La visite du président de la République Emmanuel Macron à Dunkerque, ce 12 mai 2023, a permis d’officialiser deux projets complémentaires dans la ville : l’implantation d’une usine de batteries de véhicules électriques par le taïwanais ProLogium et la création d’un site de production de « matériaux de cathodes pour les batteries lithium » cogéré par le français Orano et le chinois XTC. Les quatre usines de batteries de véhicules électriques prévues ou en construction en France sont toutes implantés dans les Hauts-de-France, et particulièrement dans l’ancien Nord-Pas-de-Calais.
En pleine tournée sur le thème de la réindustrialisation de la France, en particulier dans les technologies liées à la transition énergétique, le président de la République, Emmanuel Macron, s’est rendu à Dunkerque, ce 12 mai 2023. Une visite plus que symbolique, car elle a permis d’officialiser deux projets complémentaires sur les batteries de véhicules électriques, renforçant le leadership des Hauts-de-France sur les usines de ce type.
Le 9 mai 2023, le groupe taïwanais ProLogium avait en effet confirmé une information révélée la veille : il a choisi le port de Dunkerque pour implanter sa première usine hors de Taïwan, qui devrait fabriquer d’ici la fin de l’année 2026 des batteries « solides » de véhicules électriques. L’investissement total d’ici 2030 est évalué par le groupe à 5,2 milliards d’euros : il générerait 3 000 emplois dans l’usine et 12 000 emplois indirects pour le territoire.
Les batteries solides doivent pallier certaines limites des batteries Lithium-Ion actuelles: plus d’autonomie, plus de sécurité, moins d’incendies, une charge plus rapide. A terme, l’usine devrait pouvoir « équiper 500 000 à 750 000 véhicules électriques par an ». En s’appuyant sur les chiffres de 2022 (1,529 million de voitures neuves vendues), cela représenterait entre 32,7 % et 49 % du marché français. Mais l’usine serait bien entendue pensée aussi pour l’exportation.
Le Président de la République a annoncé lui-même le second projet, en indicant que l’exécutif venait « de signer avec XTC et Orano la production de matériaux de cathodes pour les batteries lithium », pour un projet à « 1,5 milliard d’euros pour 1 700 emplois ».
Ce site de production s’installerait lui aussi sur le port de Dunkerque, à proximité de l’usine de ProLogium, qu’il fournira en équipements-clés pour les batteries. Si le chinois XTC New Energy Materials est un spécialiste de ce secteur, Orano débute dans ces technologies, que la Chine domine outrageusement.
La France a donc choisi d’en passer par une coentreprise sur son territoire avec un groupe chinois, pour maîtriser à terme la chaîne d’approvisionnement complète. Une stratégie qui rappelle justement celle de la Chine, qui a imposé la création de nombreuses coentreprises automobiles avec des constructeurs européens pour leur permettre de s’implanter sur son marché.
« Avant la fin de la décennie, on aura plus de 20 000 emplois nouveaux sur le bassin du Dunkerquois. On va mettre le paquet sur les compétences et la formation, c’est la mère des batailles », s’est satisfait le Président de la République.
L’usine de ProLogium est la quatrième dédiée aux batteries de véhicules électriques à être lancé en France, et toutes sont situées dans les Hauts-de-France, qui n’a jamais aussi bien mérité son surnom de « Sillicon Valley » des batteries. Plus spécifiquement, ces usines seront toutes installées dans l’ancien Nord-Pas-de-Calais.
La plus avancée est la mega-factory d’ACC, la coentreprise de Stellantis, Mercedes et TotalEnergies, qui se rêve en « Airbus des batteries ». Située à Douvrin près de Lens (Pas-de-Calais), à proximité de l’usine Stellantis locale, elle devrait commencer à produire « des cellules et des modules de batteries lithium-ion » durant le second semestre 2023, avec l’ouverture de son premier bloc de production, d’une capacité annuelle de 13,4 GWh.
D’ici 2030, deux autres blocs devraient être mis en service, portant sa capacité de production à 40 GWh. Un quatrième bloc est également envisageable.
Les deux autres projets ont été annoncé beaucoup plus récemment, et devrait démarrer leur production à horizon 2025, majoritairement pour le groupe Renault : elles seront construites et opérées par le groupe sino-japonais AESC-Envision à Douai (Nord) et par la start-up grenobloise Verkor à Dunkerque.