc pas d’approvisionnements étrangers pour se fournir en combustible.
Ce double avantage conséquent sur le gaz fossile rend le charbon incontournable pour les pays qui ne disposent pas d’un important potentiel hydro-électrique, n’ont pas les moyens ou la stabilité politique d’investir dans du nucléaire, et ne veulent pas dépendre des marchés mondiaux du gaz fossile.
Au plus fort de la crise gazière, à l’été 2022, de nombreux pays (Inde, Pakistan, Bangladesh, Indonésie…), privés de GNL capté par l’Union européenne à prix d’or, ont ainsi eu recours au charbon pour compenser l’arrêt forcé de leurs centrales au gaz.