Au Vietnam, le gouvernement a enfin présenté, le 16 mai 2023, son plan climat, censé permettre au pays d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Sur le front de l’électricité, il vise une réduction de l’usage des centrales à charbon. L’exécutif ne délivrera pas de nouvelles autorisations pour de nouvelles centrales, interdira toute nouvelle construction après 2030, et mettra un terme à l’utilisation de cette énergie en 2050. Le plan est très critiqué pour son manque de réalisme oud’ambition climatique.
Vietnam : le gouvernement dévoile enfin son plan climat pour 2030, et fixe la fin du charbon pour 2050
En 2021, lors de la COP26, le Vietnam a indiqué qu’il adoptait l’objectif de neutralité carbone à horizon 2050, et qu’il s’engageait à mettre rapidement sur pieds un ambitieux plan climat pour décarboner le pays d’ici 2030, avec des investissements estimés à 135 milliards de dollars.
Mais le projet s’est rapidement enlisé, le gouvernement semblant manquer de motivation pour aboutir rapidement à un accord, provoquant de nombreuses accusations d’inaction climatique. Il aura fallu près de deux ans et de nombreuses modifications pour voir le plan présenté, ce 16 mai 2023, par le gouvernement. Sans éteindre les critiques.
Sur le volet de l’électricité, le « Plan 8 de développement énergétique » prévoit ainsi que, « d’ici à 2030, seuls les projets d’exploitation de charbon déjà approuvés ou en cours de construction pourront être finalisés ». Au-delà de 2030, le pays interdira toute construction de nouvelles centrales à charbon , pour une sortie totale de cet hydrocarbure en 2050.
Si cette décision devrait limiter grandement l’extension de cette source d’énergie, la plus émettrice de CO2 de tous les combustibles fossiles, avec une part dans l’électricité consommée qui devrait tomber de 50 % en 2022 à 20 % en 2030 (compte tenu de la hausse importante de la consommation), elle est aussi critiquée pour son manque d’ambition.
En effet, le nombre de projets déjà validés ou en construction « va accroître considérablement les capacités de production d’électricité à partir du charbon du pays, et sera une entrave au développement des énergies renouvelables », pointe pour l’AFP un analyste du secteur énergétique de Trend Asia, Andri Prasetiyo.
L’ammoniaque comme source d’électricité ne convainc pas
Les méthodes de transition interrogent également. Continuer de s’appuyer sur le gaz ne réduira pas assez les émissions de gaz à effet de serre du pays, dénoncent les activistes climatiques. Surtout, l’objectif gouvernemental de sortie du charbon (et du gaz) pour la production électrique en 2050 s’appuie sur le développement une production « à zéro émission » à partir de « la biomasse ou l’ammoniaque ».
De quoi faire s’étrangler les experts climatiques, car les financements pour une telle transition devront être considérables. De plus, selon Andri Prasetiyo, « l’ammoniaque n’est pas une alternative réaliste et viable ».
Du coté des renouvelables, le pays entend continuer de développer ses capacités photovoltaïques, avec un objectif de 8,5 % d’énergie solaire dans le mix électrique en 2030, et 50 % des logements et bureaux équipés de panneaux photovoltaïques.
La mesure semble réaliste, le pays ayant une vraie culture du solaire (classé au 10ème rang mondial pour la capacité photovoltaïque installée), et un potentiel considérable en la matière. Andri Prasetiyo critique toutefois l’incapacité du solaire à faire face aux pics de consommation : si le défaut est réel, il présente peu de risque à horizon 2030, avec une large part de l’électricité produite à partir de charbon, de gaz ou de biomasse, des technologies 100 % pilotables.
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